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vendredi, 30 août 2013

Imli-ji dans le Madhya Pradesh - Part 1

Quand j'ai re-déménagé à Mumbai en janvier, j’ai dû trouver une solution pour transporter ma voiture et l’idée de faire un road trip de Delhi à Mumbai avec ma meilleure amie, genre Thelma and Louise, m’a semblé formidable ! J’étais à fond dans mon délire !

Bon on aurait eu une I20 en lieu de décapotable et le Madhya Pradesh au lieu de l’Ouest américain comme décor. Thelma and Louise version IndianSamourai quoi… Peut-être pas aussi glamour et tout mais on fait avec ce qu’on a, pas vrai ?!

Mais bon il faisait froid, Thelma était pas dispo, y avait mon chat à transporter, l’état des routes laissait à désirer et tous mes amis indiens me déconseillaient de faire ce road trip donc j’ai fini par abandonner l’idée et prendre l’avion…

 

J'ai fait plus ou moins le même itinéraire avec mes parents cet été et j'ai zéro regret d'avoir annulé le road trip ! Ma voiture serait probablement bonne pour la casse et mon dos aussi. A supposer que nous ayons réussi à atteindre Mumbai ! 

MP trip.jpg

 5 heures pour faire 250 kilomètres entre Gwalior à Orchha. Avec une « bonne » route. La mauvaise route fait 125 kilomètres mais apparemment c’est vraiment l’enfer. Je peux même pas imaginer ce que cette «  mauvaise » route doit être après m’être tapé la «  bonne » route : cent bornes à zigzaguer entre les trous et cent-cinquante bornes d’une nouvelle autoroute, moins trouée mais tout aussi fréquentée par des camions, des gens, des charrettes, des vaches, et Dieu sait quoi d’ autres... L’anarchie totale... 

Ce qui m’a confortée dans mon choix du train de Delhi à Gwalior (3 heures) et de Gwalior à Indore (une nuit) ! J’avais longuement hésité à faire tout le voyage en voiture…  

 

J’ai trouvé que Gwalior était une petite ville très (trop ?) animée. Mais c’est peut-être dû au fait que nous avons visité le fort le jour de la fête de l'Indépendance. Il m’a semblé que le million d’habitants de Gwalior avaient décidé de faire comme nous et aller au fort... Nous étions constamment entourés. C'était même drôle de voir à quelle vitesse une foule se rassemblait autour de nous quand nous nous déplacions dans une nouvelle pièce du fort... Malheureusement ma GoPro n'avait plus de batterie.  

 

Après une heure ou deux, ce manège a cessé de me faire marrer. Il faisait très chaud (38 degrés) et j'ai commencé à étouffer. Nous avons alors trouvé refuge dans l'hôtel « heritage » de la chaine Taj. Sympa mais sans âme. Alors nous nous sommes rabattus sur notre hôtel «  heritage », le superbe Deo Bagh de la chaine Neemrana ! 

mercredi, 28 août 2013

Clic clac Kodak

Il m’est arrivé un drôle de truc à Gwalior... J’étais en train de me promener en-dehors du fort, le jour de l'indépendance, quand un journaliste local m’a repérée et demandé si il pouvait me prendre en photo. J'étais de bonne humeur et acceptai ! J'étais même si « complaisante » qu'il s’est enhardi et m’a fait poser avec son drapeau indien, puis m'a fait déplacer d’une vingtaine de mètres afin d'avoir le fort dans le fond. Pendant tout ce temps, des dizaines de personnes prenaient des dizaines de photos de moi, à l’aise Blaise... 

Et voici le résultat :

 

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Dave Prager a parfaitement décrit (à mon humble avis) dans Delirious Delhi cette situation des Indiens qui prennent les étrangers en photo alors le mieux me semble de le citer : 

« Il y a une classe moyenne indienne [qui voyage dans le pays] et beaucoup d'entre eux sont aussi intéressés par les attractions de leur nation que nous le sommes. Et quand ils viennent à Delhi de leur région, les touristes locaux ont les mêmes objectifs que les touristes étrangers: ils veulent prendre des photos de choses qu'ils ne voient pas à la maison.

Mais tandis que notre liste inclut des tailleurs installés sur les bas-côtés et des temples sur les trottoirs, la leur inclut des touristes étrangers comme nous. Donc quand on se repose à l'ombre du Red Fort ou de la Jama Masjid, ce n'était pas rare qu'une mère nous file son bébé et que le père prenne une photo. [...]


Au début, que nous avons été choqués par toute cette attention non désirée. Nous nous sommes demandé comment les gens pouvaient être assez grossiers pour prendre en photo comme si nous avions été posés là par le ministère du tourisme. Au début Jenny s’amusait à taquiner les hommes qui s'approchaient d’elle, acceptant d’être prise en photo puis sortant son propre appareil et mitraillant les Indiens déconcertés, jusqu'à ce qu'ils s’en aillent. De temps en temps nous balancions des regards mauvais et engueulions ceux qui s’approchaient de nous avec leurs appareils photo à la main. 

 

Mais le temps passant, et notre propre album photos s’enrichissant de cliches de vendeurs de légumes, de saddhus à moitié à poil, nous avons réalisé ce que notre comportement avait d’hypocrite. Si nous trouvions les gens autour de nous fascinants, beaux et dignes d’être photographies – en les soumettant à un notre objectif  avant vite fait bien fait sans même échanger un regard – c'est injuste de ne pas accepter qu’on puisse susciter un intérêt similaire. Nous nous mimes donc à accepter joyeusement toutes les demandes de photos, offrant de larges sourires et donnant des accolades. [...]

 

Après un certain temps, nous avons réalisé qu'il était beaucoup plus agréable quand les gens nous demandaient la permission de prendre notre photo plutôt que lorsqu'ils se la jouaient paparazzi en prenant une photo de loin. Ce qui nous a appris à avoir la même considération pour nos propres sujets photographiques. Au lieu de s'arrêter soudainement, cliquer et se barrer à toute vitesse, nous avons commencé à demander l’autorisation puis à remercier nos sujets et leur montrer le résultat à l'écran. Non seulement les interactions avec les gens deviennent plus satisfaisantes, mais nos photos sont devenues bien meilleures ! »

mardi, 20 août 2013

IndianSamourai aux Amériques!

Il y a selon moi deux types de voyageurs: les backpackers et les suitcasers. Dans cette catégorie se distingue le suitcaser indien...

Et voilà ce que sept ans en Inde ont fait de moi : une backpacker métamorphosée en suitcaser… Qui en plus à les jetons de partir en vacances autre part qu'en Inde ! 

 

Le suitcaser apprécie l’ordre qu’offre la valise : un côté pour les affaires d’hiver pour le Chili et l’autre pour les affaires d’été pour New York. Facile de s’y retrouver ! 

 

Le suitcaser, surtout le suitcaser indien (mais en fait c’est un pléonasme vu que la grande majorité des Indiens sont des suitcasers par nature), croit naïvement que partout où il ira et où sa valise ne pourra pas rouler, il y aura quelqu’un pour la lui porter. Le suitcaser doit alors se mordre la lèvre et par fierté se retenir d’accepter l’aide de ses amis quand il réalise que personne n’est là pour lui porter sa valise pour descendre (et monter) les escaliers du métro chilien. Le Chili bon sang !!

Le suitcaser se dit très égoïstement que si le développement signifie se casser le dos avec ses bagages il n’a pas trop hâte que l’Inde se développe... Il se dit aussi qu'il y a là une idée de business à monter : embaucher les chômeurs qui passent leurs journée à la salle de sport (ça doit bien exister non?) pour qu'ils se fassent les muscles en portant des valises !

Du coup le suitcaser indien ne va pas s'emmerder avec sa valise aux Etats-Unis: faut bien faire vivre les chauffeurs de taxi ! On est un suitcaser ou on l'est pas... 

 

Si le compartimentage de la valise dénote un certain sens de la planification, le suitcaser indien en est pourtant complètement dépourvu. Il a appris ça en Inde où ça ne sert à rien de prévoir parce qu'il y a toujours des imprévus qui chamboulent tout et il adore ça maintenant ! Enfin c'est une autre illustration du paradoxe indien : impossible de planifier un week-end plus de vingt-quatre heures à l'avance ; en revanche le plan de vie est souvent tracé à la naissance (à tel âge t'as ton premier job, à tel âge tu gagnes tant, à tel âge tu te maries, à tel âge tu as ton premier gosse etc.).

Mais revenons à nos moutons. Pour remplir adéquatement une valise, un suitcaser normal commencerait par regarder la météo… Sauf que ça n’arrive JAMAIS en Inde !! Surtout à Mumbai où il fait beau et chaud huit mois de l’année et pluie et chaud le reste… Le suitcaser hallucine donc quand ses amis danois vérifient la météo trois fois par jour… Et s’habille en conséquence… Au risque de se geler le cul de bon matin en short parce que leur smartphone a dit qu’il y aurait du soleil à un moment donné ! Ah ces Danois ! 

 

Mais il y a mieux !! Le suitcaser indien tombe des nues quand il reçoit un mail deux semaines avant le départ pour louer une voiture à l’arrivée. On verra bien quand on y sera non ?? Je te raconte même pas quand il reçoit un mail pour louer une voiture pour aller faire du shopping pendant la dernière semaine des vacances. Il croit sincèrement à une plaisanterie… 

 

Le suitcaser indien pousse d’ailleurs le vice de la non-planification à changer les plans des autres à la dernière minute. Si tu le laisses tout seul trop longtemps avec une bouteille de pisco (l’alcool chilien) et des locaux qui lui parle de pingouins, il est susceptible d’arriver à persuader son ami danois de passer une heure au téléphone avec la compagnie aérienne locale et payer une bombe pour changer les billets d’avion et… faire deux heures de bateau puis deux heures de voiture en Terre de Feu pour s’extasier une demi-heure devant dix pingouins rois (les feignants qui ne sont pas allés pêcher avec les autres) !!  

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Le suitcaser prend une première claque quand, après trois vols de neuf heures, deux vols de deux heures, quatre heures de voiture (finalement louée à la descente de l’avion), neuf heures et demi de décalage, trente degrés de moins, un déphasage complet entre l’effervescence mumbaite et le dépeuplement patagonien, ses amis danois l’emmènent faire un trekking. 

L’idée d’aller crapahuter dans la neige, les cailloux et la glace ne leur fait pas peur ! 

Pas d’eau ? On boira aux ruisseaux !! Pas grave si on n’a pas de bouteille pour la transporter… 

Pas de nourriture (le déjeuner ayant été allègrement zappé) ? Pas de problème, le backpacker danois a toujours un cracker fade et moche pour se rassasier… Un cracker pour l’amour de Dieu ! C’est la première fois que le suitcaser indien est aussi content de travailler pour une entreprise qui fabrique des barres chocolatées et en a inopinément déposé plusieurs boîtes au bureau la veille du départ ! Le suitcaser indien se félicite maintenant d’avoir fait entorse à son habitude de ne pas en manger et fait des provisions pour l’avion. Il est sauvé de l’inanition !! 

 

Le suitcaser prend une deuxième claque le lendemain du premier trekking quand il enchaîne avec neuf heures d’ascension. Il arrive, de nuit, à moitié mort de fatigue, de faim, de soif, de froid, un genou en moins et un gros orteil en l’air, et le moral dans ce qui reste des chaussettes : il ne comprend pas comment ses amis danois galopent encore comme des chèvres. Il se dit que son mode de vie à Mumbai doit vraiment être pourri… (enfin pourri non ptet pas mais pas très sain quoi !)... Certes il ne va pas tous les jours en vélo au bureau et ne se nourrit pas de crackers… Non c’est plutôt le cul sur une chaise (de bureau, de voiture) toute la journée – il y a bien les (irrégulières) séances de yoga au bureau, mais elles font bien pâle figure à côté des entraînements quotdiens à la salle de gym de ses amis – du butter chicken à gogo et des happy hours trois fois par semaine... Alors forcément il souffre quand il s’agit de vagabonder dans la nature… Le suitcaser indien prend de bonnes résolutions qu’il sait qu’il ne tiendra pas…  

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En revanche le suitcaser indien est complètement dans son élément à New York, surtout pendant la canicule. On transpire, y a du bruit, de la circulation et des confrères, tout y est ! Il est d'ailleurs content de pouvoir utiliser ses rudiments d'Hindi avec les chauffeurs de taxi !! 

 

Il hallucine un peu quand on l'emmène faire les boutiques. On est loin de la dizaine de marque de fringues importées en Inde et des deux appareils photos reflexes qui s’y battent en duel... 

 

A New York, le suitcaser indien a très mal aux pieds. Ah tiens ça sert à marcher des pieds?? Il redécouvre les trottoirs... 

 

Le suitcaser indien à New York se demande si il ne vient pas en fait d'Arabie Saoudite: il lui semble que toutes les filles se baladent à moitié à poils. Mais que fait la brigade des moeurs ??! Surtout au concert de Jay-Z... Il scotche sur des poitrines regonflées dont seuls les tétons sont cachés et sur des culs que les mini-shorts ne couvrent pas (pas plus qu'ils ne couvrent, souvent, la cellulite). 

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Le suitcaser indien a passé d'excellentes vacances au bout de son monde!! On ne peut plus dépaysantes... Avec la pampa déserte du Chili, les asados, le mariage classe d'un ami très proche à Santiago, le pisco, les balades dans New York, les bières au bord de l'Hudson river, et surtout ses amis d'Erasmus d'il y a huit ans... C'est pas grave si certains d'entre eux sont des backpackers danois tarés de la planification, les suitcasers chiliens et américain adeptes de la dernière minute étaient là pour rattraper le coup !! 

 

Et tant pis si au bout du compte il a dû dire adieu à sa suitcase de qualité… indienne !