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samedi, 14 mars 2015

Supercalifragilisticexpialidocious (en francais dans le texte)

J’avais réussi à faire l’impasse de ces soutiens communs en Inde. La belle-mère. L’infirmière de nuit. La Japa, ces nounous très traditionnelles, souvent de Kolkata, qui assistent mère et enfant pendant les 30-45 jours suivant la naissance. Jour et nuit, elles s’occupent de tout, bain, massage, nourriture etc. Sans aide particulière je trouvais que nous nous en sortions plutôt bien tous les trois ces premiers mois ! Mais voilà, il fallut bien commencer à penser à assurer la relève pour quand je reprendrais le boulot… 

inde,bébé,ayah,japa,nourriceVint donc le temps de recruter une ayah,  nounou / femme de ménage, si possible avec quelques talents culinaires... Même si les Indiennes préfèrent être employées par des étrangers (travailler moins pour gagner plus, tout en étant traitées plus humainement, dixit elles-mêmes), nous n’avons pas eu moultes options. D'autant que le ‘travailler moins’ implique qu’elles ne travaillent pas le dimanche NI le samedi ; où va le monde je vous l'demande?? Blague à part elles ont souvent ni l’un ni l’autre. Et qu’elles bossent de 9 à 5 - ce qui n’arrange personne quand tu dois toi-même être au bureau de 9 à 6 (les rares fois où tu quittes le boulot avant 20 heures). Et pour peu qu’elles aient elles-mêmes des enfants en bas âge (c'est-à-dire la plupart d’entre elles) et/ou qu’elles habitent à Bab-el-Oued (c'est-à-dire quasiment toutes), tu sais que tu peux dire adieu aux heures sup’ inévitables... Et si en plus tu souhaites qu’elle parle un minimum d’anglais, autant demander la lune... 

J’allais donc dire oui à une nounou qui ne pétait pas un mot d’anglais, avait une petite fille et habitait à petaouchnok quand nous avons fait passer un ultime entretien. Une Chrétienne (donc anglophone - cherchez pas le rapport c’est comme ça, les Chrétiens indiens sont en général plus anglophones qu’hindiphones), avec une fille de 27 ans, qui habite près de chez nous, qui a l’habitude de bosser 12 heures par jour et le samedi, qui a déjà travaillé avec des étrangers (et « ils ne supportent pas la moindre saleté » selon elle !) et qui demande moins d’argent que les autres. Cherchez l’erreur!! Selon elle, son grand âge est un handicap pour trouver du boulot aujourd’hui: avec la cinquantaine passée, les mères craignent qu’elle ne puisse pas courir après leurs mômes ! 

En 24 heures elle a sympathisé avec le chat. Le chat qui terrorise tout le monde en raison de sa très grande taille ; même les mecs du Pest Control n’ont pas osé entrer dans la chambre d’amis qu’il gardait de pied ferme. Le chat qui file des coups de patte pour qu’on s’occupe de lui et qui crache quand il en a marre. Et ben, ce chat, dès le premier jour, elle lui fait conversation quand il lui grogne dessus depuis sa planque dans le placard !!

En 24 heures elle a réorganisé les placards (de bouffe et de fringues). Elle a repassé les taies d’oreiller, une grande première pour ces dernières. Elle a dépoussiéré l’aspirateur puis le dessous des canapés, puis les ventilateurs.

En 24 heures elle s’est occupée de me changer mon alimentation et mes horaires de repas ! Si maman digère bien, bébé aussi. J’ai ainsi appris (mais je me permets de douter) que les pets impressionnants de mon fils sont dus à mon engouement pour les patates... Alors les pommes de terre qui font péter je sais pas mais je te raconte pas les pois qu’elle nous a cuisinés le premier soir... Si son objectif était de me nettoyer les intestins en fanfare, elle a bien réussi son coup ! Pas de piments dans la bouffe, beaucoup de fibres, d’ail et de gingembre (condiments qu’elle affectionne contre les gaz) et je dois me battre pour manger mes yaourts ‘normaux’ (« mais sans matière grasse c'est mieux, ça fait pas grossir ») ! 

Et puis surtout, surtout, en moins de 24 heures Bébé Samourai s’est retrouvé sur un matelas par terre avec une couche indienne en tissu !! Limite si j’ai pas eu droit à un regard désapprobateur quand je lui ai mis une Pampers au moment de le nourrir : apparemment les Indiennes arrivent à savoir quand leur progéniture fait caca et ne mettent des couches modernes qu’à ce moment-là. Suis pas sûre que l’horloge intestinale de mon rejeton soit déjà réglée !! Et ça me fait moyennement rire de me faire pisser dessus... Je dois aussi me battre pour qu’il passe pas sa journée à poil : là où les médecins disent une couche de vêtements supplémentaire que moi, elle dit une de moins ! 

inde,bébé,ayah,japa,nourriceEt quant à son grand âge, il ne devrait pas poser trop de problèmes vu que, comme elle répète fréquemment au bébé : "no carrying business, no carrying business". Autrement dit, il peut oublier passer son temps dans les bras - en fait il ne passe pas son temps dans les bras mais il aime bien s’y endormir, surtout si on lui chante ‘Ooooom’ en rebondissant sur le ballon d’exercice (curieusement elle n’a pas eu l’air emballée par la perspective de travailler ses muscles dessus !). Je me suis d’ailleurs pris une remontrance à ce sujet. En voit là une qui n’a pas froid aux yeux ! En même temps elle a pas tort, il faut qu’il apprenne à s’endormir tout seul, donc bon... 

inde,bébé,ayah,japa,nourriceEn 24 heures, Mary Poppins nous a repris en main, moi mon intérieur et mon fils ; et moi, alors que je trouvais que je gérais plutôt bien, j’ai l’impression d’être une collégienne qui fait n’importe quoi avec sa poupée dans sa porcherie !! 

Pourvu que ca dure ;)

mardi, 10 mars 2015

Interview Aux Cinq Coins du Monde - Un an après

En décembre 2013, j’ai été interviewée par Sara pour son site Aux Cinq Coins du Monde, qui regroupe des témoignages et interviews de francophones partis vivre aux quatre coins du monde, sur les cinq continents. Et voilà qu’on a remis ça en janvier 2015 : l’ « interview un an après » !

L'interview en PDF.

Aux cinq coins du monde - Un an après.jpg

Il y a un an, tu partageais avec nous tes impressions sur ta vie en Inde (interview 2013). Y habites-tu toujours ? (raconte un peu si tu as changé de ville, de pays, si tu es retourné(e) dans ton pays d’origine, etc). 

Oui je n’ai pas bougé ! Même ville, même job, même appart ! J’attaque maintenant ma 9ème année en Inde ;)

Si je n’ai pas connu en 2014 de grands bouleversements dans ma vie professionnelle (en dépit de sacrés tumultes et de beaucoup d'apprentissage !), je ne peux pas en dire autant de ma vie privée : je me suis mariée en juin avec mon Indien préféré et notre petit garçon est né en décembre. 

Qu’y fais-tu aujourd’hui (est-ce que ta situation professionnelle a évolué) ? 

Au fil des ans, j’ai occupé différents postes, au sein de la même entreprise. Aujourd’hui je gère l’équipe commerciale du sud de l’Inde, pour le plus grand bonheur des chats et chiens indiens (nous sommes dans la croquette ! 

Aujourd’hui, qu’est-ce qui te plait dans ta vie à l’étranger, et qu’est-ce qui te plait moins ? Penses-tu t’être habitué(e) aux choses qui te gênaient il y a un de cela ? 

Malgré une routine comme je pourrais avoir en France, chaque journée en Inde est pimentée (c’est de circonstance ;) ) d’évènement(s) incongru(s) ; j’adore ça !

Ce qui me gêne le plus c’est la pollution sonore, voire la pollution tout court, et le manque d’activités à Mumbai. Et cette situation n’est malheureusement pas prêt de changer… 

As-tu découvert d’autres choses qui te plaisent dans ce pays ? Et qui ne te plaisent pas ? 

J’ai découvert un système médical plutôt performant et un réseau de femmes qui partagent le même type d’expérience (mariées à des Indiens et vivant à Mumbai) – un sacré soutien quand on fonde une famille à 7 000 bornes de chez soi !

Et je n’ai rien "découvert" de déplaisant… 

Est-ce qu’un an de plus te donne l’impression d’être encore davantage intégrée ? 

Fonder une famille est un grand pas ! Que ma famille soit franco-indienne, je ne sais pas si ça participe de mon intégration mais certainement de mon ouverture aux coutumes et de mon ancrage dans ce pays… 

Quel est ton bilan général de cette année passée ? 

2014, une année millésimée comme on n’en fait pas beaucoup !!

lundi, 02 mars 2015

Bébé Samouraï made-in-India – 7. Après la piscine

On finit donc par me sortir de l’eau pour de bon. Et là, je nageais (je file la métaphore de l’eau, c’est beau) alors en plein surréalisme.

 

Imagine-toi. Depuis toujours, je suis la première à dire, comme plus de 80% des Françaises (2), que si jamais j’accouche, c’est la péridurale direct. Avec mon argument massue : quand tu vas chez le dentiste, tu fais bien une anesthésie non ? et ben là c’est pareil.

Et voilà que j’étais en train de souffrir le martyre et que je ne disais rien. Rien de rien. Pas un mot. Je souffrais EN SILENCE. Juste une voix dans ma tête qui hurlait « mais filez-moi un-euh putain de péridural-euh »). Tu parles d’un Samouraï !

 

Et là baboom, une anesthésiste se matérialisa, presque désolée d’être là : tout le monde semblait archi-persuadé que je voulais une naissance naturelle (sans doute parce que j’avais opté pour la piscine) et que par conséquent j’étais contre les antidouleurs. Je dus donc écouter le sermon de mon docteur qui m’expliqua qu’il n’y avait pas de honte à accepter de réduire la souffrance, que j’avais déjà beaucoup donné et qu’elle-même avait donné naissance à des jumeaux par césarienne. En plein surréalisme je nageais, je te dis !

 

Je refusai de sniffer du gaz et mais acceptai une rachianesthésie (pas de temps pour la péridurale). Soulagement immédiat !

 

Bref, je finis par accoucher… Allongée sur une table, les jambes écartées, avec mon Indien préféré, trois gynécos, deux pédiatres, une anesthésiste, une sage-femme, et six infirmières dans la pièce. Et je m’en foutais royal !! Pire, je me marrais en repensant à l’accouchement ‘intime’ que j’avais prévu !! Au temps pour moi !

 

Et voilà Bébé Samourai était là ! Sur ma poitrine ! A me pisser dessus ! C’est là d’ailleurs qu’on se rendit compte que c’était un garçon : les médecins avaient oublié de vérifier…

En Inde, la détermination du sexe du fœtus est interdite, les Indiens ayant abusé de cette technologie pour avorter de filles – qui coûtent cher, avec la dot. L’Inde a d’ailleurs un déficit de filles et dans certains Etats ça pose de sacrés problèmes. (Cf mes notes sur le sujet)

 

Et le mot de la fin : Bébé Samourai déteste les bains, ça n’étonnera personne… ;-)

 

(2) Les Françaises sont apparemment plus douillettes que les Britanniques vu que seulement 30% de ces dernières optent pour une anesthésie (Sources : http://www.liberation.fr/vous/2011/10/18/70-d-accouchements-avec-peridurale_768628 ; http://www.babycentre.co.uk/a542571/epidural)

 

(Fin)