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lundi, 11 mars 2019

Safari équestre au Rajasthan

D’aucuns disent que je ne tiens pas en place. Or je me sens une âme de casanière invétérée : j’ai un mal fou à quitter ma tanière, surtout mon petit havre gurgaonite. Mais comment résister à une opportunité d’aller faire du cheval dans le Rajasthan?? Me voilà donc partie à Mandawa, dans le Shekhawati, région du Rajasthan désormais touristiquement connue pour les peintures de ses havelis (maisons des commerçants qui vivaient sur la route de la soie).

J’ai tenté le safari équestre, avec cinq jours de monte et des nuits dans des hôtels heritage ou dans des camps. Malheureusement, les dates ne correspondaient pas et les prix étaient souvent dissuasifs. L’un des organisateurs me proposa alors de venir à Mandawa et faire des balades à la journée. Je me laissai tenter...

La race du coin, le cheval Marwari, a les oreilles en pointes qui se rejoignent et une belle énergie. Je me suis payée de chouettes galops sur les chemins sablonneux. Décoiffée j’étais – ou aurais été n’eut été la bombe !

Je m’étais fait une certaine idée de ces promenades à cheval dans le Shekhawati – et, on le sait bien, il faut toujours se méfier de ses attentes. Je me voyais faire des pauses dans les villages, garer mon cheval devant une haveli. Et pourquoi pas aller y boire un chai avec le propriétaire en regardant passer une caravane de dromadaires… C’est stupide puisque les havelis sont dans de petites villes (et je le sais pour avoir déjà visité un peu la région), grouillantes d’activité, pas trop le genre Western.

Alors j’ai sillonné la campagne environnante pendant trois jours. Je ne dirais pas qu’elle est belle, mais elle a le mérite d’être reposante, surtout que je n’avais personne à qui parler, pépère sur mon canasson. Les paysages sont en fait assez monotones : du sol semi-aride avec beaucoup d'épineux et, ici et là, des parcelles cultivées d’un vert ou d’un jaune éclatant. Dans les hameaux (auxquels les touristes n’accèdent en général pas, je n’ai par conséquent pas pris de photo, n’étant pas au zoo non plus, ni photographe de profession), les femmes préparent des galettes de bouse, donnent à manger aux chèvres, lavent le linge, mènent les vaches, les buffles, les zébus etc. on ne sait trop où, les enfants agitent la main « tata », et les hommes dont nous croisons la route nous saluent, « ram-ram », « ram-ji ». Et puis le chemin se vide et c’est la nouvelle envolée au galop :-)

Une belle escapade à cinq heures de route de Delhi. (Les safaris de cinq jours, qui ont sans doute une ambiance un peu plus joyeuse que lorsqu’on monte seule encadrée par deux boys sympathiques mais pas très bavards, ont lieu dans cette région mais également dans celle d’Udaipur.)

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lundi, 04 mars 2019

Je chille, tu chilles, il chille etc.

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J’admire chez les indiens leur aptitude à ne rien faire, aptitude qu’ils sont peu à peu en train de perdre. Dans l’ère de la productivité, du rendement, de l’optimisation, ne rien faire est une aberration. Travailler, lire, faire du sport ou le ménage, cuisiner, jouer, dormir, voyager, surfer sur les réseaux sociaux, l’esprit est sans cesse sollicité. Alors quand ça devient pesant, ingérable, on se tourne vers les différentes méthodes de méditation, pour apprendre à ne plus se laisser dépasser par les atermoiements d’un cerveau en surchauffe. Voilà donc que ne rien faire est devenu quelque chose à faire, un élément du quotidien, bien stabyloté sur une to-do-list. C’est à devenir fou ! D’après Marc Halévy, un homme d’aujourd’hui abat en une journée le même nombre de tâches que son homologue de 1900 accomplissait en 22 jours. Tout va tellement plus vite que le temps est devenu une denrée précieuse.

Les Indiens, eux, peuvent rester accroupis sur le pas d’une porte pendant des heures. Passer neuf heures d’avion sans allumer l’écran ni leur téléphone. Partir une semaine en vacances à la plage sans amener un seul livre. Regarder la vie autour et regarder dans le vide. Ça me fascine.

D’ailleurs, quand tu leur demandes ce qu’ils ont fait de leur dimanche, il n’est pas rare qu’ils te répondent « nothing, I just chilled ». Ils ont chillé, glandé en français même si nous en maîtrisons bien moins l’art.
Si par malheur, tu essayes de mettre un peu de pression à un Indien pour qu’il fasse quelque chose, il te rétorquera facilement (s’il y est du même échelon social que toi) « chill », détends-toi. Et quand tu commences à te mettre au chillage, tu te dis que les Français, comme certainement beaucoup d’Européens, sont quand même tendus du string.

S’ils mettent bien leur montre à l’heure indienne quand ils viennent, ils ont du mal à se mettre au temps indien. Le temps de la dernière minute, du départ sans cesse repoussé, du retard constant, mais où tout (ou presque finit) par arriver, non sans suées froides pour l’étranger. Si tu commandes un taxi par exemple, tu seras inspiré de lui demander de venir une demi-heure avant le départ. Et tu ne devras pas t’offusquer si, après ses deux heures de pause, il te fait faire un détour et perdre vingt minutes pour aller mettre de l’essence, ce qu’il aurait pu faire seul. Chille quoi… Oui tu as fait des efforts pour chronométrer ta journée à la seconde près, pour faire un maximum de choses et ne pas en perdre une miette. Mais as-tu seulement pris le temps de respirer ? Je me dis que je vis depuis trop longtemps en Inde quand j’entends les gens râler dans le RER pour un retard de quinze minutes par exemple. Chille quoi.

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lundi, 04 février 2019

Tu veux bien être mon ami?

Lors de mes premières années en Inde, beaucoup d’Indiens voulaient devenir mes amis. Le plombier, un jeune dans la queue pour visiter un monument, des inconnus sur Facebook ou qui trouvaient mon numéro je ne sais pas comment. N’ayant pas froid aux yeux, ils ont tous la même démarche : ils se pointent en face de toi et te demandent « Tu veux bien être mon am429167_10150809924235744_821380743_12502658_759147556_n.jpgie ? » Pas de bonjour, de comment-ça-va ou de comment-tu-t’appelles. Non, on devient directement ami. Et puis alors ne va pas t’aviser de demander ce que ça veut dire exactement… Au début, parfois flattée et surtout toujours polie, je répondais à quelques questions avant de prendre mes distances. Je trouvais touchante leur candeur, leur courage et leur absence de barrières culturelles qui nous empêchent presque désormais de s’adresser à d’autres êtres humains en Occident. Mais cela m’a valu un ou deux cas de harcèlement assez sévère, ou même l’intervention d’un copain ou de mon mari ne suffisait pas à refroidir mes amis transis.

Avec les années, ça m’arrive de moins en moins, et je ne m’en porte pas plus mal. Mais voilà qu’un de mes contacts a créé un groupe whatsapp et avant que j’ai eu le temps de m’en sortir, un inconnu avait repéré ma photo de profil et m’a fait sa grande demande d’amitié ! Je la retranscris ci-dessous :

  • +91 …: Hih
  • +91 …: U r with a ngo?
  • Me: No
  • +91 …: I really want to meet you
  • Me: What for?
  • +91 …: What do you do
  • +91 …: I want to get to know you
  • +91 …: I like you and I never had the opportunity to go overseas or meet a foreigner
  • +91 …: So I am excited
  • Me: You don’t know me but you like me?
  • +91 …: Yes
  • +91 …: Please take it as a compliment
  • +91 …: As I said I never was able to meet the European people so I have only good memories or nice ideas about you
  • +91 …: I used to live in Delhi for last 3 years lots of tourists but never had the opportunity to befriend one
  • +91 …: So I am very excited
  • +91 …: