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lundi, 29 mai 2023

Pourquoi les Indiens n'aiment pas payer le mardi

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Quand ma mère vient me voir en Inde, elle a la générosité de penser à mon employée de maison et à lui apporter un petit quelque chose – un vêtement, une eau de toilette etc. et elle lui fait vraiment plaisir. La dernière fois, mon père a en plus proposé de lui laisser un pourboire, suggestion qui a horrifié ma mère. Comme si notre employée pouvait se sentir insultée ou du moins gênée par ce geste. J’ai alors expliqué qu’en Inde, tout se monnaye, les gens ont l’habitude de lâcher des billets à droite à gauche pour service rendu et donner un pourboire n’offusquerait personne, bien au contraire. (Ce que les Occidentaux appellent « corruption », à savoir payer pour des services normalement gratuits ou moins chers que ce qu’on rémunère, est rampante en Inde et quasi institutionnalisée puisque cela arrange presque tout le monde de pouvoir payer pour obtenir des avantages, selon ses moyens.) Par ailleurs, nous tombons souvent juste avec nos cadeaux mais c’est de la chance. Autrement, elle pourrait bien les revendre. Car ce dont elle a vraiment besoin, c’est de cash. L'attitude de ma mère reflète peut-être un comportement un peu général des Français, si on en croit le barman d'une boîte de nuit de Mumbai, qui s'en prit à moi : « Vous les Français vous ne laissez jamais de pourboire ! »

Quelques semaines plus tard, sur les routes européennes, mon Indien préféré, mon fils et moi-même nous arrêtâmes pour faire du kayak. Au bord de la plage, il trouva une location (tenue par des Indiens) pour quinze euros par personne. Je partis un peu plus sur une route assez raide trouver une entreprise qui avait de biens meilleurs kayaks me semblait-il. Le prix était de vingt euros mais gratuit pour l’enfant. À la seule évocation du terme « gratuit », mon Indien préféré partit chercher le kayak que j’avais sélectionné. En descendant les 500 mètres de pente chargé d’un monstre de plus de quatre-vingt kilos, il me maudit copieusement ainsi que son attitude à sauter à la première offre.

Ce n’est pas que les Indiens veulent nécessairement du « moins cher », ils veulent se sentir privilégiés. Et ça arrive quand on leur donne une ristourne ou un truc gratuit. D’ailleurs, en Inde, tous les produits (hormis ceux vendus en vrac) sont étiquetés du MRP (Maximum Retail Price ou Prix de Vente au Détail Maximum). Un sac de croquette lambda coûte ainsi le même prix dans un supermarché de centre-ville que dans un petit magasin de campagne. Après, libre au vendeur de réduire sa marge et d’accepter de négocier le prix. (Apparemment, l’objectif du MRP est de protéger les consommateurs contre les pratiques de tarification injustes et d’assurer la transparence dans la vente des biens. L’interdiction française (et dans la plupart des pays du monde) de fixer les prix repose au contraire sur libre concurrence et la responsabilité des acteurs du marché, tout en garantissant la protection des consommateurs contre les pratiques abusives par d’autres mécanismes juridiques et réglementaires.

On peut dire que, globalement, les Français :

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lundi, 28 novembre 2022

Chronique d’une Parisienne qui quitte Delhi pour Goa – 4. Débarquer à Goa

A l’arrivée, nous attendait un appart un peu sale et pas grand-chose d’autre. Nous sortîmes prendre le petit-déjeuner et nous primes le soir l’apéro au bord de la mer, le tout dans une ambiance vacances. Le lendemain, je pris l’avion pour la France, laissant mon Indien préféré se débrouiller avec l’internet, l’école et les déménageurs – notamment en leur éclairant le chemin car les camions ne peuvent pas prendre toutes les routes à Goa. Il fit tout ça très bien pendant les dix jours de mon déplacement. Et je rentrai éclatée mais heureuse de retrouver ma famille, un appartement petit mais lumineux et aéré. Nous avons en plus deux paires de voisins qui, comme nous, ont quitté une mégalopole et ont des filles de l’âge de Petit samourai.

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Vint ensuite le temps de trouver des activités. Et là, surprise, il y a pléthore, bien plus qu’à Gurgaon. Sports et arts sont à portée de main ! 

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Pour moi-même j’ai trouvé un cours de yoga aérien, l’endroit où ma prof de Gurgaon a été formée. J’ai été un peu ambitieuse et le cours de niveau 2 m’a laissée en larmes. Dès que mes bleus disparaissent, je tente le niveau 1… Je caresse même l’idée d’acheter un vélo et d’y aller en pédalant. Ça ne me prendrait qu’une petite heure !

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Nous connaissons déjà quelques personnes à Goa, d’avant. Nous avons voulu en rencontrer de nouvelles et avons profité d’une fête d’anniversaire d’un camarade de notre fils. Comme j’ai été contente d’y trouver deux mères qui venaient de Delhi – qui eut cru que je dise jamais ça ! (Dans le reste de l’Inde, les delhiites ont mauvaise réputation, un peu comme les parisiens, mais en pire…) Me refaire des amis va demander un peu d’efforts, même s’il y a une grosse communauté d’étrangers qui vivent ici (notamment de retraités britanniques et de néo-hippies russes, ukrainiens et israéliens). En voir autant à la plage dimanche dernier m’a un peu remuée – un sentiment d’être en Inde mais sans y être. Ils sont un peu moins nombreux mais néanmoins bien présents dans les villages un peu loin des plages – le notre est par exemple à vingt minutes en voiture de la plage la plus proche et notre première sortie fut un choc : Anjuna qui était une super plage y a 15 ans était aussi bondée que Juhu beach à Mumbai un dimanche !! Il faut donc aller tout au nord ou tout au sud pour voir de belles plages… (Enfin des plages sans trop de monde.)

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Il faut maintenant s’habituer à ne plus se faire livrer les courses et retrouver le plaisir de choisir ses légumes soi-même. Il faut s’habituer à ne pas avoir d'Uber et quasiment pas de rickshaw – conduire un véhicule, a 2 ou 4 roues, est indispensable. Il faut aussi s’habituer à de l’authentique nourriture libanaise, mexicaine, japonaise, aux glaces italiennes etc. !

Et puis quand nous aurons fait notre trou, nous aurons sans doute appris à ralentir – susegad comme on dit à Goa…

A suivre…

lundi, 14 novembre 2022

Chronique d’une Parisienne qui quitte Delhi pour Goa – 2. Choisir Goa

Quand avons quitté Mumbai pour Gurgaon en 2016, nous nous donnions 2 ans, maximum 3, tellement nous pensions que Gurgaon ce n’était pas pour nous. Et puis de fil en aiguille, d’abord pour la maternelle Montessori de notre fils puis à cause du Covid, nous sommes restés. Nous avions bien tenté un départ en 2020, et nous avions exploré Dehradun et Pune.

Dehradun était trop mal desservi par les avions pour mon boulot et avec une microscopique communauté de « outsiders » (de gens qui ne sont pas du coin). A Pune, nous n’avons pas trouvé de logement qui arrive à la cheville de notre maison et le projet de résidence qui nous plaisait n’avait pas encore commencé à être construit. Et puis le Covid est revenu. Alors nous avons rempilé et apprécié notre chance de vivre dans un endroit spacieux. Nous aurions pu ne jamais partir ! S’il n’y avait eu la « pollution season » (ces quelques mois post Diwali et le brûlis) et les médias pour nous rappeler que nous respirions de la daube.

Quand notre propriétaire a voulu récupérer son bien immobilier, nous avons pris ça comme un signe. Nous avons alors identifié Bangalore, Hyderabad ou Goa. Nous avons mis de côté Goa parce que je trouvais le saut trop grand… Aller vivre dans le paradis touristique de l’Inde, au bord de la plage, n’allais-je pas me faire avaler et attraper un deux-de-tension ? Nous nous intéressâmes donc à Bangalore, mais nous avons rapidement réalisé que nous ne ferions que dupliquer notre vie de Gurgaon (avec des températures et un air plus cléments et une circulation tout aussi horrible, voire pire) : une belle maison dans une belle résidence et c’est tout. Les prix, égaux voire supérieurs à ceux de notre banlieue, nous ont dissuadés. Même combat à Hyderabad pensions-nous.

Alors Goa est revenu sur le tapis. Nous serions de ces rats qui quittent le navire delhiite. Il y a eu pendant le Covid une vague d’immigration des grandes villes indiennes vers Goa. Certains seraient restés et auraient fait construire leur maison. D’autres (plus nombreux) seraient repartis en même temps que le business, incapables de se faire aux charmes de Goa. Et puis il y a tous ceux qui parlent du « grand saut » et ça leur suffit. Ce qui est intéressant c’est qu’en discutant d’un déménagement à Bangalore, on a aussi eu l’impression que tout Delhi était en train d’y partir. Sauf ceux qui ont essayé de nous en dissuader à cause des écoles « okay-okay », d’un système médical pas terrible, d’un internet indolent, des locaux plus intéressés par la sieste que le boulot, des maids difficiles à trouver, des routes très étroites, de l’humidité etc.

Quoi qu’il en soit, Goa pouvait aussi être un lieu idéal pour le business de boulangerie de mon Indien préféré et je me ferais bien aux palmiers et l’air iodé si j’avais pu m’adapter à Pune, Mumbai, Delhi et Gurgaon !

A suivre…