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lundi, 16 septembre 2013

Pedro

Spéciale dédicace à ma meilleure pote qui avait choqué mes copines indiennes à Delhi en lancant une Remarque appreciative sur les fesses des rickshaw pédaleurs et sur le torse du plombier ! En Inde c'est comme si il existait une masse de gens invisibles (mais très utiles) qui se cantonnent à leurs tâches et avec lesquels on n'échange qu'un minimum de mots parce que de toute facon (très réalistement meme si c'est un peu triste et difficile à admettre pour un Francais) on n'a rien en commun...

Pas longtemps après avoir emménagé dans mon nouvel appartement à Mumbai, j'ai rencontré Pedro...   
Parce qu'il n'a pas fallu longtemps pour que mon chauffe-eau explose... Evidemment.   

Maintenant que j'ai de l'expérience dans ce genre de catastrophes ménagères (celle-ci étant facile à relativiser vu qu'il fait en moyenne 30 degrés toute l'année dans cette ville), j'ai n'a pas paniqué et je suis simplement descendue chercher une quincaillerie pour demander le numéro d'un plombier.             

Et c’est ainsi que Pedro débarqua dans ma vie. Grand, bien musclé, regard ténébreux (accentué par le soulignement au khôl), le bad boy (version indienne). Pedro prit toutes sortes de poses, perché sur mes chiottes pour atteindre le chauffe-eau et je ne pus m'empêcher de penser au jardinier dans Desperate Housewives!!     

Au moment de partir, mon nouveau plombier me recommanda de l'appeler si j'avais besoin de quoi que ce soit. Tout et n'importe quoi?? Je vous vois venir... Non, non, je me suis juste demandé à quoi d'autre il pourrait me servir que pour un chauffe-eau explose ou un tuyau bouche (de douche le tuyau!). A la vue de mon air perplexe il a cru bon d'ajouter « menuisier, peinture, électricité, n'importe quel job ». Le plombier magique !           

Ce qui s'avéra très utile car il est revenu plusieurs fois pour percer le mur et installer cadres et étagères. Il a également fait venir un menuisier pour réparer mon placard (un plombier intelligent n'est-ce pas ? Qui connait ses limites !). Il a également réparé une tringle à rideau et fait d'autres bricoles que nous ne sommes pas autorisés à faire nous-même ici. D'abord parce que c'est moins cher de trouver quelqu'un pour le faire que d'acheter une perceuse ou tout autre outil. Ensuite parce que c'est mieux fait et plus rapidement. Et enfin ça permet à quelqu'un qui en a besoin de gagner de l'argent ! Alors, pourquoi se casser la tête à faire des trous je vous le demande??! 

Pedro accourt chaque fois que je l'appelle et ça tombe très bien parce que je n'ai aucune patience quand il s'agit de mettre en place une étagère. Une fois que j'ai réalisé que j'avais besoin d'une étagère, il me la faut immédiatement. Et il a tout un réseau d'artisans (vrais menuisiers ou électriciens) qui accourent tout aussi vite ! Et puisqu'il essaye de se la péter avec son anglais, il n'hésite pas à leur dire au téléphone que c'est pour une « foreigner » - à traduire comme « Dépêche-toi, y a du blé facile à se faire »... Et ça ne me dérange pas même plus !!
Prenez l'autre jour par exemple. Pedro m'a allègrement surfacturée (j'estime qu'il m'a demandé le triple du prix « normal ») et j'étais trop fatiguée (et soulagée que mon étagère soit en place) pour discuter alors je lui ai tendu les billets avec une tête qui exprimait clairement : « je sais que tu me baises mon vieux ! ». Et devinez quoi ?? Il m'a rendu un billet !! Pour un peu je reprendrais foi en l'humanité ;)      

Et maintenant voici Pedro ! 

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        Je voulais le prendre une photo quand il posait en train de percer le mur - le bruit aurait couvert le clic-clac - mais je n'ai pas osé donc j'ai piqué sa photo whatsap. Vous en voulez un aussi de Pedro pas vrai ??!!             

Au fait, son vrai nom c'est Sameer... C'est  mon frère qui lui a donné ce surnom. Pedro/John Rowland, plombier/jardinier, Inde/Etats-Unis, même combat !

 

jeudi, 12 septembre 2013

Apprendre à savourer un chai dans un dhaba

 Je suis fière d’annoncer que mon père a développé l’expertise du « touriste qui voyage en Inde hors des sentiers battus » (autrement dit qui dort dans de super hôtels vides parce que difficilement accessibles, voyage dans des trains qu’aucun autre étranger ne prend etc..). Et maintenant je vais raconter l’anecdote qui m’a fait tirer cette conclusion… 

L'autre jour, mon père discutait avec une touriste française d’une cinquantaine d’années qui visitait l'Inde parce que sa fille y faisait un stage. Sinon elle ne serait jamais venue, nous avoua-t-elle avec honnêteté; pas sa tasse de chai l'Inde... 

 

Donc, mon père teste direct sa « touristitude » : 

- Avez-vous gouté le chai (la boisson locale faite de lait, de sucre, et d’un peu de the (et de cardamome et gingembre)) ?

- Oui, oui. 

- Mais vous avez gouté le vrai chai ?? Le chai que vous buvez dans les boui-bouis de bord de route ?  

- Oui, oui, bien sûr ! Dans ces boui-bouis. 

- (Mon père, sceptique, insiste :) Dans les dhabas, ces espèces de gargotes un peu sales, servant une nourriture (authentique, goûtue, bon marché mais) cuisinée avec le mépris le plus complet de toute règle d'hygiène ? Vous êtes sûre ?? 

- Oui, oui !! 

- Et vous n'avez payé plus de 15 roupies pour votre chai ? 

-15 roupies?? Bien sûr que nous avons payé plus !! Largement même ! 

- Ah ! Je savais bien que vous n’aviez pas été dans un dhaba !! 

 

Je sens comme un traumatisme… 

 

Mes parents n’ont pas l’air prêt d’oublier la fois où j'ai pété un câble au Rajasthan parce que je devais payer 150 roupies pour un chai dégueu dans un hôtel « pour touriste » au bord de la route !! Notre chauffeur a compris et ne nous a emmenés par la suite que dans des endroits miteux où on boit un excellent chai ! En plus si il y a bien un truc qui ne rend pas malade c’est le chai qui est bouilli et re-bouilli… 

 

Et voilà ce qui se passer quand des étrangers s’arrêtent pour une pause chai dans un dhaba dans un bled du Madhya Pradesh (on te fixe comme si tu venais tout droit de Saturne) : 

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Et voilà le dhaba en bas de chez moi à Mumbai : 

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mercredi, 28 août 2013

Clic clac Kodak

Il m’est arrivé un drôle de truc à Gwalior... J’étais en train de me promener en-dehors du fort, le jour de l'indépendance, quand un journaliste local m’a repérée et demandé si il pouvait me prendre en photo. J'étais de bonne humeur et acceptai ! J'étais même si « complaisante » qu'il s’est enhardi et m’a fait poser avec son drapeau indien, puis m'a fait déplacer d’une vingtaine de mètres afin d'avoir le fort dans le fond. Pendant tout ce temps, des dizaines de personnes prenaient des dizaines de photos de moi, à l’aise Blaise... 

Et voici le résultat :

 

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Dave Prager a parfaitement décrit (à mon humble avis) dans Delirious Delhi cette situation des Indiens qui prennent les étrangers en photo alors le mieux me semble de le citer : 

« Il y a une classe moyenne indienne [qui voyage dans le pays] et beaucoup d'entre eux sont aussi intéressés par les attractions de leur nation que nous le sommes. Et quand ils viennent à Delhi de leur région, les touristes locaux ont les mêmes objectifs que les touristes étrangers: ils veulent prendre des photos de choses qu'ils ne voient pas à la maison.

Mais tandis que notre liste inclut des tailleurs installés sur les bas-côtés et des temples sur les trottoirs, la leur inclut des touristes étrangers comme nous. Donc quand on se repose à l'ombre du Red Fort ou de la Jama Masjid, ce n'était pas rare qu'une mère nous file son bébé et que le père prenne une photo. [...]


Au début, que nous avons été choqués par toute cette attention non désirée. Nous nous sommes demandé comment les gens pouvaient être assez grossiers pour prendre en photo comme si nous avions été posés là par le ministère du tourisme. Au début Jenny s’amusait à taquiner les hommes qui s'approchaient d’elle, acceptant d’être prise en photo puis sortant son propre appareil et mitraillant les Indiens déconcertés, jusqu'à ce qu'ils s’en aillent. De temps en temps nous balancions des regards mauvais et engueulions ceux qui s’approchaient de nous avec leurs appareils photo à la main. 

 

Mais le temps passant, et notre propre album photos s’enrichissant de cliches de vendeurs de légumes, de saddhus à moitié à poil, nous avons réalisé ce que notre comportement avait d’hypocrite. Si nous trouvions les gens autour de nous fascinants, beaux et dignes d’être photographies – en les soumettant à un notre objectif  avant vite fait bien fait sans même échanger un regard – c'est injuste de ne pas accepter qu’on puisse susciter un intérêt similaire. Nous nous mimes donc à accepter joyeusement toutes les demandes de photos, offrant de larges sourires et donnant des accolades. [...]

 

Après un certain temps, nous avons réalisé qu'il était beaucoup plus agréable quand les gens nous demandaient la permission de prendre notre photo plutôt que lorsqu'ils se la jouaient paparazzi en prenant une photo de loin. Ce qui nous a appris à avoir la même considération pour nos propres sujets photographiques. Au lieu de s'arrêter soudainement, cliquer et se barrer à toute vitesse, nous avons commencé à demander l’autorisation puis à remercier nos sujets et leur montrer le résultat à l'écran. Non seulement les interactions avec les gens deviennent plus satisfaisantes, mais nos photos sont devenues bien meilleures ! »