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lundi, 29 juin 2015

Les samourais des ordures

Après trois mois d’absence…

Non je n’ai pas disparu ! J’avais pensé (bien naïvement) que ma grossesse ou mon congé maternité me permettrait de souffler un peu et « faire mes trucs », comme écrire. Que nenni !!

Et comme si ça ne suffisait pas d’être hagarde de fatigue, bourrée d’hormones (paraît que c’est normal avec l’allaitement), avec le cerveau flasque (incapable de se rappeler où j'ai mis la bouteille d’eau attrapée deux minutes plus tôt – ah bah dans le placard. Normal), j’ai dû reprendre le boulot, dans un contexte pas facile facile… Et le yoga (de 6 à 7 (du matin !!))… Mais je ne suis pas un Samouraï pour rien hein ;)

Ma bonne résolution de la reprise de mes activités est donc de me remettre à blogguer, en postant tous les lundis, au lieu de tous les deux jours ! Au plaisir de vous retrouver, chers lecteurs…

Et pour commencer, une petite vidéo pour se rappeler que certains Indiens n'ont pas la tâche facile tous les jours...

mercredi, 18 mars 2015

Interview Excite

Le site internet Excite.fr m’a contactée et demandé de répondre à quelques questions sur l’expatriation en Inde ! Voici ce que j’ai préparé... Merci Camille de ton intérêt pour mon blog !

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Qui es-tu et comment était ta vie avant de quitter la France ? 

Je suis une Française trentenaire, expatriée en Inde depuis fin 2006, et bloggeuse depuis les tout premiers moments !

J’ai embrayé directement sur un job à l’étranger (en Inde) après la fin de mes études de commerce. J’ai donc passé mes dernières années en France en tant qu’étudiante (à Reims et en Espagne avec Erasmus), puis stagiaire, puis voyageuse (4 mois en Amérique du Sud pour rencontrer des femmes au cœur de l’économie solidaire)… De riches années !! 

Qu’est-ce que tu fais actuellement ? 

Je suis manager dans une entreprise qui vend des croquettes pour chiens et chats. 

Pourquoi as-tu quitté la France ? 

Mes escapades en Espagne et en Amérique du Sud m’avaient ouvert l’appétit ! Je voulais explorer davantage en travaillant quelques années quelque part comme le Chili ou l’Argentine. Je me suis retrouvée en Inde – moi, Christophe Colomb des temps modernes ;) (C’est le seul endroit où j’ai trouvé un job rapidement.)

Ce n’est donc pas tant un désir de quitter la France que de vivre des expériences à l’étranger qui m’a poussée à partir… 

Pourquoi as-tu choisi l’Inde pour vivre ? 

Comme raconté ci-dessus, je crois que c’est l’Inde qui m’a choisie plutôt que l’inverse ;)

Mais j’ai choisi de ne pas la quitter. Au début parce que j’avais trop de choses à découvrir. Puis parce que j’ai eu des opportunités professionnelles intéressantes. Ensuite parce que ça faisait trop longtemps que j’étais là ! 

Tu retournerais vivre en France ?

 Pourquoi pas ? Au moins pour quelques années. Mais mes choix ne dépendent plus que de moi, il faudrait que mon mari (indien) en ait envie aussi ;) 

Qu’est-ce qui te manque le plus de la France ? 

La sérénité de la campagne française : le calme, le bon air, la bonne bouffe…

Et bien sûr mes proches ! 

Et ce qui te manque le moins ? 

Je ne saurais pas trop dire… Ces journées d’hiver où on ne voit pas le soleil ? Ces dimanches où tout est fermé, pas moyen de faire des courses ou des massages ? Ces situations où personne n’est là pour t’aider (avec ta plomberie, ton linge sale, tes courses etc.) ? 

Raconte-nous rapidement ton expérience en Inde 

J’ai débarqué une belle nuit à Delhi, dans le froid de novembre. A l’époque je ne savais même pas qu’il pouvait faire froid en Inde, c’est dire ma connaissance du pays ! A la fin de l’exposition dans la capitale je suis allée rejoindre ma base, à Pune (une ville estudiantine et capitale automobile à 3h de Mumbai), où j’ai passé deux années super, à surtout faire la fête et voyager.

Puis vint le temps de voir du pays, déménager à Mumbai avec un nouvel emploi en poche. Les trois années qui ont suivi m’ont vue surtout bosser (et toujours sillonner le pays).

J’ai ensuite été mutée à Delhi pendant un an. Des challenges professionnels incroyables m’attendaient là-bas. Et personnels aussi puisque je rompis avec mon compagnon indien des cinq dernières années. Mais ce fut aussi une année formidable, pleine d’enseignements et de fun (et de voyages, toujours) !! 

Je rentrai ensuite au bercail, à Mumbai. Et moins de deux ans plus tard j’étais mariée avec un bébé. Voilà où j’en suis aujourd’hui, en ce début de 2015 !

samedi, 14 mars 2015

Supercalifragilisticexpialidocious (en francais dans le texte)

J’avais réussi à faire l’impasse de ces soutiens communs en Inde. La belle-mère. L’infirmière de nuit. La Japa, ces nounous très traditionnelles, souvent de Kolkata, qui assistent mère et enfant pendant les 30-45 jours suivant la naissance. Jour et nuit, elles s’occupent de tout, bain, massage, nourriture etc. Sans aide particulière je trouvais que nous nous en sortions plutôt bien tous les trois ces premiers mois ! Mais voilà, il fallut bien commencer à penser à assurer la relève pour quand je reprendrais le boulot… 

inde,bébé,ayah,japa,nourriceVint donc le temps de recruter une ayah,  nounou / femme de ménage, si possible avec quelques talents culinaires... Même si les Indiennes préfèrent être employées par des étrangers (travailler moins pour gagner plus, tout en étant traitées plus humainement, dixit elles-mêmes), nous n’avons pas eu moultes options. D'autant que le ‘travailler moins’ implique qu’elles ne travaillent pas le dimanche NI le samedi ; où va le monde je vous l'demande?? Blague à part elles ont souvent ni l’un ni l’autre. Et qu’elles bossent de 9 à 5 - ce qui n’arrange personne quand tu dois toi-même être au bureau de 9 à 6 (les rares fois où tu quittes le boulot avant 20 heures). Et pour peu qu’elles aient elles-mêmes des enfants en bas âge (c'est-à-dire la plupart d’entre elles) et/ou qu’elles habitent à Bab-el-Oued (c'est-à-dire quasiment toutes), tu sais que tu peux dire adieu aux heures sup’ inévitables... Et si en plus tu souhaites qu’elle parle un minimum d’anglais, autant demander la lune... 

J’allais donc dire oui à une nounou qui ne pétait pas un mot d’anglais, avait une petite fille et habitait à petaouchnok quand nous avons fait passer un ultime entretien. Une Chrétienne (donc anglophone - cherchez pas le rapport c’est comme ça, les Chrétiens indiens sont en général plus anglophones qu’hindiphones), avec une fille de 27 ans, qui habite près de chez nous, qui a l’habitude de bosser 12 heures par jour et le samedi, qui a déjà travaillé avec des étrangers (et « ils ne supportent pas la moindre saleté » selon elle !) et qui demande moins d’argent que les autres. Cherchez l’erreur!! Selon elle, son grand âge est un handicap pour trouver du boulot aujourd’hui: avec la cinquantaine passée, les mères craignent qu’elle ne puisse pas courir après leurs mômes ! 

En 24 heures elle a sympathisé avec le chat. Le chat qui terrorise tout le monde en raison de sa très grande taille ; même les mecs du Pest Control n’ont pas osé entrer dans la chambre d’amis qu’il gardait de pied ferme. Le chat qui file des coups de patte pour qu’on s’occupe de lui et qui crache quand il en a marre. Et ben, ce chat, dès le premier jour, elle lui fait conversation quand il lui grogne dessus depuis sa planque dans le placard !!

En 24 heures elle a réorganisé les placards (de bouffe et de fringues). Elle a repassé les taies d’oreiller, une grande première pour ces dernières. Elle a dépoussiéré l’aspirateur puis le dessous des canapés, puis les ventilateurs.

En 24 heures elle s’est occupée de me changer mon alimentation et mes horaires de repas ! Si maman digère bien, bébé aussi. J’ai ainsi appris (mais je me permets de douter) que les pets impressionnants de mon fils sont dus à mon engouement pour les patates... Alors les pommes de terre qui font péter je sais pas mais je te raconte pas les pois qu’elle nous a cuisinés le premier soir... Si son objectif était de me nettoyer les intestins en fanfare, elle a bien réussi son coup ! Pas de piments dans la bouffe, beaucoup de fibres, d’ail et de gingembre (condiments qu’elle affectionne contre les gaz) et je dois me battre pour manger mes yaourts ‘normaux’ (« mais sans matière grasse c'est mieux, ça fait pas grossir ») ! 

Et puis surtout, surtout, en moins de 24 heures Bébé Samourai s’est retrouvé sur un matelas par terre avec une couche indienne en tissu !! Limite si j’ai pas eu droit à un regard désapprobateur quand je lui ai mis une Pampers au moment de le nourrir : apparemment les Indiennes arrivent à savoir quand leur progéniture fait caca et ne mettent des couches modernes qu’à ce moment-là. Suis pas sûre que l’horloge intestinale de mon rejeton soit déjà réglée !! Et ça me fait moyennement rire de me faire pisser dessus... Je dois aussi me battre pour qu’il passe pas sa journée à poil : là où les médecins disent une couche de vêtements supplémentaire que moi, elle dit une de moins ! 

inde,bébé,ayah,japa,nourriceEt quant à son grand âge, il ne devrait pas poser trop de problèmes vu que, comme elle répète fréquemment au bébé : "no carrying business, no carrying business". Autrement dit, il peut oublier passer son temps dans les bras - en fait il ne passe pas son temps dans les bras mais il aime bien s’y endormir, surtout si on lui chante ‘Ooooom’ en rebondissant sur le ballon d’exercice (curieusement elle n’a pas eu l’air emballée par la perspective de travailler ses muscles dessus !). Je me suis d’ailleurs pris une remontrance à ce sujet. En voit là une qui n’a pas froid aux yeux ! En même temps elle a pas tort, il faut qu’il apprenne à s’endormir tout seul, donc bon... 

inde,bébé,ayah,japa,nourriceEn 24 heures, Mary Poppins nous a repris en main, moi mon intérieur et mon fils ; et moi, alors que je trouvais que je gérais plutôt bien, j’ai l’impression d’être une collégienne qui fait n’importe quoi avec sa poupée dans sa porcherie !! 

Pourvu que ca dure ;)