Rechercher : sikhisme pour les nuls
Le sikhisme pour les nuls – 2/6
Qu’est-ce donc que le sikhisme ?
Pour commencer, sache que je me suis fait allumer quand j’ai demandé des détails sur la religion sikhe : « m’enfin, ce n’est pas une religion, mais une philosophie ». On m’avait déjà fait la remarque pour l’hindouisme, ce que j’avais trouvé un peu fort de chili avec les millions de dieux hindous, la ferveur religieuse et les superstitions qui y sont liées.
Mais je me suis quand même demandé à cette occasion quelle est, au fond, la différence entre religion et philosophie ? Selon Mr X, un principal de maternelle / philosophe de mes connaissances, « la religion est la forme primitive de la philosophie ». Religion et philosophie partagent le même objectif : répondre à des problèmes sociétaux, celui de ce dernier millier d’années étant : mais quel est donc le sens de la vie ? Cependant, elles divergent sur le moyen de répondre à ce questionnement : les philosophies invitent à la réflexion, à trouver soi-même la justification de notre passage sur terre. Tandis que les religions apportent des réponses toute faites qui permettent à leurs adeptes de ne plus réfléchir – il n’y a qu’à se conformer aux règles, rituels, croyances, et tout ira bien. La foi est sans doute l’élément différenciateur principal.
On m’a également expliqué que la différence du sikhisme avec les autres religions c’est qu’elle a été fondée par un homme, un « guru » (maître spirituel qui guide ses disciples) ce qui se retrouve d’ailleurs dans l’étymologie de « sikh » qui signifie « disciple » en hindi/punjabi (śiṣya en sanscrit). Mais n’est-ce pas vrai au fond des autres religions monothéistes ? Jésus, Mahomet, Bouddha n’étaient-ils pas des hommes qui devinrent des guides spirituels et furent élevés au rang de déité ou du moins de sainteté ? Selon Mr X, il faut un demi-siècle pour qu’un tel homme devienne un dieu. Par exemple, le christianisme n’a vraiment « pris » qu’avec l’empereur Constantin Ier (310-337) qui fut le premier à en faire une religion d’État, quelles qu’aient été les raisons de sa conversion. Et c’est en 431 que le concile d'Éphèse proclama que le Christ n’avait qu’une seule nature, divine, qui avait absorbé sa nature humaine.
Le sikhisme est une religion monothéiste apparue il y a 550 ans, dérivée des principes hindous et qui rassemblent aujourd’hui quelques 25 millions d’adaptes.
lundi, 02 mars 2020 | Lien permanent | Commentaires (2)
Le sikhisme pour les nuls – 1/6
Mais si, tu sais ce que c’est un sikh non ? Ces barbus enturbannés que l’on confond parfois avec des extrémistes musulmans en Occident ?
Le sikhisme c’est la plus jeune des religions nées sur le terreau fertile de l’Inde d’où ont également émergé le bouddhisme et le jainisme. Siddhārtha Gautama (Bouddha) et Mahavira ont vécu vers 500 avant J.-C. et Guru Nanak en 1500.
Plus je posais de questions autour de moi, notamment à des sikhs, pour mieux comprendre cette doctrine, plus je m’emmêlais les pinceaux.
Une dame m’expliqua que la différence principale entre le sikhisme et le christianisme c’est que les sikhns ne croient pas aux miracles. Et dans la foulée, elle me raconta la légende de Guru Nanak en visite dans le Nord-Est. Il y rencontra des villageois malheureux comme les pierres parce que leur lac était constamment gelé.Guru. Il en fit alors le tour, faisant traîner son bâton sur la glace et devine quoi ? Au printemps, le lac (de Gurudongmar) a dégelé et plus jamais regelé depuis. Mais ça ne compte pas comme un miracle pour mon guide d’un jour.
Je discutais également avec un ami « punjabi » – du Punjab, la région où est née le sikhisme et qui a été séparée de manière sanglante en deux au moment de la partition de l’Inde et du Pakistan, avec un double exode, des hindous punjabis pakistanais vers l’Inde et des musulmans punjabis indiens vers le Pakistan. J’étais étonnée qu’il se présente comme « punjabi » et non comme un « sikh » mais évoque son mariage dans un gurudwara. Il m’informa alors doctement que « tous les sikhs sont punjabis mais tous les punjabis ne sont pas sikhs ». Certains sont aussi hindous. D’ailleurs, s’il y a 28 millions d’habitants au Punjab, il n’y a « que » 16 millions de Sikhs (9 millions d’autres Sikhs vivent en-dehors du Punjab). Certes. Mais ça ne m’expliquait pas ce qu’un punjabi hindou faisait dans un temple sikh pour son mariage. C’est comme ça, la religion sikhe accepte toutes les brebis en son sein et un hindou a le droit de s’y marier – mais pourquoi ferait-il ce choix ? Mystère…
D’ailleurs, pourquoi ma femme de ménage de Pune se réclamait hindoue alors qu’elle adorait Jésus comme son « dieu préféré » et allait à l’église ? Ou pourquoi ma nounou bouddhiste fut la première à se précipiter au temple de Shiva à Chopta pour faire des offrandes ? Ou pourquoi les Sri Lankais ont construit un petit temple de Vishnu au milieu de grottes de bouddhas de Dambulla ? (Apparemment pour circonvenir la règle de Bouddha qui interdit l’idolâtrie.)
Tu vois, toi aussi tu t’y perds… ! Mais je vais essayer quand même d’éclairer un peu ta lanterne.
lundi, 24 février 2020 | Lien permanent | Commentaires (2)
Le sikhisme pour les nuls – 5/6
Les sikhs ont-ils l’âme guerrière ?
Même si les sikhs promeuvent la paix, ils sont également connus pour leurs compétences guerrières. C’est que vers 1600, les sikhs étaient persécutés par les Mogholes – la culmination étant l’exécution de leur 5ème gourou en 1606. De là, de ce besoin de ne pas se laisser faire et dominer par la violence des autres, serait née leur militarisation ; aujourd’hui encore, les sikhs représentent moins de 2% de la population de l’Inde mais entre 10 et 20% de ses soldats – le pourcentage doublant au niveau des officiers.
D’ailleurs, on appelle souvent les sikhs sardar, un terme qui désigne historiquement un chef de bataillon.
Que mangent les sikhs pour être aussi grands et forts (largement au-dessus de la moyenne indienne) ?
Dans les gurudwaras, la nourriture est strictement végétarienne. Pour autant, le choix de consommer de la viande est laissé à l’individu – du moment que la viande n’est pas halal ni kosher parce que les sikhs ne croient pas dans les rituels.
S’ils sont si grands et forts, c’est sans doute parce que leur région, le Punjab, est le grenier à grains de l’Inde (avec 70% de la production de blé), le berceau de l’agriculture et donc de l’utilisation des vaches et donc de la consommation de produits laitiers (et ils ont la main lourde sur le beurre et surtout le ghee, le beurre clarifié). Et puis le Punjab fait partie de la zone qui a reçu les envahisseurs de partout, Iraniens, Afghanistans, Grecs, laissant sans doute derrière eux quelques gènes.
La consommation d’alcool, de drogues et de tabac est en principe interdite. S'ils fument très peu, ils ne lésinent en revanche souvent pas sur la bibine. Et puis le Punjab souffre pas mal de problèmes de drogue, même si ce n'est pas exclusif aux sikhs (voir le film Udta Punjab sur le sujet).
Le bling chez les sikhs
Par ailleurs, les sikhs ont la réputation d’être de bons vivants, connus pour leur côté jovial et haut en couleurs! Ils ont d'ailleurs un style vestimentaire particulier, pour ne pas dire kitsch. Ce n'est pas pour rien qu'un film a été réalisé par Prabhu Deva en 2015, Singh is Bliing! (Attention, je ne l'ai pas vu. Les critiques sont bof mais il se laisse regarder et s'il est caricatural, n'est pas blasphématoire.) Dans la même veine, avec le même acteur (Akshay Kumar) et avec le même niveau de critiques, Anees Bazmee a réalisé Singh is Kinng en 2008.
Avec ou sans alcool, les sikhs ont la réputation (méritée) d'aimer faire la fête. Je conclus donc ce sujet sur une vidéo qui met la banane (des sikhs dansant le bhangra, une danse populaire du Punjab):
mercredi, 11 mars 2020 | Lien permanent
Le sikhisme pour les nuls – 6/6
Une brève histoire du sikhisme et sa diaspora
Le sikhisme a émergé avec Guru Nanak Dev en 1 500 et des poussières, s’inspirant de l’hindouisme et de l’islam tout en s’en distanciant. Forcément, ça n’a pas toujours plu, cet esprit de rebellion.
Le 5ème guru a été assassiné, sous ordre de l’empereur moghole Jahangir. En réponse à quoi, les Sikhs ont commencé à s’organiser militairement.
Le 9ème guru a également été assassiné, sous ordre de l’empereur moghole Aurangzeb (petit fils de Jahangir). Son successeur a équipé ses disciples des outils leur permettant de se distinguer et s’unir dans leur foi.
Après la mort de ce dernier guru, un certain nombre de leaders sikhs se sont militairement et politiquement illustrés, se rebellant régulièrement contre les Mogholes.
En 1845-46, les troupes de l’Empire britannique ont battu les armées sikhes, définitivement écrasées en 1849. Après quoi Britanniques et Sikhs se sont plutôt bien entendus, vu qu’au fond ils partageaient le même rejet du concept hindou fondamental de l’inégalité des hommes. D’ailleurs, cette bonne entente se reflétait dans les rangs de l’armée, pour laquelle les Anglais aimaient bien recruter des sikhs. Elle prit fin en 1919. En effet, depuis 1857, les Indiens commençaient à s’agiter contre la domination britannique partout dans le pays et notamment au Punjab. Le général Reginald Dyer fit assassiner 10 000 civils non armés qui s’étaient rassemblés – c’est le massacre d’Amritsar.
(Sais-tu que les Anglais ne contrôlaient pas toute l'Inde directement?
Après la partition, le Punjab s’est retrouvé divisé en deux, entre le Pakistan et l’Inde. Mais qui plus est, le Punjab oriental (indien) est resté un conglomérat de principautés pendant près de 20 ans. Ce n’est qu’en 1966 que le Gouvernement a accédé à la requête des sikhs et formé le Punjab actuel, et par la même occasion Chandigarh (territoire de l’union) et l’Haryana. Selon les Punjabis, de nombreux territoires de langue punjabie (le principe de base pour créer un État en Inde) ont été « oubliés ». Les tensions ont donc continué.
Un certain leader sikh s’est fait plus véhément que d’autres et a fini par gonfler les autorités indiennes. Indira Gandhi, fille de Nehru et présidente du parti du Congress, l’a fait déloger manu militari du Golden Temple (le lieu saint des sikhs) où il s’était réfugié – c’était l’opération Blue Star. Forcément ça n’a pas plu, et pan, un des gardes du corps d’Indira, un sikh, l’a assassinée. Et là, gros capharnaüm.
C’est alors que l’émigration punjabi (et sikhe, mais pas que), qui avait commencé dès 1949, s’intensifia. Alors que le Royaume-Uni fermait ses portes aux sikhs dans les années 70, nombreux partirent au Canada, où les sikhs représentent la 2ème ethnie avec 500 000 individus, et sont deux fois plus nombreux qu’aux Etats-Unis. On estime qu’il y a cinq et quelques millions de sikhs hors d’Inde.
Le ministre de la défense canadien, Harjit Sajjan, est sikh. Le maire de Londres, Kulveer Singh Ranger, est sikh.
Mais la vie n’est pas toujours rose non plus…
jeudi, 12 mars 2020 | Lien permanent
Le sikhisme pour les nuls – 4/6
Les signes distinctifs : pourquoi les sikhs ne se coupent pas les cheveux ? Pourquoi les sikhs portent-ils des turbans ?
Le 10ème et dernier gourou, Guru Gobind Singh, a instauré en 1699 les 5 symboles sikhs (les 5 K) :
Guru Gobind Singh fut, par auto-proclamation, le dernier gourou à forme humaine, le 11ème gourou étant le Siri Guru Granth Sahib, le Livre. Pourquoi 10 et pas 5 ou 15 gourous? Les 10 premiers se sont succédés entre 1469 et 1708, parfois avec des liens de filiation, parfois sans. Guru Gobind Singh a dû penser qu'en 240 ans, la doctrine sikhe avait atteint un niveau de perfection - c'est toujours bien de savoir dire stop, le mieux étant l'ennemi du bien, c'est connu. Ou bien il avait peur qu'un jour un usurpateur se fasse appeler gourou - il était sage, l'homme est faible et tenté par le pouvoir - d'ailleurs il trouvait la classe des collecteurs d'impôts sikhs corrompue et en ordonna la dissolution. Ou peut-être que ce gourou était doué de pré-science et savait que les Anglais, qui avaient commencé à s'installer en 1618, renverserait les vieux ennemis des sikhs, les empereurs mogholes, en 1857, et que donc les sikhs avaient moins besoin d'un gourou pour se défendre.
Quoi qu'en soient les raisons, il a laissé ses ouailles bien équipées avec: le Livre final (Adi Granth) et l'instauration d'un ordre particulier (pur) pour protéger les innoncents, le Khalsa, qui requiert:
- Une initiation, via le baptême, appelé Amrit pahul,
- Le respect d'un code de conduite (notamment lié à la consommation de nourriture),
- Le respect des 4 interdictions (se couper les cheveux, manger de la viande halal, fumer et coucher hors mariage),
- L'adoption d'un nom de famille unique (Singh pour les hommes, Kaur pour les femmes),
- Le port des 5 articles de foi (les 5 Ks).
Les sikhs non-Khalsa (les Sahajdhari sikhs) peuvent quand même suivre les préceptes, utiliser le nom Singh ou Kaur, porter le turban, sans se faire initier. Il y a aussi pas mal de branches ou courants dans le sikhisme, ce qui ne simplifie pas les choses (voir ce site).
Pourquoi introduire ces 5 attributs et tout le toutim ? Sans doute pour renforcer le sentiment d’appartenance des sikhs khalsa – on peut également donner à chaque article un symbole comme je le fais ci-dessous mais je pense que le véritable objectif était de souder les sikhs entre eux et de leur permettre de se distinguer des autres courants religieux.
- kanga (le peigne en bois) – symbole d’un corps et d’un esprit « propres ».
- kaccha (longs caleçons) – symbole de chasteté et pratique à l’armée.
- kara (le bracelet en fer) – la matière en fait un symbole religieux plus qu’un bijou et il est là pour rappeler à son porteur son lien permanent avec le guru.
- kirpan (le poignard) – symbole de défense du bon, des faibles, de la justice. D’ailleurs, selon la loi indienne, un sikh voyageant d’un point indien à un autre point indien dans un avion de ligne indien a droit de garder son kirpan avec lui si les dimensions sont conformes.
- kes (les poils (tous les poils : cheveux, moustaches, barbes, sourcils, poils pubiens etc.) non rasés) – Ne pas se couper les cheveux est un signe du peu d’importance accordé à la beauté physique, au profit de la beauté intérieure. Et puis les cheveux nous ont été donnés par dieu, ils portent une part de divin, les couper c’est blasphème. En réalité, cette règle est de moins en moins observée et 70% des sikhs couperaient leurs cheveux dans le Punjab, 30% à Delhi, que ce soit par manque de temps, à cause de la chaleur ou du désir de se fondre dans la masse (notamment hors d’Inde où le turban et la barbe sont souvent assimilés à l’islam).
Dans la foulée, Guru Gobind Singh a instauré le port du turban (dastaar ou pagri). Rien de tel pour se distinguer dans la foule. En plus c'est pratique, cela permet de contenir une longue chevelure et de la garder propre (dans un pays ensoleillé et poussiéreux, ça compte). D’ailleurs, techniquement, les femmes ont également le droit de le porter.
Sache que le turban n'a pas été inventé par les sikhs, loin de là. En Inde, depuis des millénaires, le turban est porté (encore une fois, ça tombe sous le sens avec le soleil qu'il fait). D'ailleurs, on se couvre la tête en arrivant dans un temple – au contraire des églises où on se découvre. On peut lire qu'en Inde, le turban était porté par les élites hindoues et musulmanes et que l'instaurer pour tous était un signe du Guru Gobind Singh de refuser l'inégalité et/ou de courber la tête devant d'autres. M'enfin tous les agriculteurs et éleveurs rajasthanis en portent un aussi. Quoi qu'il en soit, le turban, comme la kipa juive, est un excellent outil de distinction, et permet aux sikhs de se reconnaître et de s’entraider si besoin.
Quelques mots enfin sur le turban en lui-même.
- Il existe plusieurs tailles, plusieurs styles et plusieurs couleurs. Les couleurs ne signifieraient rien en particulier, mais apparemment les hommes sikhes sont assez friands du rose.
- Dans tous les cas, nouer le turban est une opération en soi, et à renouveler tous les matins.
- Sous le turban, les cheveux sont d'abord rassemblés sous un patka (une espèce de bandana comme le type de droite ci-dessous), que les jeunes sikhs, petits schtroumpfs, portent comme ça, avant d'avoir le droit de porter le turban.
- La barbe peut également être couverte, auquel cas son porteur a vraiment l'air de sortir de chez le dentiste.
- Les sikhs à moto ont le droit de ne pas porter de casque en Inde.
Et pour finir en beauté (ou pas), voilà à quoi ressemble un sikh en tenue maison:
mardi, 10 mars 2020 | Lien permanent | Commentaires (1)
Pourquoi en Inde les Sikhs ne se coupent pas les cheveux et portent un turban ?
Les sites dédiés au Sikhisme expliquent que les cheveux sont un cadeau de Dieu et donc on ne touche pas (1). En plus les cheveux c’est beau (comme tout cadeau de Dieu) alors plus ils sont longs plus on est beau. CQFD.
Ceci-dit, je suis de plus en plus convaincue que toute tradition ou croyance a un fondement pratique. Ainsi, si la religion sikhe est apparue en 1469, se distinguant de l’Hindouisme et de l’Islam dominant, ce n’est qu’en 1699 que fut interdite la coupe des poils (2). Or il se trouve que c’est une période charnière pour les Sikhs : acculés, ils renoncent au pacifisme fondateur et prennent les armes contre les Musulmans qui les persécutent (tout comme ils forcent les Hindous à se convertir). Or les Musulmans portent la barbe, là aussi certainement pour des raisons pratiques (« Agis contre les polythéistes, a dit le prophète Mahomet. Taille soigneusement ta moustache et laisse-toi pousser la barbe. » (3)) et les Hindous sont moustachus. Il ne reste plus qu’à tout laisser pousser pour se distinguer (sur le champ de bataille et ailleurs). Ou tout couper mais vlà l’entretien…
Et pourquoi le turban ?
Les cheveux longs c’est peut-être beau mais c’est pas pratique. Surtout quand on fait la guerre et tout. Dès lors, « le turban est à tous égards une coëffure très-commode, elle est même plus avantageuse à la guerre que nos chapeaux, parce qu'elle tombe moins facilement, et peut plus aisément parer un coup de tranchant ». (4) En plus ça évite de les salir. Et que les femmes se débrouillent (mais sans turban)…
Mais attention, tout enturbanné en Inde n’est pas nécessairement Sikh.
Par exemple, les Rajasthanais, à l’origine un peuple de fermiers et de bergers vivant dans une région à dominante désertique, se protègent avec un turban (photo en haut à droite). Qui varie en forme, taille (même si il mesure en général 8-9 mètres (5)), matériel, couleur et dessins suivant la richesse, la caste et la région du porteur ou encore de l’occasion.
Les hommes portent aussi des turbans lors des mariages (photo en haut à gauche).
Et puis nombre de portiers de grands hôtels ou de serveurs de restaurants portent turban (photo en bas à gauche). M’est avis que ça, ça date du temps des colons britanniques qui devaient trouver classe d’habiller leurs domestiques à l’indienne…
Moralité, le turban ne fait pas (seulement) le Sikh !
Questions subsidiaires : comment les Sikhs font à la piscine avec leur turban ? Comment les Sikhs font pour mettre un casque de moto ? Comment les Sikhs font pour passer les douanes avec leur kirpan (poignard (2)) ?
A la piscine, ils ôtent leur turban mais gardent la pièce de tissu qui recouvre les cheveux et les fait ressembler à des schtroumpfs et ils évitent de mettre la tête sous l’eau. Même chose quand ils font du sport.
La régulation du port du casque en Inde est un peu compliquée, vu que ça dépend des Etats. A Delhi par exemple les femmes ne sont pas obligées de le porter ! Et dans le Punjab et l’Haryana où il y a une majorité de Sikhs, le port du casque est tout simplement optionnel. De manière générale, les Sikhs ne sont pas obligés de porter le casque (qui passe pas par-dessus le turban !).
La Constitution de 1971 autorise les Sikhs à porter le kirpan en Inde. Quant à le transporter dans l’avion, ça passe en soute !
Et pourquoi les Sikhs s’appellent-ils tous Singh (les hommes) et Kaur (les femmes) ?
Le Sikhisme est une religion égalitaire, fondée sur l’absence de discrimination basée sur le genre ou la caste. Or, en Inde, les noms de famille réfèrent à la caste, la religion, la région d’appartenance, le métier (oui tout ça ! et c’est hyper compliqué !!).
Alors les Sikhs utilisent le « middle name » (l’équivalent des 2 et 3èmes prénoms chrétiens) comme nom de famille. Et ça donne « lion » pour les hommes (Singh) et « princesse » pour les femmes (Kaur).
Mais attention, le nom Singh ne fait pas (seulement) le Sikh.
Il y a des Singh qui ne sont pas Sikhs. Comment faire simple quand on peut faire compliqué ?? J