lundi, 02 mars 2020
Le sikhisme pour les nuls – 2/6
Qu’est-ce donc que le sikhisme ?
Pour commencer, sache que je me suis fait allumer quand j’ai demandé des détails sur la religion sikhe : « m’enfin, ce n’est pas une religion, mais une philosophie ». On m’avait déjà fait la remarque pour l’hindouisme, ce que j’avais trouvé un peu fort de chili avec les millions de dieux hindous, la ferveur religieuse et les superstitions qui y sont liées.
Mais je me suis quand même demandé à cette occasion quelle est, au fond, la différence entre religion et philosophie ? Selon Mr X, un principal de maternelle / philosophe de mes connaissances, « la religion est la forme primitive de la philosophie ». Religion et philosophie partagent le même objectif : répondre à des problèmes sociétaux, celui de ce dernier millier d’années étant : mais quel est donc le sens de la vie ? Cependant, elles divergent sur le moyen de répondre à ce questionnement : les philosophies invitent à la réflexion, à trouver soi-même la justification de notre passage sur terre. Tandis que les religions apportent des réponses toute faites qui permettent à leurs adeptes de ne plus réfléchir – il n’y a qu’à se conformer aux règles, rituels, croyances, et tout ira bien. La foi est sans doute l’élément différenciateur principal.
On m’a également expliqué que la différence du sikhisme avec les autres religions c’est qu’elle a été fondée par un homme, un « guru » (maître spirituel qui guide ses disciples) ce qui se retrouve d’ailleurs dans l’étymologie de « sikh » qui signifie « disciple » en hindi/punjabi (śiṣya en sanscrit). Mais n’est-ce pas vrai au fond des autres religions monothéistes ? Jésus, Mahomet, Bouddha n’étaient-ils pas des hommes qui devinrent des guides spirituels et furent élevés au rang de déité ou du moins de sainteté ? Selon Mr X, il faut un demi-siècle pour qu’un tel homme devienne un dieu. Par exemple, le christianisme n’a vraiment « pris » qu’avec l’empereur Constantin Ier (310-337) qui fut le premier à en faire une religion d’État, quelles qu’aient été les raisons de sa conversion. Et c’est en 431 que le concile d'Éphèse proclama que le Christ n’avait qu’une seule nature, divine, qui avait absorbé sa nature humaine.
Le sikhisme est une religion monothéiste apparue il y a 550 ans, dérivée des principes hindous et qui rassemblent aujourd’hui quelques 25 millions d’adaptes.
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lundi, 24 février 2020
Le sikhisme pour les nuls – 1/6
Mais si, tu sais ce que c’est un sikh non ? Ces barbus enturbannés que l’on confond parfois avec des extrémistes musulmans en Occident ?
Le sikhisme c’est la plus jeune des religions nées sur le terreau fertile de l’Inde d’où ont également émergé le bouddhisme et le jainisme. Siddhārtha Gautama (Bouddha) et Mahavira ont vécu vers 500 avant J.-C. et Guru Nanak en 1500.
Plus je posais de questions autour de moi, notamment à des sikhs, pour mieux comprendre cette doctrine, plus je m’emmêlais les pinceaux.
Une dame m’expliqua que la différence principale entre le sikhisme et le christianisme c’est que les sikhns ne croient pas aux miracles. Et dans la foulée, elle me raconta la légende de Guru Nanak en visite dans le Nord-Est. Il y rencontra des villageois malheureux comme les pierres parce que leur lac était constamment gelé.Guru. Il en fit alors le tour, faisant traîner son bâton sur la glace et devine quoi ? Au printemps, le lac (de Gurudongmar) a dégelé et plus jamais regelé depuis. Mais ça ne compte pas comme un miracle pour mon guide d’un jour.
Je discutais également avec un ami « punjabi » – du Punjab, la région où est née le sikhisme et qui a été séparée de manière sanglante en deux au moment de la partition de l’Inde et du Pakistan, avec un double exode, des hindous punjabis pakistanais vers l’Inde et des musulmans punjabis indiens vers le Pakistan. J’étais étonnée qu’il se présente comme « punjabi » et non comme un « sikh » mais évoque son mariage dans un gurudwara. Il m’informa alors doctement que « tous les sikhs sont punjabis mais tous les punjabis ne sont pas sikhs ». Certains sont aussi hindous. D’ailleurs, s’il y a 28 millions d’habitants au Punjab, il n’y a « que » 16 millions de Sikhs (9 millions d’autres Sikhs vivent en-dehors du Punjab). Certes. Mais ça ne m’expliquait pas ce qu’un punjabi hindou faisait dans un temple sikh pour son mariage. C’est comme ça, la religion sikhe accepte toutes les brebis en son sein et un hindou a le droit de s’y marier – mais pourquoi ferait-il ce choix ? Mystère…
D’ailleurs, pourquoi ma femme de ménage de Pune se réclamait hindoue alors qu’elle adorait Jésus comme son « dieu préféré » et allait à l’église ? Ou pourquoi ma nounou bouddhiste fut la première à se précipiter au temple de Shiva à Chopta pour faire des offrandes ? Ou pourquoi les Sri Lankais ont construit un petit temple de Vishnu au milieu de grottes de bouddhas de Dambulla ? (Apparemment pour circonvenir la règle de Bouddha qui interdit l’idolâtrie.)
Tu vois, toi aussi tu t’y perds… ! Mais je vais essayer quand même d’éclairer un peu ta lanterne.
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lundi, 30 décembre 2019
Pollution en Inde - 6. Traitement des déchets
Ne leur jetons pas la pierre, Pierre. Pendant des années nous avons envoyé nos ordures dans des pays comme l’Inde, y compris les bateaux à démanteler, du e-waste, des produits dangereux et du plastique à recycler. La Chine, qui a récupéré 46% des déchets plastiques mondiaux entre 1988 et 2016, a dit stop en 2017, mettant fin aux importations de ces ordures. L’Inde a suivi début 2019, en tout cas sur le papier. (voir article)
L’Inde urbaine (32% de la population) génère 62 millions de tonnes de déchets chaque année,soit 150 kgs par personne. - contre 500 kgs par Français (13,8 tonnes si on ajoute les déchets de l'industrie). Imagine quand les pauvres (70% des Indiens) auront assez d'argent pour consommer, pour se payer des couches (500 000 sur 25 millions de bébés en portent) ou des serviettes hygéniques (moins de 20% y auraient accès)... Un Indien consomme en moyenne 11 kgs de plastique par an, soit 10 fois moins qu'un Américain (109 kgs).
Moins de 60% des déchets sont collectés et environ 15% sont traités. Près de 40% du total des déchets sont organiques, 22% sont recyclables et 9% sont dangereux.
Face à la pression croissante du public, le Gouvernement indien a émis une nouvelle réglementation sur la gestion des déchets solides en 2016.
Les décharges sont le troisième émetteur de gaz à effet de serre en Inde.
En Inde, le tri a du mal à se mettre en place. Mais il faut savoir qu’il existe une catégorie professionnelle (les rag-pickers ou chiffonniers) qui s’occupent de le faire pour tous. On estime qu’ils sont deux millions aujourd’hui en Inde à vivre dans des décharges grâce à la collecte et à la vente de matières recyclables à partir des déchets mélangés.
Une solution parmi tant d’autres : le taux de collecte doit être amélioré pour éviter le déversement illégal et le brûlage de déchets aux coins des rues et des terrains inoccupés. Par ailleurs, le système de ségrégation à la source et de gestion décentralisée des déchets devrait être mis en place (sur le modèle de Pune et Bangalore), le Gouvernement central créant un cadre national approprié pour inciter et surveiller la mise en œuvre par les États.
08:30 Publié dans IncredIble India, Les insolites de l'Inde en photo, Pourquoi en Inde... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inde, pollution, plastique, recyclage, ordures, traitement des déchets | Imprimer |
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