India is watching you (lundi, 28 avril 2008)

Si si, j’aime la vie en Inde. Parfois on a un peu l’impression d’être la vedette d’un show télévisé version Big Brother sans les caméras mais bon… Tu t’y plies ou tu plies bagages.

Par exemple, mon proprio a refusé que je prenne des colocataires masculins, « tu comprends, des mecs, même si ils travaillent c’est pas bien ; la society (copropriété) n’acceptera pas ». Et là tu te dis, mais de quoi elle se mêle la copropriété ?? Et ben si, elle a un droit de regard. Et si tu te rebelles et que tu enfreins les règles (morales), c’est pas compliqué, elle t’envoie les flics et eux ils ne transigent pas. J’ai un pote qui a fini en prison comme ça…

Peu après mon aménagement, j’avais reçu un coup de fil affolé de ma proprio : une voisine se plaignait que j’amène des garçons la nuit chez moi. Sauf que j’étais à Goa. Sauf que le seul mec que j’amène, et ben je vis avec. De la pure diffamation. Et le plus frustrant je dirais, c’est que personne ne vient me parler à moi, ils appellent direct le proprio qui se met à baliser, dans sa lointaine Bangalore...

Et puis tout le monde me surveille. A commencer par la bonne ; mais ça fait louche aussi si je n’ai pas de bonne. Elle me demande tous les quatre matins quand est-ce que je vais me marier avec Shiv… Et ça continue par les nanas qui ramassent les poubelles et font le tri sur notre paillasson (quel meilleur moyen de connaître notre vie). Et ça finit avec le gardien qui s’est récemment plaint au président de la copropriété parce que la voiture de Ravi, le copain de Sarah était mal garée – sauf que ce que le président a dit à Ravi c’est que ce n’est pas bien qu’il dorme chez nous.

Y a aussi les gens à l’extérieur de la society qui nous surveillent. Les rickshaw wallahs qui connaissent nos itinéraires à la lettre. Les livreurs de bouffe qui ne se privent pas pour scruter l’appartement.

Faut quand même être super souple pour tolérer cet aspect totalitaire de la « plus grande démocratie du monde ».

Pour finir sur une note (je ne trouve pas d’adjectif qualificatif approprié) dans la série divergence de points de vue culturels, voici une anecdote : nous réfléchissions au projet de calendrier pour 2009 et mon collègue a proposé les hommes célèbres avec exemple à l’appui : Hitler pour l’Allemagne. Euh là, je me suis insurgée. Qu’il annonce sans complexe, haut et fort, qu’il veut embaucher des femmes (pour la compta et le collage des étiquettes) parce que c’est moins cher (et encore c’est quand même trop cher), passons. Mais là, je ne mettrai pas Hitler dans un calendrier. Le plus grave c’est que Mein Kamp est l’un des livres les plus vendus en Inde et qu’il figure dans les rayonnages, à côté du Journal d’Anne Frank. Normal.

10:37 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : inde, emmerdes, society |  Imprimer |  Facebook |