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samedi, 26 octobre 2013

Pourquoi en Inde on rote à table (et partout ailleurs)

  •  Moi : Salut comment ça va ?
  •  Mon collègue : Aujourd’hui je me sens pas très bien, j’ai des gaz. 

 Oh comme c’est gracieux ! Alors de un ma question était rhétorique, et de deux des gaz ???? Je la sens bien cette journée, mais alors bien bien ! 

J’écrivais en août 2008 qu’alors que je « marchais tranquillement dans la rue, une petite vieille, passant à mon côté, a balancé un rot d’une telle puissance… Elle aurait pu me traiter de vieille pute que j’aurais été moins choquée ! ». 

 

Cinq ans plus tard, ce thème est toujours d’actualité puisque j’ai dû informer uinde,manières de table,coutumes,rots,pets,éructation,gaz,digestionn de mes managers que s’il voulait un jour promouvoir un de ses commerciaux, il allait devoir commencer par lui expliquer d’arrêter de roter à table. Ce PORC me coupe l’appétit à chaque fois. Il rote bien dix fois pendant le repas. Et pas des petits rototos hein, nan lui il envoie…  

C’est peut-être socialement accepté (voir bien vu) en Inde mais voilà, quand tu travailles pour une entreprise internationale, tu dois connaître les mœurs de tes collègues pour éviter de choquer un PDG en visite pour quelques jours (et de perdre direct tout crédit – oui c’est triste on juge d’après les apparences mais c’est comme ça… 

 

Je ne me permettrais pas de faire des leçons de morale aux Indiens qui lâchent des caisses incroyables dans les trains par exemple. Mais mon collègue qui m’éructait puissamment dans l’oreille au moment où je m’y attendais le moins (j’étais assise dans la voiture et au téléphone) s’est vu interdire de jamais recommencer… Dans l’intérêt d’une entente cordiale… Je fais de mon mieux pour m’adapter mais là j’avoue, c’est dur dur… 

 

C’est probablement la bonne chose à faire, médicalement parlant, de laisser la nature s’exprimer, je le reconnais… Mais bon… 

Alors les Indiens, ils pètent et rotent beaucoup parce que 1. Ils ne se retiennent pas et 2. Ils mangent très épicé (ce qui augmente les gaz). Tout simplement ! 

 

Et voilà donc ce que j’avais recherché à l’époque sur le thème du rot : 

 

« Je me suis interrogée sur le « pourquoi je suis une telle chochotte » ? Pourquoi, même au bout de 2 ans, ça me coupe l’appétit quand mon interlocuteur indien rote posément au milieu du repas et pourquoi les raclements de la gorge autour des éviers (de la plupart des restaurants) me donnent la nausée ? Pourquoi, sous le coup de l’indignation, je mettrais des claques à mon « boss » quand il pète en plein meeting ? 

Et ben je crois que c’est CUL-TU-REL… En Asie et au Moyen-Orient, une bonne éructation signifie qu’on a apprécié le repas. Dans le monde occidental c’est « carrément dégueu » (citation du net à laquelle j’adhère parfaitement). 

 

Et pourtant, pourtant… chez nous aussi roter à table a longtemps été accepté. 

 

Par exemple, dans l’empire romain: 

« Le rot à table était une politesse justifiée par les philosophes pour qui suivre la nature était le dernier mot de la sagesse. Poussant plus loin leur doctrine, l’empereur Claude avait pris un édit pour autoriser l’émission d'autres bruits gazeux. Dans ses épigrammes, Martial en montre même plusieurs hôtes qui, d’un claquement de doigts, appellent l'esclave qui leur apporte l’urinal et les aide à s’en servir. Enfin, il était fréquent de voir à la fin de la cena les vomissements souiller les précieuses mosaïques du plancher; et l’indigestion provoquée dans une chambre à côté demeurait toujours le moyen le plus sûr d'aller jusqu’au bout de l'invraisemblable ripaille. » (1)  

 

Puis au Moyen-âge (2) (et vous allez voir qu’il y a beaucoup de similitudes avec l’Inde d’aujourd’hui !) :  

A l’époque, on mangeait très épicé (et ça provoque des gaz (et les Indiens mangent très épicés)) – c’est l’ère des ragoûts assaisonnés. (3)  

La nourriture s’attrapait avec les mains (qu’on trempait régulièrement dans des bols d’herbes désinfectantes et odorantes – les fingerballs !). (4) 

Et on crachait : « au Moyen Age, cracher est non seulement une coutume, mais aussi un besoin naturel. Les seules restrictions que s’imposent les chevaliers courtois, sont de ne cracher ni sur la table ni par-dessus la table, mais uniquement sous la table. » (5)  

 

Et enfin à la Renaissance (m’est avis que c’est à cette période que le rot a commencé à devenir grossier) : 

« Les manières à table apparaissent chez les nobles vers 1530, suite à la publication d’un ouvrage intitulé Civilitas morum puerilium d’Erasme (6). Les repas mondains deviennent une sorte de spectacle où chacun s’affiche afin d'être reconnu pour son rang.  Catherine de Médicis (1519-1589) apporte la fourchette (à deux dents), la faïence fine et la verrerie mais on continue de manger avec les doigts. A table, les bancs du moyen âge sont remplacés par des sièges individuels, la serviette est devenue systématique : elle est grande afin de pouvoir protéger les collerettes. Sur tables, les épices trônent toujours et l'ordre de service apparaît : on commence par les fruits, puis les bouillies,  les rôts ou les grillades pour finir par les desserts. » (7)  

 

Record : 

inde,manières de table,coutumes,rots,pets,éructation,gaz,digestion,poils,oreilles,citations,recordJ’ai fait mes petites recherches et ce n’est pas un Indien qui détient le record du monde du rot le plus fort - ils détiennent bien le record de taille de poils dans les oreilles (voir note) alors tous les espoirs étaient permis - mais un britannique, Paul Hunn dont l’éructation a atteint 118,1 décibels soit l'équivalent d'une tronçonneuse en fonctionnement. 

 

Citations : 

·         « Pourquoi ne rotez-vous et ne pétez-vous donc point ? Ce repas vous a-t-il déplu ? » Martin Luther. 

·         « Le snobisme, c'est une bulle de Champagne qui hésite entre pet et rot. » Serge Gainsbourg 

·         «  Qui ne rote ni ne pète est voué à l'explosion. » Érasme. 

 

Anecdotes culturelles (8)  

·         Une tribu d’Afrique, appelée Hullaballooburpymen, rituellement sacrifiait le roteur le plus bruyant du groupe dédié au Dieu Rot de l’Ennui, pour éviter que le Dieu ne punisse la tribu par le châtiment de l’ennui. Ils se divertissaient ainsi en regardant le champion roteur rôtir. 

·         Alexandre le Grand, lors d’un banquet royal, se leva de table, lâcha un pet bien sonore et dit « quel joli gaz que voilà ». Sa femme, assise à côté de lui, est décédée le lendemain de cause inconnue…  

 

(1) Source : empereurs-romains.net 

(2) Article_Guidecasa.com_Le Moyen Age à table.pdf 

(3) Source : guidecasa.com 

(4) Source : peisme.blogspot.com 

(5) Source : genebourgogne.org 

(6) Source : Des bonnes manières.pdf 

(7) Source : technoresto.org 

(8) Source : Wikipedia 

vendredi, 18 octobre 2013

Pourquoi en Inde on touche les pieds des plus âgés ?

Fais gaffe où tu mets les pieds en Inde ! 

Par exemple, quand tu es assis, tu ne dois pas pointer les pieds vers les autres, surtout si c’est des vieux.  

Ou encore, une des pires insultes qu’on puisse faire a un Hindou c’est de lui balancer une godasse à la figure (je découvre et trouve ça bon à savoir !). Lui marcher dessus en essayant de grimper dans une couchette de train marche bien aussi… (ça j’ai testé, en même temps je suis pas sûre que ça ferait trop plaisir à un de mes compatriotes non plus !) 

 

De fait, quand un Hindou te touche le pied ou la chaussure par accident, il fait un geste bizarre (il tend la main vers ton pied puis vers son cœur ou son menton) : il s’excuse quoi. Question d’éducation. Comme quand certaines personnes s’excusent d’éternuer… 

Moralité les mecs : évitez de faire du pied sous la table à une fille pour la draguer !! 

 

Il faut retirer ses chaussures au temple (toujours) et chez les gens (en général). C’est pas trop compliqué vu que les Indiens sont souvent en tongues, ce qui fait qu’il n’y a pas non plus trop d’odeurs de pied…  

 

En ce qui concerne les mycoses plantaires ?? Je me souviens avoir hurlé de rire au cri scandalisé d’un ami français qui était obligé de marcher dans les flaques en tongues (mousson oblige) et qui craignait les mycoses. Ça ne m’avait jamais effleuré l’esprit ! J’ai encore plus envie de rigoler quand, en faisant des recherches, maintenant tout de suite, j’apprends que les champis, plantaire et autre dermatophyte, sont un problème de santé majeur dans les pays tropicaux comme l’Inde, avec parfois des risques d’épidémie. Quand je pense au sol de ce temple baignant dans la pisse de rat et l’eau de pluie !! En même temps y a pas de quoi s’étonner quand on pense aux chiens des rues qui ont quasiment tous la gale. Ou à tous les Indiens qui s’épouillent sur les trottoirs. Mais pas de quoi paniquer non plus : j’ai pas chopé un champi en sept ans !! 

 

Pour bien choquer un Indien on peut aussi poser ses pieds sur un livre, un journal, un ordi, un bout de papier. C’est un peu comme si tu piétinais la déesse de la connaissance, Sarasvati, qui s’incarne dans tous ces objets. Fallait y penser ! (Moi j’y ai pas pensé et j’ai mis du temps à comprendre le regard horrifié de mon ex-Indien préféré !) Vous me direz, quelle idée de mettre ses pieds sur une revue ? Et ben quand t’as fait une prépa je peux te dire que tu as certainement fini beaucoup de soirées les pieds sur le bureau (c’est bon pour la circulation sanguine et c’est instinctif quand t’es fatigué) et forcément y a la masse de matériel de connaissance sur le bureau… 

De manière similaire les Hindous ne devraient pas souffler de bougie. Ben oui c’est un peu comme si vous souffliez a la face du dieu du feu, Agni. Pas très poli quand même… Ceci-dit ça les empêche pas de souffler les bougies d’anniversaire ! 

 

La symbolique plantaire remonte à la conception védique (les Vedas étant des textes qui remontent au quinzième siècle avant JC) de l’univers en tant que corps du dieu. Il y a le haut et le bas. Le pur et l’impur. Les pieds c’est en bas et donc c’est impur. 

A toute règle il y a exception. Evidemment. Les pieds des dieux, des chefs spirituels et des personnes âgées ne sont donc pas impurs. Donc c’est pas dégueu de les toucher ; c’est même un signe de respect. C’est un geste accompli en maintes occasions : un départ ou retour de voyage, un mariage, un festival, une cérémonie religieuse etc. A une certaine époque les enfants devaient toucher les pieds de leurs parents au lever et au coucher.

 

Mon ex-Indien préféré m’avait expliqué que dans la tradition kéralaise le frère aînée de la mariée doit aller laver les pieds du promis, en signe de respect. 

 

Quand vous allez pour toucher les pieds d’une personne âgée cette dernière ne vous laisse généralement pas aller jusqu’au bout de votre geste et répond en vous touchant le front et bénissant en souhaitant longue vie, prospérité et richesse. 

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Cette coutume remonte visiblement à très loin puisque elle est mentionnée dans la Mahabharata (une épopée non datée mais probablement plus de deux fois millénaire) où il est écrit que « toucher avec dévotion les pieds de la mère, du père, des professeurs et des anciens et en les servir jusqu’à ce qu’ils soient satisfaits et donnent leur bénédiction, voilà ce qui rend une personne grande et forte ». 

 

Ça n’explique pas vraiment d’où vient le geste.  

Mais j’ai trouvé une explication que j’aime assez. Quand tu fais du yoga on t’inculque des notions de circulation d’énergie. Or certaines personnes pensent qu’en touchant les pieds d’autrui nous absorbons son énergie et en retour placer la main sur le front permet à l’énergie de circuler de la main à la tête. 

 

Sources : http://scholarsresearchlibrary.com/ABR-vol2-iss3/ABR-2011-2-3-88-93.pdf 

http://www.iloveindia.com/indian-traditions/touching-feet.html; http://www.window2india.com/cms/admin/article.jsp?aid=5991; http://www.volunteeringinindia.org/etiquette-and-customs.htm; http://www.sanskrit.org/www/Hindu%20Primer/feetsymbolism.html