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lundi, 08 juin 2020

Comment appeler une belle-mère indienne?

Inde,belle-mère,bru,mamanJ’ai reçu un courrier de lectrice touchant un point épineux : comment appeler sa belle-mère indienne. Pas de pot, je suis la dernière personne à qui poser la question, je gère assez mal cette situation même si j’aime beaucoup la mienne. Alors j’ai fait un petit sondage.

Pour le contexte : en Inde, traditionnellement (en tout cas depuis plusieurs centaines d’années), la femme est une propriété qui est vendue à la belle-famille. (Le système de la dot est désormais illégal mais il est toujours bien présent.) Lors du transfert, la bru adopte sa nouvelle famille, ce qui passe parfois par un changement de prénom (suivant sa culture) et toujours par l’adoption de ses nouveaux parents qu’elle doit donc appeler papa et maman. Dans certains cas – et de plus en plus dans les familles de la classe supérieure – elle ne reverra plus ses parents. Mais dans beaucoup de cas, elle retourne quand même accoucher chez eux.

Comme le mariage est en général arrangé (dans encore plus de 90% des cas), la jeune mariée est donc censée appeler une femme qu’elle ne connaît pas « maman ». Ça ne pose aucun problème aux Indiennes, autant que je sache, c’est ancré et c’est naturel. Mais c’est une autre histoire pour les étrangères. D’autant que la discussion se passe rarement entre la bru et la belle-mère : c’est le job de la belle-sœur d’arranger ce genre de choses. Évidemment, on peut voir les choses différemment. Dès le mariage exécuté, la belle-mère adopte sa belle-fille et s’engage à l’aimer comme sa propre fille. C’est déjà plus plaisant à attendre. (Je m’arrête là sur le sujet de la belle-mère indienne mais j’ai écrit tout un chapitre dessus, dites-moi si vous en voulez plus !)

Sur 59 réponses, « Mummy » ou « Mummy-ji » (on rajouter le « ji » en Inde du nord comme signe de respect, comme dans « sir-ji » et « Amma » (plutôt du sud de l’Inde) remporte, à part égale, 40% des votes. « Mom » vient derrière avec 17%. En gros, les anglophones appellent en général leur belle-mère maman mais en utilisant un autre nom celui qu’elles utilisent pour leur propre mère. Inde,belle-mère,bru,maman

Ensuite, il y a celles qui n’arrivent pas à dépasser la barrière mentale, et qui trouvent impossible d’appeler maman quelqu’un d’autre que leur mère ; et le tour de passe-passe consistant à utiliser le même mot dans un autre langage n’y change rien. Elles représentent 15%. À table ça donne donc : « Ahem, quelqu’un pourrait me passer le sel s’il vous plaît ? » Ça pourrait être drôle si ce n’était pas un frein au développement d’une relation saine de famille et qui sait, peut-être un jour d’amour filial. En plus, il faut souvent rajouter la barrière de la langue, toutes les belles-mères indiennes ne parlant pas anglais couramment.

Dans tous les cas, l’utilisation du prénom est rarissime et à bannir, en tout cas en public. « Belle-mère » peut être toléré mais c’est assez exceptionnel. Ce qui vient souvent à la rescousse c’est les enfants : on peut alors utiliser n’importe quel terme pour grand-mère !

Pour ce qui est du beau-père, c'est le même tarif que pour la belle-mère ! Ceci étant-dit, j'entends beaucoup plus souvent des plaintes quant au fait de devoir appeler sa belle-mère "maman" qui choque plus que d'appeler son beau-père "papa". Intéressant n'est-ce pas ? Est-ce parce que les relations entre femmes sont par nature plus tendues et plus compétitives ?

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Et comment le beau-fils indien appelle-t-il ses beaux-parents ?? La réponse ici !

mercredi, 06 mai 2020

Déconfinement à l’indienne, les premières photos - Le Covid vu par une Française en Inde - 06.05

  • Nombre de cas en France : 132 967 (25 531 morts)
    • Jour de confinement : 51
  • Nombre de cas en Inde : 49 391 (1 694 morts) 
    • Jour de confinement à Gurgaon : 46 / National : 44

Pour rebondir sur mon dernier post et la supposée « exception indienne » dans la gestion du coronavirus, je voudrais noter que la courbe des cas et des décès, même si elle est bien inférieure à d’autres pays, surtout en proportion de la population, reste en augmentation constante – pas encore de plateau, ou alors je ne sais pas bien lire une courbe :

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Nous en sommes à J+2 du début du déconfinement en Inde. Les résultats ? Étant confinée dans mon cocon, je m’en tiendrai à ce qu’on me dit et à ce que je lis :

  1. C’est encore la guerre au sujet des maids, chauffeurs, jardiniers etc., le Gouvernement ayant choisi de ne pas se prononcer sur cette catégorie professionnelle et laissant le choix aux individus et gérants de résidence pour régler la situation. Dans ma résidence c’est le pugilat. Certains ont sorti un argument massue en faveur du retour des maids : à les payer à rien faire, on va les rendre paresseuses, donc il est impératif qu’elles reviennent travailler.

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Les maids qui font la queue pour aller bosser. (Source: Getty images)

  1. Le Gouvernement essaye de rendre obligatoire l’utilisation de l’appli tracking Aarogya Setu. C’est une condition pour laisser entre les maids dans notre résidence (mais pas les jardiniers) et les résidents s’insurgent, beaucoup de maids n’ayant pas de smartphone. Par ailleurs, j’ai découvert l’expression anglaise « French hat » pour qualifier un « hacker éthique ». L’un deux aurait trouvé une faille de sécurité. Le Gouvernement a nié. (source) Euh… Y en a vraiment qui croient que personne ne va utiliser les données de cette appli ? Sinon, la vie dans les bureaux reprend son cours, tout doucement.

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Reprise dans l'administration publique, avec 30% des effectifs. (Source: PTI)

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La circulation à la frontière Delhi Uttar Pradesh le 5 mai. (Source: Anil Shakya EPS)

  1. C’est la cohue pour l’accès aux wine shops. Certains respectent à peu près la distanciation sociale, d’autres pas du tout. D’ailleurs, la municipalité de Mumbai a choisi de les fermer à nouveau (ainsi que d’autres magasins de biens non essentiels). Et celle de Delhi a imposé une surtaxe de 70% sur l'alcool, le "special corona fee" ; sachant que les taxes sur l'alcool représente entre 15 et 25% des recettes fiscales des États indiens (source). On ferait bien de commencer par se demander pourquoi l'alcool ne fait pas partie des biens essentiels de consommation ?

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La queue pour acheter de l'alcool. (Source: Parveen Negi EPS)

  1. Depuis le 1er mai, des trains sont affrétés pour les « migrants » qui veulent rentrer chez eux, dans un autre État indien de celui où ils travaillent. (Il y a eu un tollé parce que ce service n’était pas gratuit (800 Rs le ticket), ce qui apparemment a été changé.) Apparemment, ils veulent vraiment rentrer, quitte à se planquer dans des bétonneuses. Apparemment, 860 000 migrants ont demandé à quitter le Punjab (soit 600 trains). (source) Alors que l’agriculture et les industries réouvrent progressivement, ça risque d’être compliqué de redémarrer si les ouvriers sont rentrés chez eux à 20 heures de train.Le Karnataka a d'ailleurs interdit à ces "trains de migrants" de circuler, pour les garder dans le coin. Certains seraient partis à pied, non mais.

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Des migrants rentrent chez eux en train. (Source: Amit Dave Reuters)

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  1. Le Gouvernement prévoit un rapatriement massif (15 000) d’Indiens bloqués à l’étranger : ‘Operation Samudra Setu’ (Pont Aérien). Au risque d’importer de nouveaux cas ? Et pourquoi maintenant ?
  1. Il commence y avoir des rumeurs d’agressivité de gens qui sortent faire leurs courses par des Indiens qui ont faim.

À suivre donc…

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lundi, 04 mai 2020

Déconfinement à l’indienne - Le Covid vu par une Française en Inde - 04.05

  • Nombre de cas en France : 131 287 (24 895 morts)
    • Jour de confinement : 49
  • Nombre de cas en Inde : 42 533 (1 373 morts) 
    • Jour de confinement à Gurgaon : 44 / National : 42

L’Inde est entrée dans le lockdown 3.0, du 4 au 18 mai. En fait, c’est un déconfinement. Pas de transports de personnes d’un État à un autre (avions, trains, bus), pas de malls, cinémas, gyms, piscines, restaurants et écoles (de toute façon les grandes vacances commencent), couvre-feu de 7 heures du soir à 7 heures du matin. Il y a des différences entre les zones rouges et vertes, mais elles ne sont pas majeures. D’ailleurs, voici un site pour savoir dans quelle zone vous vous trouvez dans les mégalopoles indiennes. Masque obligatoire, et on s’en fout qu’il soit fait avec un vieux slip. Et règles à mettre en place en entreprise pour respecter la distanciation sociale.

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Source: Ambassade de France en Inde

Bref, c’est à peu près le retour à la normale, sauf dans les zones de containment (hotspots). C’est la guerre dans ma résidence au sujet des maids. Ils ont même fait un questionnaire : pour ou contre les maids qui ne vivent pas chez leurs employeurs. Et ça se traite de noms d’oiseaux, c’est fascinant. En attendant, les wine shops ont réouverts, et apparemment ça met le bazar dans le confinement, au diable la distanciation sociale après 44 jours d’abstinence ! Surtout quand ils sont enfermés avec leur femme… Ils ont qu'à aller au spa, ça tombe bien, c'est ouvert à nouveau ça !

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À part ça, les journaux internationaux, à l’instar de mon père, commencent à se demander ce qu’il faut déduire des statistiques Covid indiennes. Les journaux sont nombreux à se poser la question de l’ « exception indienne ». 1 400 décès, c’est peanuts à l’échelle du 1,3 milliard d’Indiens. Les chiffres sont certainement faux, ne serait-ce que parce que la majorité des gens meurent chez eux ici [1], contre 26% en France (59% dans un établissement de santé, 14% en maison de retraite d’après l'Insee). Et on ne vérifie pas de quoi ils sont décédés. Et puis il n’y a pas suffisamment de tests qui sont faits.

Quand bien même, si on multipliait par 10, on serait quand même toujours largement en-dessous de la moyenne européenne. Et 1 373 morts en 52 jours, ça fait 33 par jours. En Inde, chaque jour, près de 30 000 personnes décèdent de causes diverses et variées (voir ce post et cette source).

À ce stade, on ne peut que spéculer sur les raisons. Immunité naturelle des Indiens ? Une pyramide des âges favorable avec plus de la moitié des Indiens qui ont moins de 25 ans ? Une souche moins virulente qu’ailleurs ? La chaleur qui s’est enfin installée ? Les experts disent que non, ou peut-être pas. De toute façon, je n’aime pas spéculer. Ce qui est sûr c’est que les Indiens ont mis en place un confinement particulièrement strict, n’autorisant pas les gens à rentrer chez (et potentiellement répandre le virus), et surtout en le commençant tôt – à 391 (7 morts) pour 7 340 cas (175 morts) en Inde. À voir ce que les semaines qui arrivent nous réservent…

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[1] Il n’y a pas de statistiques officielles sur le lieu de décès des gens en Inde. Juste une étude à Pune, qui a établi que 83% des Indiens préfèrent mourir chez eux.