Bouge ton boule c'est Bollywood! (mardi, 13 novembre 2007)

Un an et une semaine en Inde et je n’en ai jamais parlé… My God. Faut dire que ça fait à peine un mois que je m’y suisc9611f2b10bf44136683ae3fc228b4d3.jpg mise (bon mais j’en ai vu 5 pendant ce laps de temps !). Et pourtant, pas un dîner où les acteurs Bollywood ne sont pas évoqués (c’est comme le cricket en somme). Mais pour les potins, on verra plus tard (Dallas à côté c’est de la gnognotte). http://www.bollywoodgossips.net/

4c5a1686fcd7a0ec1f55b6d5515442b0.jpgDimanche, j’ai vu Om Shanti Om. C’est l’histoire d’un type figurant qui est amoureux d’une jeune première qui sort avec un producteur. Et puis plein d’intrigues après… La 1ère partie c’est le cinéma des années 70 (ah non mais les Indiens avec des fringues des sixties c’est exceptionnel), la 2nde le cinéma des années 2007. Les plus du film (selon moi) : on comprend tout même sans capter les dialogues et c’est une satyre du cinéma bollywoodien (j’ai halluciné en lisant que la productrice voulait en faire une « ode à l’ère dorée du cinéma », ils sont tous complètement tournés en ridicule). Il y a beaucoup de critiques négatives sur le film (mais je suis pas assez connaisseuse pour comprendre) ; l’important c’est que tout le monde s’accorde pour dire qu’il est divertissant.

Le trailer : http://www.youtube.com/watch?v=Hh2u5vXQsq8

Le hit : http://www.youtube.com/watch?v=kYsIzdK0DP8

ETymologie : « porte-manteau » de Bombay et Hollywood. Bollywood fait donc référence à l’industrie cinématographique de Bombay/Mumbai – attention, ce n’est pas l’industrie indienne, il y a des tonnes de genres différents. On les appelle aussi les masala films (masala = mixture d’épice).

Histoire : « Bollywood est un terme qui déplaît souverainement aux réalisateurs hindis ; ils rappellent que l’industrie du cinéma existe à Bombay depuis plus longtemps qu’à Hollywood, puisque les premiers studios américains se sont créés sur la côte Est avant de déménager en Californie au début du XXème siècle. Les frères Lumière ont amené le cinématographe à Bombay en 1896, quelques mois seulement après avoir présenté leur merveilleuse invention à Paris. […] » (Suketu Mehta, Bombay Maximum City). Le 1er film indien (silencieux) a été tourné en 1913 (Raja Harishchandra). Dans les années 30, 200 films étaient produits chaque année. Le 1er film parlé, en 1931, a été un super hit (Alam Ara). A la fin des années 50, la couleur est arrivée mais ne s’est vraiment imposée que dans les années 65. Depuis les années 2000, Bollywood se modernise : devenu célèbre dans le monde entier, il faut être à la hauteur !

Quelques chiffres (Suketu Mehta, Bombay Maximum City):

« En ce début de XXIème siècle, l’industrie indienne du spectacle pèse près de 3 milliards d’euros. Cela ne représente qu’une part infime des 230 milliards d’euros qui y sont investis chaque année dans le monde, mais l’Union se classe tout de même au premier rang mondial pour le nombre de réalisations et de spectateurs. Elle produit en moyenne 1000 longs-métrages, 40 000 heures d’émissions télévisées et 5 000 albums de musique qui sont exportés dans 70 pays. Chaque jour, 14 millions d’Indiens voient un film dans les 13 000 salles du sous-continent ; et les films indiens attirent dans le monde un milliard de spectateurs de plus que les productions hollywoodiennes. La télévision n’est pas en reste : 60 millions de foyers possèdent un téléviseur, et près de la moitié (28 millions) étant câblés, les ruraux comme les citadins ont le choix entre une bonne centaine de chaînes. […] L’Inde est un des rares continents où Hollywood n’ait pas réussi à se creuser mieux qu’une petite niche ; les films américains comptent à peine pour 5% du marché. Les cinéastes hindis font d’ingénieux saboteurs. Alors que partout ailleurs le cinéma a été terrassé par Hollywood, l’Inde a absorbé Hollywood dans la grande tradition hindoue : elle l’a accueilli à bras ouverts, n’en a fait qu’une bouchée et l’a régurgité. Joyeux métissage de tous les genres connus jusqu’alors, le produit de cette digestion est une nouvelle divinité à dix têtes.

Les règles :

1.       Durée : 2h45-3h, avec parfois l’hymne national au début (il faut alors se lever) et toujours une pause au milieu.

2.       Chants : Les films bollywood sont avant tout des comédies musicales. Il y a entre 5 et 15 séquences chantées. Toutes en playback (comme tous les dialogues d’ailleurs). Les chansons sortent en général avant le film, alors mieux vaut que ce soit des tubes : ça assure l’audience dans les cinémas !

3.       Danses : En général, les chants s’accompagnent de danses et là, c’est le top du top. Enorme. Fantastique. Parfois la danse est justifiée dans l’intrigue, des fois elle tombe comme un cheveu sur la soupe. Mais quoi, ils ont juste envie de se remuer, ça arrive ! Un petit trajet en bus ? Chantons ! Dansons ! Les acteurs sont donc obligés d’être de bons danseurs. Les danses sont un mélange de danses traditionnelles et de « western style » (pop) – celles-là, c’est les mieux, des nanas à moitié à poil qui se remuent le boule, un truc de ouf. Si c’est une danse à deux, alors le décor se doit d’être à la hauteur : le must, les paysages du Cachemire (on dirait les Alpes enneigées) ou des chefs d’œuvre d’architecture. Notons aussi les changements de costume plus que nombreux pour chaque danse.

4.       Intrigue : Les Indiens ont un petit penchant pour le mélodramatique. Le grand classique ce sont les amants contre les parents en colère, les triangles amoureux, les liens familiaux, le sacrifice, les flics corrompus, les kidnappeurs, les méchants, les courtisans au grand cœur, la famille perdue de vue, les frères et sœurs séparés par le destin, les renversements de situation et des coïncidences qui tombent bien… L’idée de base c’est que quand on va au ciné, on oublie le reste. Peu importe la finesse du film, les gens veulent sortir de leur routine (peut-être surtout ceux qui ont la vie vraiment dur). Et en général ça marche !

5.       Bisous : Les conventions changent. Les bisous sont maintenant autorisés !! (Avant c’était tout dans le suggestif ; j’ai été choquée quand les héros se roulent une pelle magistrale dans Dhoom 2.) Et puis ça se passe plus facilement en ville, avec les « usages modernes » plutôt qu’à la campagne, avec les mariages arrangés. Et puis y a de moins en moins de danses (et ça c’est très grave si vous voulez mon avis).

6.       Spectateurs : C’est l’anarchie. Les gens viennent avec des nouveau-nés, ils parlent à voix haute, répondent au téléphone. No complex. J’ai jamais autant jonglé que pour un film d’horreur américain : ils se sont mis à faire les animaux de la ferme, au 4 coins de la salle. Suketu Mehta (Bombay Maximum City) précise que : « Les salles de cinéma indiennes n’ont rien de commun avec les caissons de relaxation collective proposés aux cinéphiles occidentaux. D’abord, il est hors de question ici d’intimer aux autres de se taire. Chacun dit ce qu’il a envie de dire, et souvent le public converse avec les personnages. Quand une divinité apparaît à l’écran, certains lui jettent de la monnaie ou se prosternent dans les allées. Les bébés braillent. Pendant les séquences chantées, un spectateur sur quatre sort acheter une boisson fraîche ou une friandise dans le hall d’entrée. Dans ces conditions, tout dialogue un peu subtil est exclu parce qu’il serait tout simplement inaudible. »

07:05 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inde, bollywood |  Imprimer |  Facebook |