lundi, 30 décembre 2019
Pollution en Inde - 6. Traitement des déchets
Ne leur jetons pas la pierre, Pierre. Pendant des années nous avons envoyé nos ordures dans des pays comme l’Inde, y compris les bateaux à démanteler, du e-waste, des produits dangereux et du plastique à recycler. La Chine, qui a récupéré 46% des déchets plastiques mondiaux entre 1988 et 2016, a dit stop en 2017, mettant fin aux importations de ces ordures. L’Inde a suivi début 2019, en tout cas sur le papier. (voir article)
L’Inde urbaine (32% de la population) génère 62 millions de tonnes de déchets chaque année,soit 150 kgs par personne. - contre 500 kgs par Français (13,8 tonnes si on ajoute les déchets de l'industrie). Imagine quand les pauvres (70% des Indiens) auront assez d'argent pour consommer, pour se payer des couches (500 000 sur 25 millions de bébés en portent) ou des serviettes hygéniques (moins de 20% y auraient accès)... Un Indien consomme en moyenne 11 kgs de plastique par an, soit 10 fois moins qu'un Américain (109 kgs).
Moins de 60% des déchets sont collectés et environ 15% sont traités. Près de 40% du total des déchets sont organiques, 22% sont recyclables et 9% sont dangereux.
Face à la pression croissante du public, le Gouvernement indien a émis une nouvelle réglementation sur la gestion des déchets solides en 2016.
Les décharges sont le troisième émetteur de gaz à effet de serre en Inde.
En Inde, le tri a du mal à se mettre en place. Mais il faut savoir qu’il existe une catégorie professionnelle (les rag-pickers ou chiffonniers) qui s’occupent de le faire pour tous. On estime qu’ils sont deux millions aujourd’hui en Inde à vivre dans des décharges grâce à la collecte et à la vente de matières recyclables à partir des déchets mélangés.
Une solution parmi tant d’autres : le taux de collecte doit être amélioré pour éviter le déversement illégal et le brûlage de déchets aux coins des rues et des terrains inoccupés. Par ailleurs, le système de ségrégation à la source et de gestion décentralisée des déchets devrait être mis en place (sur le modèle de Pune et Bangalore), le Gouvernement central créant un cadre national approprié pour inciter et surveiller la mise en œuvre par les États.
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lundi, 23 décembre 2019
Pollution en Inde - 5. Plastique
Les Indiens sont traditionnellement peu pollueurs et très recycleurs – et la vieille génération l’est encore, les personnes âgées ayant moins d’une poubelle par semaine. Mais les générations actuelles ont découvert la consommation et le plastique, et ils en raffolent.
Et comme ils n’ont pas une attitude très citoyenne quant il s’agit de balancer des ordures – ils gardent leurs intérieurs propres mais dans les extérieurs, c’est le laisser-aller complet, « puisque tout le monde le fait » ils auraient tort de se priver. Résultat, il y a des ordures partout, et un gros paquet de plastique. Et c’est à pleurer.
Le Gouvernement essaye bien de se mêler d’interdire le plastique à usage unique. Objectif : plus de plastique à usage unique d’ici 2022. Sauf que cet interdit national d’utilisation de plastique à usage unique, annoncé le 15 août 2019 et qui devait entrer en vigueur le 2 octobre (en mémoire à Gandhi dont c’est l’anniversaire) a été mis de côté pour l’instant. D’abord, cette interdiction n’est pas très clair (il n’y a par exemple pas vraiment proposé de définition des plastiques à usage unique) et puis surtout cette mesure est impopulaire auprès des lobbys industriels. Modi a gardé la face en expliquant qu’il préférait que le mouvement vienne de la population. Ne rigole pas, ce n’est pas impossible. Certains citoyens nettoient des plages eux-mêmes (comme Afroz Shah à Mumbai, d’autres des lacs. Voici d’ailleurs tout un tas d’initiatives individuelles dans la bataille contre le plastique: ici). Cela suffira-t-il ?
Les tortues seraient revenues à Versova beach
Il faut quand même savoir que le Sikkim a déjà mis en place cette mesure en 1998, le Maharashtra en 2018 ; en fait 25 des 29 États indiens ont déjà interdit les sacs plastiques. Avec plus ou moins de succès. C’est-à-dire que c’est comme tout, interdire c’est bien, mais s’assurer que la loi est respectée c’est mieux. Et là, le bât blesse. En même temps, avec tellement de gens…
Certaines industries s’y plient avec bonne volonté, saisissant une opportunité marketing : la plupart des hôtels cinq étoiles sont en train de retirer leurs bouteilles plastiques au profit d’eau purifiée qu’ils embouteillent sur place (en espérant que cette eau ne soit pas infestée). J’imagine que les économies d’eau en bouteille plastique sont non négligeables, même s’il va falloir payer des gens pour embouteiller l’eau sur place.
J’ai aussi posé la question à un industriel laitier : que faire des pochons de lait ? Question difficile, car ils ont permis dans les années (révolution blanche) à ce chaque Indien ait accès au lait, de manière plus hygiénique que via la consigne. Or on ne touche pas au lait, liquide sacré s’il en est en Inde. Par exemple, les pochons de lait sont une exception à l’interdiction du plastique à usage unique dans le Maharashtra, même si les industriels laitiers sont encouragés à trouver des solutions.
Mais ce n’est pas si simple. Comment garantir des conditions d’hygiène respectables dans un pays tropical (où il fait chaud, humide et où les insectes pullulent) sans emballage ? Oui on trouve beaucoup de vrac en Inde, surtout du riz, mais il n’est plus végétarien quand tu l’achètes. Une problématique qui a certainement des solutions mais sur laquelle il faut se pencher sérieusement.
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lundi, 16 décembre 2019
Pollution en Inde - 4. Le réchauffement climatique
En septembre 2019, Modi clamait que l’Inde ne participe pas beaucoup au réchauffement global. Est-ce vrai ?
Relativement, oui. En 2014, les émissions totales de GES (gaz à effet de serre) de l’Inde se sont élevées à 3 202 millions de tonnes métriques d’équivalent en dioxyde de carbone (MtCO2e), soit 6,55% des émissions mondiales de GES. Et pourtant, par rapport au PIB, l’Inde émet deux fois plus de GES que la moyenne mondiale. Par ailleurs, le PIB de l’Inde a augmenté de 357% entre 1990 et 2014, tandis que les émissions de GES ont augmenté de 180%.
L’Inde, qui championne la cause de l’énergie solaire (logique vu l’ensoleillement du pays) s’est engagée à atteindre une capacité installée d’environ 40% d'énergie électrique à partir de ressources énergétiques basées sur des combustibles non fossiles d’ici 2030, grâce au transfert de technologie et à un financement international à faible coût.
(Source)
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