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lundi, 24 avril 2017

Au nom du père, de la belle-mère et de l'enfant roi: L'Education à l'indienne (vue par une étrangère)

On m’a demandé (c’est le début de la gloire !) de parler de l’ ‘éducation à l’indienne’. Vaste sujet ! Je me suis penchée sur la question pendant plusieurs semaines, en me cantonnant à la société que je connais et en espérant ne pas écrire trop de bêtises – difficile vu qu’en Inde on peut tout dire, le contraire est presque toujours vrai également…

inde,éducation,parenting,respect,règles,amour,efants,parentsJe me suis déjà pas mal épanchée sur l’expérience que peut être d’avoir un bébé en Inde (1). Pour faire bref, si on reprend au début, il faut savoir que la belle-mère, souvent présente à l’accouchement, est la première à tenir le nouveau-né (avant la mère oui oui). La belle-sœur doit ensuite opérer un rituel – nettoyer les tétons de la mère pour les purifier et donner au nouveau-né un mélange à base de miel (jatakarma) pour qu’il soit tout doux comme un bonbon – avant que cette dernière puisse allaiter. Le ton est donc donné dès le début : le ‘parenting’ à l’indienne c’est un plutôt du ‘familying’ ou l’affaire de tout le monde, voire surtout de la belle-mère ( ;) ), ce qui peut heurter une sensibilité occidentale de mère responsable qui a ses propres vues sur ce qu’elle veut ou ne veut pas pour son enfant. Surtout si elle a épousé un Indien et doit se plier aux rites comme la cérémonie du nom ou la boule à zéro (2).

Le fils indien est élevé, dans la tradition, pour ne jamais quitter le berceau familial, ses parents ; en ce sens il est et restera un ‘enfant roi’ toute sa vie, assisté jusqu’au bout des ongles en tout ce qui consiste la tenue du ménage – ça en fait même des mecs qui ne savent pas à quoi ressemblent une papaye autrement qu’en morceaux dans leur assiette, c’est dire. C’est à la mère, dont il ne quittera jamais les jupons sauf pour quelques incartades vers ceux de sa femme, puis à cette dernière qu’incombent ces tâches. La fille indienne est élevée pour être une bonne (obéissante) belle-fille (bonniche) et surtout une mère de famille (elle n’aura réalisé sa raison d’être et acquis son droit à être sur cette Terre que quand elle aura enfanté et c’est apparemment pour ça qu’on trouve en Inde les plus vieilles femmes primipares (3) ) ; elle ne quittera probablement son foyer que pour celui de son mari et il y a de bonnes chances qu’on ne l’autorise pas à travailler, même si elle a fait des études supérieures (ça change, mais à l’allure escargot). On lui apprend le respect, l’obéissance, le renoncement à soi et à surtout ravaler ses sentiments. Si par malheur une tragédie comme une fausse-couche arrive, « rien de sert de pleurer il faut oublier et aller de l’avant ». Faire le deuil, vivre ses émotions, et puis quoi encore ? C’est exprimé un peu abruptement mais c’est encore bien comme ça.

Mais revenons à cette notion d’enfant roi. Les parents français aiment leurs enfants, mais essayent de limiter le bouleversement que leur arrivée implique, autrement dit de ne pas sacrifier (toute) leur vie à l’autel de celle de leur marmaille. Par exemple l’’intimité’ du couple garde son importance et guide l’organisation du couchage. Quels Occidentaux (à part les Bobos qui remettent à la mode le ‘co-dodo’) ne s’horrifieraient pas à l’idée que les enfants dorment avec les parents ?! Jusqu’à 4 ans au moins ! Je me souviens avoir été choquée de ne pas trouver de chambre d’enfant (ni pour dormir ni pour jouer) chez un collègue indien qui avait pourtant deux pièces à coucher dans son appartement. En Inde, non seulement les enfants dorment dans le même lit que leurs géniteurs, mais également aux mêmes heures. Evoque des « horaires fixes de coucher et de repas » et on te regarde comme un monstre. Ici l’enfant vit au rythme de la maisonnée dès ses premières heures et immédiatement le monde se met à tourner autour de lui. C’est qu’intrinsèquement, le couple a peu d’importance en Inde, perdu dans le concept plus global de la famille (des beaux-parents, des enfants, des cousins, tout ça doit vivre en harmonie, et le couple (en général un couple de raison et non d’amour) doit faire les efforts qu’il faut pour ça). Dans beaucoup de sociétés occidentales, le couple est fondateur, et on conçoit même que le bonheur des enfants passe d’abord par celui du couple parental – dans notre Occident individualiste le bonheur passe par la réalisation de soi, en Inde par celui de l’accomplissement de son devoir, et TOUTE la différence est là. Pas de honte donc à partir en vacances sans son tout-petit, ce qui ne traverserait pas l’esprit d’un Indien (en plus du fait que la notion de ‘vacances’ est somme toute assez nouvelle et se limite en règle générale à rendre visite à de la famille et non pas d’aller se dorer la pilule sur la plage ou randonner dans les montagnes (sauf s’il y a un temple à voir)). On emmène également de tout jeunes enfants au cinéma voir des films d’adulte et des spectacles mettant en scène une mythologie pleine de monstres, ou on les traîne même dans les bars. Et pour finir, on ne le laisse pas pleurer les petits, c’est péché. Apparemment il serait pourtant bénéfique de les laisser exprimer leurs sentiments, que ce soit de la colère ou de la tristesse, mais ça choque trop les sensibilités.

inde,éducation,parenting,respect,règles,amour,efants,parentsLe parent indien couve son petit ; ce qui ne veut pourtant pas dire qu’il l’arme pour survivre dans ce monde de brutes, à devenir indépendant, un individu à part entière ; l’individualité n’occupe en effet qu’une place bien modeste dans la structure familiale indienne. Le nouveau-né est une ‘chose’ qui passe de bras en bras, qui ‘appartient’ un peu à tout le monde, un prolongement de ses parents auquel on ne prête pas vraiment de personnalité propre, encore moins une que l’on respecte. (Je passe pour une illuminée quand j’offre à mon fils de deux ans de choisir ses vêtements lui-même.) La couvaison est plutôt du genre physique, avec des mères terriblement à l’écoute de leur petit : petits qu’elles allaitent très tard, qu’elles massent quotidiennement, qu’elles portent tout le temps. En Inde nous sommes dans une vraie culture du toucher, versus un environnement Occidental plus porté sur le parler avec des enfants qu’on laisse très longtemps allongé seul avec leurs mobiles, des enfants auxquels des mères cherchent à enseigner très très tôt à ne pas être trop ‘attachés’ car la séparation va venir vite. Bref, la mère indienne arrive même dès les premiers mois à détecter quand il va poser une pêche et arrive ainsi à le rendre ‘propre’ presque avant que ses sphincters ne soient suffisamment développés. Une méthode consiste à se balader derrière le gosse avec du papier journal, et le lui glisser sous les fesses dès qu’on repère les signes d’une défécation imminente. Si ça rate, y a plus qu’à ramasser le tout avec la feuille. Une technique complémentaire offre de laisser le bébé sans couche jouer au bac à sable et laisser sécher la pisse quand ça coule dans le pantalon – je trouve ça risqué l’hiver mais bon – apparemment les enfants apprennent vite dans ces cas-là et puis l’économie de couches soulage tout le monde : le porte-monnaie et la planète.

Quand les mères françaises vont au parc, on les trouve en général assise sur un banc à papoter pendant que la marmaille s’ébat à sa guise ; et ça me fascine. Les mères indiennes, si elles allaient au parc au lieu d’y envoyer la nounou, passeraient leur temps à courir derrière leur gosse. Un peu comme moi donc. Enfin, le comble c’est quand même ce directeur d’une chaîne de magasins pour enfants qui me vantait les mérites d’une innovation qui devrait faire un tabac en Inde : un casque pour protéger l’arrière du crâne quand les bambins tombent, parce que « tu n’imagines pas le nombre de mères qui passent leur journée à courir derrière leur progéniture avec un oreiller pour éviter qu’elle ne se blesse en apprenant à marcher » !! Si c’est pas de la couvaison dans les règles de l’art ça… (ceci-dit je n’ai personnellement jamais été témoin de ce genre de comportement).

Et la bouffe ! Le nerf de la guerre, me direz-vous. Nourrir un enfant en France semble assez simple : on le met à table, il mange tant mieux, il mange pas tant pis, il aura son plat réchauffé au dîner. Nourrir un enfant en Inde, c’est juste l’inverse : parents et grand-parents passent leur journée à enfourner qui un bout de chapati qui un morceau de sucre dans le goulot du petit, en général occupé à autre chose. Rien d’étonnant à ce que les adultes indiens soient les champions du grignotage (et c’est souvent pas des fruits qu’ils boulottent mais plutôt des trucs fris bien gras) ! Et puis à chaque visite, les premiers commentaires portent sur le poids de l’enfant – à savoir qu’en général plus il est gros mieux c’est, où « dodu » signifie « en bonne santé ».

C’est donc un peu tout ça, l’enfant roi : celui qu’on ne laisse pas pleurer, à qui on donne la becquée à longueur de temps. Sauf que l’enfant roi il se prend bien vite la réalité en pleine face et c’est d’autant pluinde,éducation,parenting,respect,règles,amour,efants,parentss dur quand il a été habitué à tout autre chose pendant ses tendres années : quand toutes ses mignonneries ne sont plus de son âge, il a intérêt à grandir fissa. Par exemple, quand je racontais que mon fils venait d’appeler son père par son prénom pour la première fois et que je trouvais ça trop chou, on m’a expliqué qu’à deux ans ça fait rire tout le monde et qu’à cinq il se prendrait une baffe. Ils ont la main assez lourde les Indiens, les claques pleuvent et même les instituteurs n’y vont pas avec le dos de la cuillère – bref, la France il y a quelques décennies. Faut dire aussi qu’en Inde, le ‘respect’ des plus âgé est sacré. L’enfant est roi mais pas dieu non plus ! Il est donc de très mauvais goût de remettre en question ses parents, pire de leur désobéir (surtout sur des sujets à peine primordiaux comme les études, la carrière et le mariage, là point de discussion) – c’est presque inconcevable pour un Occidental habitué à contester tout et tout le temps et avec tout le monde. Le dialogue est donc parfois difficile, en plus du fait que certains sujets sont complètement tabous, comme la sexualité (et ses abus), l’alcool, les drogues etc. Bref on passe sous silence pas mal de discussions fondamentales et sensibles, parce qu’ « ici on ne parle pas de ces choses-là ». Il est d’ailleurs assez intéressant de constater que vivre ensemble à beaucoup ne signifie pas vraiment communiquer mieux, au contraire. Les Indiens, qui sont pourtant de grands émotifs, expriment peu leurs sentiments, il faut savoir lire entre les lignes. C’est ainsi que les langues indiennes n’ont pas vraiment de mot pour exprimer l’amour, l’amour de parent, ou d’enfant, ni même de partenaire. Selon une personne proche, l’amour s’exprime en Inde non par les mots mais par les gestes, « comme préparer un plat préféré ». Et on revient encore à la bouffe c’est dingue !! (J’aurais bien rétorqué qu’en Europe il faut les mots ET les gestes – c’est tout un job d’’entretenir’ l’amour – mais à quoi bon.) Bref on ne se dit pas je t’aime, on vit rarement une histoire d’amour délirante, et c’est sans doute pour ça que Bollywood fait souvent dans la guimauve : ça envoie du rêve (ou plutôt du fantsme) !

Et pour conclure sur l’enfainde,éducation,parenting,respect,règles,amour,efants,parentsnt roi, le moment où il commence à réaliser que la vie c’est pas que du gâteau c’est quand la scolarisation démarre. Ça peut donc commencer tôt. En Europe on a dû développer des crèches pour que les mères puissent travailler et on a fini par se mettre du baume au cœur en se convainquant que c’est un choix (alors qu’en fait non, c’est une nécessité), et que c’est mieux pour les enfants de ne pas être à la maison dès leur plus jeune âge – ce que je crois n’être pas tout à fait vrai. Alors en Inde, malgré bon nombre de femmes au foyer, entourées par toute la belle-famille et soutenues par la nounou, de plus en plus d’entre elles se dépêchent de mettre leur rejeton à l’école, « pour qu’il se développe plus vite ». Une explication qui me fait bondir à chaque fois, une réponse systématique quand je demande pourquoi à une mère qui insiste pour que je mette mon fils depuis ses douze mois à l’école. Mais pourquoi faut-il toujours aller plus vite que la musique ?? Surtout qu’une fois qu’ils sont dans le système, les enfants subissent une pression incroyable car la compétition est rude et les places sont chères : beaucoup de jeunes et une classe pauvre prête à se battre pour s’en sortir (et c’est juste 70% de la population), pas assez de bonnes institutions et des quotas pour les basses castes, pas d’assurance chômage ni de retraite etc. Bref si t’as pas la gnack ou tes parents de la thune, t’es mort. L’enseignement est donc tout un business, un véritable ‘investissement’ dont on attend un retour et qui ne s’arrête pas à l’école laquelle peut coûter des fortunes : les gosses passent presque autant de temps (et les parents dépensent presque autant d’argent) pour les cours de soutien ! Et la nouvelle tendance c’est les activités extra-scolaires : les jeunes doivent cartonner en cours, au tennis et à la guitare. Pas beaucoup de répit…

Bref chaque parent fait de son mieux pas vrai ?! Mais en Inde où la société évolue vite et intègre beaucoup de concepts occidentaux en conflit avec un système de valeurs et de traditions à la peau dure, il y a de quoi s’y perdre quand on a un enfant à élever !
 

(1) http://www.indiansamourai.com/list/mes-docs/bebe-samourai-made-in-india.html et http://www.indiansamourai.com/list/mes-docs/bebes-made-in-india.html

(2) http://www.bbc.co.uk/religion/religions/hinduism/ritesrituals/baby.shtml

(3) http://www.dailymail.co.uk/health/article-3582592/Indian-woman-70-gives-birth-baby.html

lundi, 31 octobre 2016

Voyager/vivre en Inde avec un enfant

Notre petite virée en Europe m’aura aidée à réaliser une grosse qualité des Indiens, mais alors une très grosse : ils aiment les enfants. Ce qui veut dire, concrètement, qu’ils ne te regardent pas de travers quand tu montes dans le train avec ton gosse (qui n’a même pas encore ouvert la bouche qu’il est déjà perçu comme une source d’emmerdes).

Qu’ils ne te font pas des réflexions dans une queue d’aéroport quand tu exploses ton smoothie au sol en essayant d’attraper ton gamin qui remue pas mal, et avant même que tu aies le temps de sortir tes mouchoirs pour nettoyer, « ah bah voilà, formidable » (je lui ai dit de se détendre du string à ce gros con d’Allemand).

Qu’ils ne t’autorisent pas à diner dans leur restaurant sous la condition express que le petit reste sanglé sur sa chaise haute (autant dire que je suis allée le manger dans un autre bouiboui écossais mon fish and chips).

Qu’il y a peu de chance qu’une hôtesse indienne vienne te dire, après une heure de vol, que ton bébé a été « particulièrement pénible » (il a juste crié pendant dix minutes mais ladite hôtesse ne me laissa pas me lever pour le distraire, à cause du chariot et de sa règle stupide qu’on ne peut pas s’asseoir par terre au pied de son siège alors que ça ne dérange que le mur) et que « la prochaine fois il vaudrait mieux qu’il voyage en éco » (Non mais t’es fière de toi, grosse connasse de Swiss Air ??).

Qu’ils vont certainement essayer de te distraire ton enfant dans l’avion si il fait un peu de bruit, ou venir te suggérer de le nourrir (c’est un peu énervant cette manie d’expliquer n’importe quel pleur par de la faim, mais au moins ils essayent d’aider au lieu de t’enfoncer dans ta détresse de mère qui dérange le peuple).

Qu’ils vont le prendre avec eux et leurs propres enfants pour te laisser « déjeuner en paix » au restaurant. (T’es un peu gênée, tu oses pas, tu craques et tu leur es éternellement reconnaissante de cette micro pause.)

Des fois c’est un peu extrême : il n’est pas rare de voir des enfants dans des bars, tard la nuit, avec leurs parents. Ou des tout petits au cinéma, pour des films d’adulte ; enfin quand on voir l’exposition des mioches à la mythologie hindoue (pleine de violence, de sexe, de trahison) dès leur plus jeune âge (voir cette note), on peut bien se dire qu’un film interdit aux moins de 16 ans c’est pas si terrible).

Inde,enfants,bébés,bruit,Swiss AirJ’ai un peu l’impression qu’en Europe – et j’avoue avoir été comme ça avant d’avoir un marmot – que le bébé est avant tout perçu comme une nuisance, une source de bruit et de désagréments et tu ne veux SURTOUT pas être à côté de lui dans l’avion. Ni nulle part ailleurs. Et finalement c’est un peu triste. Les enfants c’est la vie, l’avenir, l’énergie, l’innocence qu’on perd tous un peu grandissant et qu’ils nous redonnent si on sait les regarder et les laisser vivre. C’est aussi un peu triste de ne même pas leur laisser leur chance, de croire tout de suite qu’ils vont te pourrir ton moment. Enfin moi j’dis ça, j’dis rien, je suis ptêt complètement à côté de la plaque…

lundi, 17 octobre 2016

Entre mythologie et réalité: que de violence!

Nous sommes mardi. C’est Dussehra. Un festival tout en douceur où l’on fête la victoire du Dieu Ram sur le démon Ravan qui avait enlevé la femme de ce dernier, Sita. La copropriété avait organisé une petite commémoration pour l’occasion. Nous sommes arrivés en pleine bataille d’Hanuman, le Dieu singe, peinturluré en rouge, tout autant  terrifiant que ces camarades ou ennemis à moustache qui se battent.

J’emmène Bébé Samourai sur le devant de la scène (le seul endroit où il y a un peu de place) mais avec ces déguisements monstrueux et la musique dans les baffles à décorner des bœufs, il prend peur et je ne peux lui en tenir rigueur. Quelle explosion de violence ! Nous nous éloignons donc un peu de cette pollution auditive et attendons patiemment le ‘clou’ du spectacle : ils vont mettre le feu à un démon géant (bien cinq mètres au garrot), et à son frère et son fils !! Nous sommes assis à même le gazon, le sol est un peu en pente. Je tiens Bébé Samourai bien serré dans mes bras. image1.JPGLes démons sont sur notre droite, à quelques mètres, derrière une corde de sécurité. Je regarde la foule sur ma gauche, fascinée par tout ce monde. Et là, tout d’un coup, une énorme déflagration. Ma tête fait 180 degrés et je vois cette statue géante en feu, des débris enflammés qui volent de partout, des gens qui courent dans tous les sens, et, pour ajouter à la confusion, ça continue de pétarader, mitrailler. Je panique. Complet. J’attrape mon petit et essaye de me lever. Raté, je me casse la figure. Je mets alors à ramper. Quand j’aperçois enfin mon Indien préféré ! Je lui crie d’attraper le bébé, m’accroche à lui pour me relever, récupère mon fils, et entre deux sanglots terrifiés, je cours, je vole, je sauve mon enfant des flammes, je tuerais pour nous sauver la vie.

Arrivés en lieu sûr, je bouche les oreilles de Bébé Samourai alors que le troisième machin explose avec ses centaines de pétards. Et le cirque est enfin terminé. C’est seulement la présence de la nounou (faut quand même pas se laisser aller devant le personnel, hein, madame) qui m’empêche de me mettre à hurler et pleurer mon angoisse. Une demi-heure plus tard je cesse de trembler, examine mon genou ensanglanté, et me remets doucement du choc…

Il y a 8 ans, lors de mon premier Diwali à Mumbai, un abruti m’avait explosé un pétard à trente centimètres, manquant de justesse de me laisser sourde d’une oreille, et me vaccinant ainsi contre Diwali en ville. Je me suis depuis toujours carapatée dans les endroits les plus reculés de l’Inde à cette période de l’année. Voilà, ce sera pareil pour Dussehra dorénavant !!

La scène vue par mes voisins pas occupés à la fuir: