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lundi, 02 mai 2016

Un départ en fanfare…

C’est lundi soir. Je n’ai pas mangé de la journée, trop occupée à “boucler” des trucs au boulot (en fait on ne boucle jamais rien mais passons…). J’ai soigneusement préparé les valises ce week-end – c’est fou ce que ça complique de voyager avec un bébé, à commencer par vérifier que les vêtements d’hiver sont à la bonne taille et à finir par plier le lit-bébé !

Je me retrouve donc à 19h30, Bébé Samourai couché, la nounou dans le train, le mari dans le taxi, à fignoler les derniers préparatifs (notamment les provisions de nourriture). Quand j’entends le bébé appeler. Et je ne l’ai pas plus tôt soulevé qu’il me vomit dessus, profusément. Son premier vomi en 16 mois, nous en sommes tous les deux retournés… Et bouche bée. Impossible de faire un pas sans marcher dedans, j’en suis comme deux ronds de flan. Je le lave, le recouche, lave le sol puis moi-même et me remets à mes bagages. L’appétit coupé. Et puis il remet le couvert. Une petite douche pour le nettoyer, il a l’air d’aller mieux, et moi je suis toujours en sous-vêtements. D’ailleurs je vais prendre une douche avant de m’apprêter pour le départ. Il est 22h. J’en profite pour shampooiner le chat. D’aucuns diront que le moment n’est peut-être pas choisi mais je dois aider la pauvre bête à se débarrasser de son espèce de teigne et je n’ai pas eu d’autre moment !

22h30. Le taxi est en bas. J’attrape Bébé Samourai pour l’habiller et il me recolle une galette dessus. Re-douche. Et nous partons !

C’est reparti dans la voiture, le cauchemar ! Le vol de 8 heures vers l’Europe s’annonce très long…

Et voilà-t-y pas que sur un pont d’autoroute, alors que plein de camions sont garés sur le côté et qu’il y a un sacré ralentissement, deux hommes tapent sur le capot, intiment à mon chauffeur de baisser sa vitre, lui pincent la bouche, l’étranglent avec sa ceinture de sécurité. Pendant que je crie de le laisser tranquille, que mon bébé est malade et que j’ai un avion à prendre, ils m’ignorent superbement et l’éjectent de la voiture et l’embarquent. Et puis plus rien. Au bout de cinq minutes j’appelle mon mari et là j’explose. La panique totale. J’ai en fond d’écran les histoires atroces de collègues d’amis braqués au flingue au péage de Gurgaon – histoires auxquelles je ne prête pas attention mais qui visiblement rentrent par une oreille et ne ressortent pas par l’autre. Et puis merde. Je sors du taxi, couverte de vomi, le bébé dans les bras et me mets à crier sur les chauffeurs de camion de me rendre mon chauffeur. Ils ont pas l’air de comprendre ce qui se passe, genre ils sont pas à partie de ce hold-up !

inde,gurgaon,voyager seule,taxi,péage,jats,manifestationUne voiture s’arrête, puis une autre, et une autre. Un homme dans chaque véhicule. Tous sortent et me demandent « ça va pas Madame ? Qu’est-ce qui se passe ? » Entre un sanglot et un hurlement j’explique que mon chauffeur a été enlevé. Et ils me le retrouvent immédiatement, planqué dans une camionnette juste derrière. Nous repartons, sans un merci pour mon sauvetage héroïque et sans une explication – je n’aurai donc jamais le fin mot de l’histoire. Pourquoi ces camions ? Pourquoi ce bouchon en plein milieu de la nuit ? Pourquoi ces deux hommes en civil qui agressent mon chauffeur ?*

J’arrive au comptoir de la compagnie aérienne, puante et dégoulinante de larmes. Je dois faire peur à voir, surtout au comptoir business. Et là, alors que la situation ne pourrait pas être pire, je ne trouve pas mon passeport. Ah si attends il est là. Et puis voilà-t-y pas que Lufthansa a la bonne heur de surclasser mon mari. Ils pouvaient pas mieux tomber je te jure… Un vol en toute tranquillité avec un bébé endormi presque tout le temps, que demander de mieux ?!

* Il semblerait après coup que les camions étaient garés là pour attendre l’ouverture du péage entre Gurgaon et Delhi à minuit. Et que ce racket est institutionnalisé pour les chauffeurs de taxi qui ne payent pas le péage. Je n’étais donc pas au cœur de la fomentation d’un coup d’Etat ou d’une révolution ou ni même d'une manifestation – les soulèvements sont devenus assez communs dans le coin par les temps qui courent avec les Jats piquant des colères régulièrement (cf cet article du Monde). Pfff... J'ai crisé pour rien !

lundi, 18 avril 2016

Débarquement à Gurgaon city

Mon changement de boulot, effectif le 1er mars, a entraîné d’autres bouleversements. Comme celui de déménager à… Gurgaon ! Et c’est pas rien… Pour te dire, j’ai même failli ne pas aller à l’entretien quand j’ai vu que le poste était là-bas. Gurgaon.

Gurgaon, c’est dans la banlieue de Delhi. Déjà vivre à Delhi c’est pas facile quand tu viens de Mumbai : le froid glacial l’hiver, la chaleur étouffante l’été, les coupures d’électricité, l’absence de vie de quartier – d’autres ajouteront la pollution et l’insécurité mais je n’en ai pas souffert personnellement pendant mon année là-bas.

Alors la banlieue… Surtout pour une Parisienne pure souche… Tu vois quoi…

 

Mais bon, il faut savoir mettre un peu d’eau dans son vin. Et comme mon mari était partant, nous avons fait nos valises ! Non sans, quelques semaines avant le grand départ, une petite expédition reconnaissance de logement. Durant laquelle j’ai découvert que Gurgaon n’était pas une banlieue au sens parisien du terme. C’est une ville à elle toute seule, qui se suffit à elle-même.

Une ville nouvelle qui est sortie de terre il y a une dizaine d’années et se veut ‘djeuns’. Elle a d’ailleurs réussi à attirer les multinationales, les malls et les bars qui brassent leur propre bière (il y en a des dizaines).

Mais bon, c’est quand même pas la fête du string. D’abord il y a ces barres d’immeubles qui se veulent le chic du chic avec leurs piscines, terrains de sport etc., mais ne sont pas sans rappeler les HLM et leur côté ruche. Ensuite il faut prendre sa voiture pour la moindre course. Et surtout ce champignon a poussé dans le désert et les coupures (d’eau et d’électricité) sont monnaie courante.

 

Ceci étant dit, Gurgaon offre des options de logement assez sympas, à savoir une villa avec petite piscine privée dans un complexe, ce qui assure la sécurité, et la continuité de l’approvisionnement en eau et électricité et offre aires de jeu pour les enfants et terrains de sport. On a vu pire ! Gurgaon est doc devenue tout de suite plus sexy à mes yeux après avoir visité une de ces villas !

 

Quelques semaines plus tard nous emménagions…

Et nous nous heurtâmes immédiatement aux difficultés de gérer la main d’œuvre. Surtout dans un complexe où les gardiens-femmes de ménage-chauffeurs s’organisent en mafia et profitent de l’« isolement » pour imposer leur quatre volontés.

On n’est pas à Mumbai ! D’abord les femmes de ménage. Y en a une qui fait le sol, une autre la poussière, une autre la bouffe. Au-delà du coût, ça devient stressant à gérer… J’avais pris l’habitude des femmes de ménage qui font tout, du ménage à la cuisine ! Heureusement, quand on veut on peut, et on a trouvé une parade. Et puis ayant été un peu prévenue, j’ai ramené ma nounou de Mumbai ! C’est pas faute d’avoir cherché sur place, mais je n’ai rencontré que des obstacles comme des mises en garde contre les agences de nounou, et les vols de bébé etc. Ça a donc été vite vu ! (A Mumbai on trouve cette « espèce » de nounou catholique (qui parle donc anglais) qui fait du super boulot et ne se trouve pas à Delhi où la meilleure option semble les filles du Népal.)

Ensuite le chauffeur. Dès que tu demandes un contact, on te met en garde : « il faudra bien le faire enregistrer à la police », « c’est difficile de trouver quelqu’un de confiance ». D’ailleurs pas plus tard que la semaine dernière un chauffeur a cambriolé la maison de ses employeurs méga-millionnaires. Du coup, je me garde le casse-tête pour plus tard et je conduis. D’ailleurs il faut savoir qu’à Gurgaon, les gens conduisent comme des PORCS. Si tu penses que les Indiens en général ont une conduite archaïque, tu n’as rien vu tant que tu n’es pas venu ici. Des porcs je te dis.

 

Ensuite il y a tous ces petits trucs : courir après le menuisier pour barricader la piscine, après le réparateur de clim, les chasses d’eau qui fuit, l’isolation d’un mur. Même si tu les payes pas ou à peine, ils mettent des semaines avant de revenir finir le job et toucher leur paie ! C’est de la folie…

lundi, 11 avril 2016

Petit retour sur 2015

Ah 2015... Merci! Merci pour ces découvertes : les joies de la maternité, l’hébétude du manque de sommeil, la panique des cheveux qui tombent et le bonheur des cheveux courts. Le tout sur fond de voyages, avec la Suisse, la Corse, la France, le Sikkim et le Kerala où nous avons trimballé le bébé. Avec la petite tache qui pourrait te mettre en l’air le décor : l’expérience de l’incohérence de l’Entreprise (en tout cas la mienne*) qui clame vouloir plus de femmes managers et les laisse gentiment couler quand la reprise des-dites femmes managers après un avènement est un peu houleuse.

Pour moi, le début de la fin a commencé en février quand, deux mois après la naissance de Bébé Samourai, je reçus un message de mon boss qui voulait raccourcir mon congé mat’ (de six mois selon les règles de la boîte, ou en tout cas c’est ce qu’on m’avait dit depuis que j’avais annoncé ma grossesse).

inde,bébé,congé maternité,reprise du travail,allaitementA ce titre : si quiconque se figure qu’un congé maternité s’apparente de près ou de loin à des vacances (comme moi avant l’arrivée de bébé) qu’il ou elle se détrompe. Certes il existe une espèce de mère accro au boulot qui achète un tire-lait dès le troisième mois de grossesse, accouche sans lâcher son Blackberry, engage une nounou dès la sortie de l’hôpital et bosse de la maison dès la première semaine. Mais le commun des mortelles a les neurones en berne (c'est hormonal) pendant un bon moment. Et comme un bébé, même le plus cool de la Terre (le mien en l’occurrence) mange toutes les 2-3 heures, il y a de bonnes chances que toute vidéoconférence soit interrompue par une tétée – auquel cas il ne reste plus qu’à couper le son du micro, bien ajuster la webcam et faire semblant de comprendre de quoi il retourne pendant cette réunion sur l’augmentation des salaires, sujet qui d’ordinaire déjà te passionne (ou pas) mais qui là te dépasse complètement.

Et puis au-delà du fait d’être complètement à l’ouest, il y a des mères qui ont envie de se concentrer sur leur bébé et juste pas envie d’allumer un ordinateur. LeMonde les (nous) a même catégorisées en « bobos écolos anticrise** » (excuse-moi du peu) – trentenaires, diplômées, bosseuses et ambitieuses, qui se transforment en championnes de l’allaitement : elles n’ont qu’une chose en tête, survivre et allaiter leur bébé. Acharnées elles ne lâchent rien ; pour donner le ton, des fois elles en arrivent à hurler (intérieurement) de douleur et pleurer (en silence), à mettre de la crème et des protections mammaires en plastoque mais ces p… de tétons gercés ne lui feront pas louper une tétée ! Dans la foulée elles n’hésiteront pas à continuer l’allaitement après les six mois prescrits par l’OMS ; voire après un an, soyons folles ;-) Ni même à emmener (en cachette) rejeton et grands-parents à un séminaire en France pour pouvoir continuer à donner le sein…

Et ben ces mères-guerrières, elles estiment qu’elles méritent qu’on les laisse tranquilles pendant quelques semaines, ne serait-ce qu’au nom de tous les efforts extraordinaires fournis pendant des années (et même jusqu’à 8 mois et demi de grossesse) pour prouver qu’elles sont aussi capables et rentables pour l’entreprise qu’un homme. inde,bébé,congé maternité,reprise du travail,allaitement

C’est peut-être très « bobo », voire un peu prétentieux d’affirmer, dans ces temps de crise et d’insécurité de l’emploi, qu’on les fera pas chier. Mais elles sont comme ça, elles en ont le pouvoir – même si il leur faut parfois l’aide d’un coach pour s’en rendre compte.

Donc quand on te met la pression pendant ton congé pour répondre aux mails  (des mails? Quels mails? Mais il te faut une semaine pour arriver à trouver le courage de te couper les ongles des pieds alors imagine allumer un PC ! Voilà maintenant tu comprends... que les mails... ben... comment te dire…), et puis pour rattraper le retard des six mois passés – mais ça marche pas, y a rien à faire, tu comprends rien à rien, t’arrives même à te rappeler si t’as pris une douche le matin même c’est dire. Donc tu ravales tes larmes, essayes de faire bonne figure et espère que ça finira par s’arranger. D’ailleurs ça finit par s’arranger, quand les hormones finissent par se calmer, ou juste quand la tempête passe. Mais la pilule reste quand même bien amère à avaler, même une fois la confiance en soi retrouvée et les objectifs atteints. Une fois à nouveau à flot, tu démissionnes. Et là c’est mis sur le compte d’une « crise de la maternité », i.e. une décision inconsidérée qui sera vite regrettée.

Et y a certainement un peu de vrai. Peut-être que, dans mon cas, ce retour difficile de maternité a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, dans un contexte où, pour être tout à fait honnête, j’étais un peu usée. Mais quitter une boîte qui t’a tout appris, un patron qui t'a tout appris et développée et t’a fait sentir « talentueuse » n’est pas si évident. Heureusement j’ai été aidée par ma nouvelle entreprise qui m’a contactée quelques semaines après ma reprise. Pour être précise, je venais tout juste de cramer mon tire-lait. Profitant que le bébé m’offrait – de façon très inhabituelle – deux-trois heures de répit, absorbée par la préparation d’un séminaire, j’oubliai l’accessoire dans la casserole dans laquelle il était en voie de stérilisation. Incident qui a son importance puisque la boîte en question fabrique… des tire-laits ! Mais oui mais oui !!

* En faisant un peu de recherches, il apparait qu’à peine 25% des femmes reprennent le boulot en Inde. Qui d’ailleurs tient la place 115 (sur 128) des pays sur l’échelle de l’émancipation des femmes au travail. Les entreprises virent les femmes enceintes, ou leur réduisent leur salaire et en général leur mène la vie dure. Mais il y a aussi plein de boîtes indiennes qui ont un programme « Retour au boulot ». Personnellement je préfère le terme « Retour au bureau » parce que je trouve que rester à la maison c’est un vrai boulot :

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Voici un exemple de ces entreprises qui investissent pour garder ou recruter des talents féminins qui ont pris un break – parce qu’une carrière n’a pas besoin d’être toujours linéaire…

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** « Aujourd’hui, l’allaitement maternel trouve sa place chez une population de trentenaires fortement diplômées. Cette pratique est en phase avec leurs idéaux, leurs réflexions personnelles, leur rapport au travail, au couple, et se marie bien avec une vague écolo, bobo, anticrise… » Source : http://mobile.lemonde.fr/societe/article/2015/09/22/pourq...

 Dessins de: http://www.awesomeinventions.com/doodle-diary-of-new-mom/