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mercredi, 25 mars 2020

C’est parti mon kiki - Le Covid vu par une Française en Inde - 25.03

  • Nombre de cas en France : 25 233 (1 331 morts)
    • Jour de confinement : 8
  • Nombre de cas en Inde : 562 (9 morts)
    • Jour de confinement à Gurgaon : 3 / National :1

Ça y est, Modi ne blague pas. Confinés. Tous. Et ça va barder pour ceux qui ne s’y plient. Pour 21 jours.inde,corona,coronavirus,covid,épidémie,lockdown,confinement

Pour ceux qui sont long à la comprenette, il nous a montré un poster Co pour Koi (personne), Ro pour Road (rue), Na pour Nahi (non). Co-ro-na = Personne-dans-la-rue

Les chantiers sont arrêtés – les policiers empêchent les ouvriers d’accéder aux sites. D’ailleurs, ils vont aussi dans les quartiers où vivent les employés de maison pour les empêcher de sortir de chez eux. Du coup, certains errent, cherchant à rentrer chez eux sans moyen de transport :

 

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Même si l'activité des entreprises de première nécessité est autorisée, les travailleurs n'arrivent pas à aller sur leur lieu de travail. Il y a un système de pass, qui nécessite entre autres d'avoir une pièce d'identité et des photos d’identité, ce qui n'est pas le cas de bon nombre d'ouvriers. Et d’un autre côté, les familles ne laissent pas leurs hommes aller travailler, effrayés par le discours du Premier Ministre qui a utilisé des mots comme « restez chez vous ou vous allez mourir et tuer votre famille ».

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Mon Indien préféré a voulu aller en voiture au mandi (le marché de gros) ce matin, et la police ne l’a pas laissé passer. Nos petits magasins de quartier sont fermés, les entreprises qui livrent de la nourriture n’ont pas assez de personnel pour assurer les livraisons. Les vendeurs de fruits et légumes n’opèrent plus. Le supermarché local est ouvert et bien achalandé. Comme en France, une queue à l’extérieur s’impose, avec distanciation sociale. D’ailleurs j’ai proposé de faire les courses pour une voisine nouvellement débarquée de Dubai qui n’a pas de voiture (et Uber ne fonctionne plus) et elle s’est lâchée, glaces et tout ça ! Le Gouvernement recommande de se faire livrer les courses – un luxe auquel nous sommes habitués ici – mais ça risque de prendre un peu de temps à se mettre en place. Surtout si les livreurs se prennent des coups de bambou quand ils veulent aller bosser :

La bonne nouvelle, c’est que les voisines ont cessé de pleurer à cause de leur femme de ménage que la copropriété ne laissait pas passer. Et surtout que certaines ONG ont été autorisées à organiser des distributions de nourriture pour certains.

La moins bonne nouvelle c’est que les singes sont arrivés dans la copropriété – ils vont commencer à avoir faim puisque les temples sont fermés – pourvu que ça ne dégénère pas. Et qu’internet s’est considérablement ralenti cet après-midi.

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Pour conclure, globalement, cela ressemble à un miracle. J’aurais pas cru qu’on arriverait à boucler les Indiens chez eux, ne serait-ce que parce que je ne vois pas comment ceux qui vivent à 5 dans 15 mètres carrés peuvent survivre. Le confinement est mis en place de manière musclée. Espérons que toutes ces mesures ont été prises à temps. Apparemment, elles vont encore se durcir.

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lundi, 23 mars 2020

Le Covid vu par une Française en Inde - 23.03

  • Nombre de cas en France : 19 856 (860 morts)
    • Jour de confinement : 6
  • Nombre de cas en Inde : 468 (9 morts)
    • Jour de confinement à Gurgaon : 1

Assez parlé de moi et de mes petites préoccupations de privilégiée. Parlons d’une population à risque : les personnes âgées, qui ne sont pas franchement à l’abri en ce moment en Inde : soit ils vivent avec leurs petits-enfants, soit ils sont dans la rue…

Inde,coronavirus,corona,virus,covid-19,épidémie,santéSais-tu qu’il y a en Inde 104 millions de personnes de plus de 60 ans, avec une quasi-parité d’hommes et de femmes (source). 15 millions vivent seuls, et 75 % de ces solitaires sont des femmes. Cela fait plus de 11 millions de femmes âgées livrées à elles-mêmes (source).

En plus, 65 % des personnes âgées vivent pauvres et sans source de revenus (source). Or personne ne s’intéresse à ces oubliés de la croissance, à ces vieux parfois abandonnés qui ne feraient qu’exceptionnellement le choix de vivre en autarcie – sauf pour les vrais et rares Indiens traditionnels qui abandonnent tout pour vivre l’étape finale du renoncement au monde, sannyasa, où l’homme, ascétique, se retire du monde.

Mais la réalité est telle que le législateur a dû intervenir en 2007 avec le Maintenance and Welfare of Parents and Senior Citizen Draft Bill. Désormais, théoriquement et légalement, les enfants et petits-enfants biologiques qui abandonnent ou maltraitent leurs « vieux » de plus de 60 ans, et ceux qui ne leur versent pas de pension alimentaire, sont passibles d’emprisonnement (3 mois maximum dans le premier cas, 1 mois dans le deuxième).

Tu hallucines ?? Sache qu’en France, le droit (article 205 et suivants du Code civil) oblige également les enfants à aider leurs parents dans le besoin ! Le montant de l’obligation alimentaire sera calculé par le tribunal selon les capacités financières des descendants et les besoins du bénéficiaire, sauf si ce dernier a manqué à ses devoirs envers sa progéniture (abandon, agressions, etc.). En revanche, contrairement au droit indien, le droit français est muet sur les violences et la maltraitance des parents par les enfants… Les Indiens auraient-ils en plus la main leste sur les anciens, à qui on doit pourtant un respect inconditionnel ?

Une étude, Recent Research on Widows in India, de Marty Chen et Jean Dreze (1995), a par ailleurs montré qu’à âge égal, le taux de mortalité des veuves est 86 % plus élevé que chez les femmes mariées – et 80 % chez les hommes. Il est donc évident que les privations sont majeures en cas de veuvage.

Dans un contexte où il n’y a ni retraite ni Sécurité sociale, où 97 % de la population vit avec moins de 300 dollars par mois (ce qui comprend les 22 % de la population qui vivent sous le seuil de pauvreté défini en 2015 à 1,90 dollar par jour), et 14,5 % sont sous-nourris (selon le rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture de 2017 (source)), la sélection naturelle reprend parfois le dessus. Une bouche à nourrir est une bouche à nourrir ; et une bouche inutile est une bouche en trop.

Notons d’ailleurs qu’en matière de sécurité matérielle et sociale, en Inde, c’est la famille, voire le clan plus élargi, qui en fait office. L’argent qu’un membre gagne est un peu celui de tous les autres. Dans les campagnes, où les gens gagnent leur pitance au jour le jour et n’ont presque pas d’économies, c’est le village qui fait figure de banque, qui avance les roupies en cas d’urgence, pour un mariage ou un accident. Traditionnellement, les gens possèdent un réseau très dense (qui reposent sur la famille au sens large, les communautés religieuses et ethniques) et très actifs. Ils s’entraident. En espérant qu’on leur rende la pareille quand leur tour d’être dans la dèche viendra, mais surtout par obligation morale. En fin de compte, ce système est la seule forme d’assurance contre la mauvaise fortune (une perte d’emploi ou une mauvaise récolte), avec des cadeaux, des prêts et d’autres formes d’assistance en cas de coup dur. D’où l’importance de maintenir de bonnes relations avec toute la famille, les voisins, et tout le monde. Même si cette assurance informelle a ses limites, notamment quand la maladie frappe durement, car alors les coûts d’hospitalisation sont en général tellement élevés qu’on préfère laisser la famille se débrouiller, le contrat social n’étant pas assez élaboré pour gérer cette situation.  

En plus du facteur de précarité économique, il y a également les nouvelles tendances qui changent complètement la donne pour les personnes âgées : les quarantenaires d’aujourd’hui, urbains et aisés (qui ne représentent qu’une minorité numérique, mais quand même), avec une taille de foyer limitée, extrêmement mobiles (en Inde ou à l’étranger) ne sont plus sûrs du tout que leurs enfants s’occuperont d’eux, quand bien même cette tradition est millénaire. Or les structures pour accueillir les personnes âgées en Inde sont quasi inexistantes ; elles se développent depuis une dizaine d’années, mais restent l’apanage des riches.

Les recherches manquent sur le sujet, mais cette misère, si elle est tue, n’est pas cachée : ces vieux qui finissent dans les mouroirs de Varanasi, dans des ONG comme Earthsaviours, au carrefour à faire la manche, enfermés dans une chambre du foyer de leurs enfants en attendant la fin (nourris, mais déjà invisibles) sont là pour rappeler cette réalité. Dont on ne parle pas, ni les autorités, ni le grand public. Il faut dire, ça fait tache. Ça ne colle pas trop avec les valeurs proclamées de suprématie de la famille, de respect absolu de l’aînesse, de toute-puissance de la belle-mère qui, donc, parfois, finit par déchoir. Patience.

Pendant ce temps, Tina Turner chante des mantras hindous, alors que dans le monde entier, des multites de gens confinés se mettent au yoga et à la méditation :

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jeudi, 12 mars 2020

Le sikhisme pour les nuls – 6/6

Une brève histoire du sikhisme et sa diaspora

Le sikhisme a émergé avec Guru Nanak Dev en 1 500 et des poussières, s’inspirant de l’hindouisme et de l’islam tout en s’en distanciant. Forcément, ça n’a pas toujours plu, cet esprit de rebellion.

Le 5ème guru a été assassiné, sous ordre de l’empereur moghole Jahangir. En réponse à quoi, les Sikhs ont commencé à s’organiser militairement.

Le 9ème guru a également été assassiné, sous ordre de l’empereur moghole Aurangzeb (petit fils de Jahangir). Son successeur a équipé ses disciples des outils leur permettant de se distinguer et s’unir dans leur foi.

Après la mort de ce dernier guru, un certain nombre de leaders sikhs se sont militairement et politiquement illustrés, se rebellant régulièrement contre les Mogholes.

En 1845-46, les troupes de l’Empire britannique ont battu les armées sikhes, définitivement écrasées en 1849. Après quoi Britanniques et Sikhs se sont plutôt bien entendus, vu qu’au fond ils partageaient le même rejet du concept hindou fondamental de l’inégalité des hommes. D’ailleurs, cette bonne entente se reflétait dans les rangs de l’armée, pour laquelle les Anglais aimaient bien recruter des sikhs. Elle prit fin en 1919. En effet, depuis 1857, les Indiens commençaient à s’agiter contre la domination britannique partout dans le pays et notamment au Punjab. Le général Reginald Dyer fit assassiner 10 000 civils non armés qui s’étaient rassemblés – c’est le massacre d’Amritsar.

(Sais-tu que les Anglais ne contrôlaient pas toute l'Inde directement?

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Après la partition, le Punjab s’est retrouvé divisé en deux, entre le Pakistan et l’Inde. Mais qui plus est, le Punjab oriental (indien) est resté un conglomérat de principautés pendant près de 20 ans. Ce n’est qu’en 1966 que le Gouvernement a accédé à la requête des sikhs et formé le Punjab actuel, et par la même occasion Chandigarh (territoire de l’union) et l’Haryana. Selon les Punjabis, de nombreux territoires de langue punjabie (le principe de base pour créer un État en Inde) ont été « oubliés ». Les tensions ont donc continué.

Un certain leader sikh s’est fait plus véhément que d’autres et a fini par gonfler les autorités indiennes. Indira Gandhi, fille de Nehru et présidente du parti du Congress, l’a fait déloger manu militari du Golden Temple (le lieu saint des sikhs) où il s’était réfugié – c’était l’opération Blue Star. Forcément ça n’a pas plu, et pan, un des gardes du corps d’Indira, un sikh, l’a assassinée. Et là, gros capharnaüm.

C’est alors que l’émigration punjabi (et sikhe, mais pas que), qui avait commencé dès 1949, s’intensifia. Alors que le Royaume-Uni fermait ses portes aux sikhs dans les années 70, nombreux partirent au Canada, où les sikhs représentent la 2ème ethnie avec 500 000 individus, et sont deux fois plus nombreux qu’aux Etats-Unis. On estime qu’il y a cinq et quelques millions de sikhs hors d’Inde.

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Le ministre de la défense canadien, Harjit Sajjan, est sikh. Le maire de Londres, Kulveer Singh Ranger, est sikh.

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Mais la vie n’est pas toujours rose non plus…

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