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vendredi, 19 juin 2020

Même pas peur - Le Covid vu par une Française en Inde - 19.06

  • Nombre de cas en France : 158 641 (29 603 morts)
    • Jour de déconfinement : 39
  • Nombre de cas en Inde : 366 946 (12 237 morts) 
    • Jour de déconfinement national : 19

Alors que l’épidémie bat son plein, les Indiens semblent renaître à la vie, et c’est socialement intéressant de voir comment ils réagissent :

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Pendant le confinement, il n’y avait que très peu de cas et de risque mais les gens paniquaient. Maintenant que nous sommes – en grande partie – déconfinés, alors que les hôpitaux sont pleins, c’est la fête du slip (à part peut-être 0,1% qui flippent encore et font leur stock de bonbonnes d’oxygène).

Un collègue m’a demandé hier l’autorisation pour faire voyager une nouvelle recrue de Mumbai à Hyderabad pour 3 jours, juste parce que s’il y a des vols et pas de quarantaine, ça veut dire que tout va bien. De même, un couple americano-indien s’est empressé de sauter dans un avion pour aller dans leur famille au Kerala et ont amené avec eux le virus aux parents âgés.

Les Indiens, on leur a dit il y a 3 semaines, qu’il allait falloir apprendre à vivre avec le Corona, et aussitôt dit, aussitôt fait. Alors qu’avant ils chiaient des briques rien qu’à l’idée de l’attraper – parce qu’ils ont tous entendu le cas de untel ou untelle qui en est décédé alors qu’il ou elle n’était pas dans la catégorie à risque – en l’espace de quelques jours, c’est comme si ça n’avait pas existé. On met notre masque à trois francs six sous et tout ira bien ! Et pourquoi pas ?

Dans notre résidence de 150 maisons occupées, le deuxième cas vient d’être déclaré. Nos voisins espagnols se font la belle le temps que la vague passe. Et moi j’attends la pluie !

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mercredi, 17 juin 2020

« Shit is hitting the fan » - Le Covid vu par une Française en Inde - 17.06

  • Nombre de cas en France : 157 372 (29 436 morts)
    • Jour de déconfinement : 37
  • Nombre de cas en Inde : 354 065 (11 903 morts) 
    • Jour de déconfinement national : 17

Grand moment de solitude hier soir, quand j’ai reçu les mails des ambassades française et allemande. Les Allemands disent que leur docteur a fait la tournée des hôpitaux et qu’ils sont pleins et par conséquent ils recommandent à leurs ressortissants d’envisager de rentrer en Allemagne. Les Français ont identifié un hôpital dans la région de Delhi où il reste des places pour des cas non-Covid et, s’ils ne font pas de recommandation de départ, donnent la liste de tous les vols pour rentrer en France.

Les choses sérieuses commencent, après 2 mois de confinement très strict et 2 semaines de déconfinement. Sauve qui peut. Littéralement. Ceux qui avaient rouverts leurs bureaux depuis 3 semaines les referment, et les gens restent chez eux. Même Modi ne fait plus le fanfaron, on ne l’entend plus.

Mon Indien préféré a voulu me rassurer. 10 000 morts sur 1,3 milliards c’est rien. 46 morts (3 682 cas) à Gurgaon où nous vivons (3,5 millions d’habitants) ; 1 837 morts chez nos voisins de Delhi (44 688 cas) pour 17 millions (recensement de 2011). Delhi a donc 5 fois plus de monde et 40 fois plus de morts, en partie peut-être parce que la population est plus âgée que dans les villes nouvelles qui l’entourent et parce que nombreux sont ceux qui vont se faire soigner à Delhi. La différence d’avec la semaine dernière c’est qu’on connaît tous maintenant quelqu’un qui a été infecté, un voisin, un docteur, un ami etc.

Finalement, il a regardé les vols Delhi-Paris – pas sûre que lui pourrait partir avec nous, et mon chat non plus – et ils sont disponibles, à 1 500 euros l’aller certes mais disponibles (vols trouvés à 850€ le 18 juin). Moralité, maintenant que je sais que je peux partir, je n’en ai plus vraiment envie. En plus mon chat est blessé et ma véto est plus occupée à transformer sa clinique en navette spatiale qu’à le soigner. On n’a plus qu’à rester au chaud – littéralement – et attendre que ça passe… Et une pensée pour tous les Indiens qui n’ont pas cette option…

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lundi, 15 juin 2020

Comment le beau-fils indien appelle-t-il ses beaux-parents français?

Suite à mon post sur comment appeler sa belle-mère indienne, une lectrice m’a à juste titre demandé comment ça se paInde,beaux-parents,nomsssait en sens inverse. Alors j’ai cette fois-ci posé la question sur un groupe de Françaises mariées à des Indiens – pour pouvoir prendre en compte la question du tutoiement/vouvoiement qui n’existe pas en anglais, et de la barrière de la langue.

D’abord, en Inde, comment le mari appelle-t-il ses beaux-parents ? La réponse est moins facile à trouver que pour la femme. C’est que, traditionnellement, la mariée change de famille mais pas le marié, qui n’aura que peu de contacts avec sa belle-famille. Ça change dans les milieux urbains et modernes. Mais globalement, il les appellera aussi « mata-pita » (maman-papa), avec les différences régionales. Et on utilisera le vouvoiement, qui est également d'usage avec ses propres parents.

Quand l'étrangère a une relation avec un indien, le premier obstacle est son statut d'intouchable. Or, même entre Indiens, il n'est pas rare qu'un fils soit répudié s’il ne se marie pas avec la personne choisie pour lui ou hors de sa caste/milieu social. Mettons que la famille indienne accepte cet écart et choisisse de vivre avec cette tâche qu'il est difficile d'expliquer au reste de la société. La belle-fille étrangère devra alors prouver qu'elle peut s'intégrer à la culture (mission impossible dès le départ (sauf cas exceptionnels), au mieux elle arrivera à être à l'aise) et qu'elle ne va pas divorcer à la première occasion. Les beaux-parents indiens, malgré la colonisation britannique et l'accès aux films américains, ne connaissent de la culture ocicdentale (si tant est qu'on puisse en définir une) qu'une idée souvent restreinte et négative : les filles sont faciles, pas de respect de l'aînesse, trop de divorces, abandon des vieux à leur triste sort, etc.

De son côté, le partenaire indien qui intègre une famille non-indienne va devoir montrer qu'il est vraiment amoureux, qu'il va gagner de quoi faire vivre une famille, qu'il n'est pas que dans cette relation pour changer de nationalité etc. (La pression est sans doute moins grande si le partenaire en question vit déjà à l'étranger depuis un moment, il sera alors un peu plus assimilé.) En effet, en France ou ailleurs, on ne connaît pas grand-chose de l’Inde et les quelques stéréotypes n'en donnent pas une image glorieuse : pauvreté, prêts à tout pour quitter leur pays pour l'Europe, viols et non respect des femmes. Ça a de quoi faire flipper quelques parents. Et surtout, ça existe. De fait, j'ai récolté plusieurs témoignages de filles qui se sont fait balader pour la carte verte ou se sont fait jeter pour un mariage arrangé après des années de relations. Mais ce n'est pas le cas de tous les Indiens. Quoi qu'il en soit, ça fait un paquet de préjugés à faire tomber pour le pauvre Indien, surtout s'il s'installe à l'étranger par amour, où tous ces doutes ne seront pas que ceux de la famille. Bonjour la pression.

(Je trouve que le handicap de départ dans une relation mixte n'est pas le même pour un Indien que pour un non-Indien. Parce que ce dernier, venant du monde dit développé, a au fond de lui la certitude (à tort ou à raison, là n'est pas la question) que sa culture est "supérieure" et qu'il "a raison". Il/elle a souvent du mal à se mettre à la place du partenaire indien - surtout si il/elle n'a pas vécu en Inde - pour voir les choses d'une autre manière. Et souvent l'Indien(ne) manque d'arguments ou de technique d'argumentation pour faire valoir son point de vue – on (se) demande rarement "pourquoi" en Inde – et fait face à un esprit cartésien qui aime bien comprendre avant de suivre. Grosse différence culturelle.)

Pour les parents occidentaux, la pilule est parfois difficile à avaler, surtout quand la religion s'en mêle en plus des considérations raciales et sociales. Et il faut ajouter à tout ceci le problème de la langue, quand ils viennent d'un pays non anglophones. Avec d’un côté les parents français qui n’ont jamais ou presque utilisé l’anglais de leur vie ; et de l’autre des Indiens qui parlent très vite la langue de Shakespeare et avec un accent à couper au couteau. D'après les témoignages reçus, la plupart des maris essayent de baragouiner le français assez vite, et ça aide pas mal à casser la glace.

Néanmoins, en ce qui concerne en particulier les relations avec la belle-famille, passés les premiers moments (qui parfois se comptent en années) et le choc culturel (des deux côtés), j’ai le sentiment que les choses se passent quand même avec un peu plus de fluidité avec des beaux-parents occidentaux qu’avec les Indiens.

La majorité appellent les beaux-parents par leur prénom ; et un nombre non négligeable "maman-papa" – si ça doit faire bizarre aux beaux-parents au début, ils doivent s’y faire assez vite ! (sauf un témoignage particulier, où ce n'est apparemment pas passé...) 13% ne les appellent pas (on n’est pas loin des 15% d’étrangères qui n’ont pas de nom pour leur belle-mère) et ils sont autant à utiliser la feinte bien utile des noms de grands-parents. Le tutoiement domine un peu.

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Au-delà des situations de mixité des nationalités, sache quand même que la question de l’adresse des beaux-parents, pour les femmes et les hommes, restent un problème fréquent. Dans son livre Belles-filles (1999), Clotilde Lemarchant a interrogé 92 Normandes et Bretonnes et conclu que « de fait, presque toutes les femmes rencontrées pour cette enquête nous ont dit leur embarras et leur difficulté de nommer, tout au moins pendant les premiers mois voire les premières années. « C’était le problème. (rire) Même chose pour mon mari. Alors, on ne nommait pas » (Mme Lechapelain). […] L’évitement est donc, pendant les premiers temps, la tendance la plus courante. La gêne, l’inconfort, le malaise sont les sentiments que procure l’impossibilité de nommer, perçue comme un frein aux relations interpersonnelles. »