lundi, 01 février 2021
La fascinante histoire du thé indien - 1/5
Au début du 20ème siècle, les Indiens ne buvaient pas de thé, ou à peine. Comment sont-ils, en un siècle, devenus le 2ème plus gros producteur et 2ème plus gros consommateur de thé au monde ??
An 1850s engraving on the production of tea in Assam | Photo Credit: Wiki Commons Source
L’émergence du thé dans le monde. La consommation de thé a débuté en Chine au 4ème siècle. Le thé y était initialement utilisé par les moines comme remède à base de plantes pour les maux de tête et les peintures dans les articulations, ainsi que comme aide à la méditation. (D’ailleurs, encore aujourd’hui, les Bengalis considèrent le thé comme un médicament : mélangé avec du jus de gingembre, il guérit le rhume.) Elle s’est ensuite répandue au Japon entre le 6ème et le 8ème siècle, où elle est devenue un rituel social important, puis dans les régions himalayennes au nord de l’Inde, où le thé était bu comme une sorte de soupe mélangée à du beurre. À l’est de l’Inde, les tribus montagnardes mâchaient des feuilles de thé cuites à la vapeur et fermentées.
À suivre...
08:00 Publié dans IncredIble India, Pourquoi en Inde... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : inde, thé, chai, masala chai, épices, anglais, colonisation, opium, british east india company, chine, coffee | Imprimer |
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lundi, 22 juin 2020
Le mystère des noms de famille indiens
La plupart des Indiens ont un nom de famille, comme Kapoor ou Kumar. Les prénoms quant à eux ont quasiment tous une signification et la première lettre est souvent choisie par l’astrologue.
Que signifient les noms de famille indiens ?
Ces noms indiquent en premier lieu la religion. Par exemple, Jain est un nom jain, Tata parsi, Khan musulman. Singh est un nom sikh – et c’est le nom de famille de la majorité des Sikhs mâles (mais pas tous), tandis que les femmes ont le nom de famille Kaur (le lion et la princesse) – mais il y a aussi des Hindous qui portent ce nom de famille. Comment faire simple quand on peut faire compliqué ?!
Ensuite, ils sont souvent liés à une région. Par exemple, les Patel sont majoritairement du Gujarat, les Anand du Punjab, les Banerjee et Chatterjee du West Bengal, les Jha dans le nord de l’Inde.
Enfin, ils indiquent parfois la caste/profession. Comme les Bhatt qui constituent un sous-groupe d’orfèvres punjabis, les Bedi un clan de la communauté Khatri, les Deshpande des brahmanes du Maharashtra, les Joshi des brahmanes astrologues à l’origine.
Il arrive que des Indiens abandonnent leur nom de famille lié à la caste et adoptent leur middle name (deuxième prénom) comme nom de famille, dans leur lutte contre la ségrégation liée au castéisme. M'enfin, d'après mon Indien préféré, au moment de se marier, ils se rappellent tout à fait leur caste.
Enfin, autre petite subtilité : Un nom avec le suffixe -walla signifie vaguement « le métier que pratiquaient les ancêtres ». Par exemple, le chaiwalla est celui qui prépare le thé masala, le balloonwalla fait des ballons et j’ai un ami qui s’appelle Ginwalla – j’ai longtemps cru que c’était une blague…
Les marques de respect en Inde
Il existe divers titres honorifiques Ces titres se présentent généralement sous la forme de préfixes, suffixes ou remplacements. Quelques exemples incluent Guru (enseignant ou expert), Baba (une marque de respect envers les ascètes hindous et sikhs mais peut aussi signifier père), Raj (roi ou royauté), Sri (peut signifier monsieur quand il est suivi du prénom+nom de famille (e.g. Sri Ravi Shankar) ou utilisé comme titre de vénération pour les divinités) et Sahab (même signification que Sri mais il suit le nom de famille). Les suffixes -bhai (frère) et -ben (sœur) sont souvent ajoutés aux prénoms gujaratis (ex. Sanjaybhai) comme marque de respect.
Il est courant d’ajouter le suffixe honorifique non genré -ji à un prénom, un nom de famille ou même une chose, en signe de respect (ex. Madhavi-ji, sir-ji, nahi-ji (pour dire non)), pratique du Nord de l’Inde.
La structure du nom indien
La règle est plus ou moins la suivante :
- Hindous : prénom [+ middle name] + nom de famille. En se mariant, la femme prend le nom de famille de son mari.
- Hindous du Gujarat : prénom + prénom du père + nom de famille. La femme prend le nom de famille de son mari et change son middle name avec le prénom de son mari.
- Hindous d’Inde du Sud : une règle est la suivante, mais il y en a probablement plein d’autres : Initiale (du nom du village) + Initiale (du prénom du père) + Prénom (+ nom de caste) – d’où souvent des noms avec plusieurs initiales ou des noms à rallonge. Voir ci-dessous pour plus de détails.
Le middle name est important pour aider à différencier un Raj Kumar d’un autre – parce qu’ils sont plusieurs milliers en Inde, pour ne citer qu’un exemple.
Quand une femme se marie, elle adopte le nom de famille de son mari et perd le sien – quand ils n’ont pas déjà le même, ce qui arrive souvent vu que les castes sont endogames. Si elle se marie hors de sa caste, la question peut être problématique, elle peut par exemple refuser d’adopter un nom de famille de caste inférieure.
Les Indiens du Sud : quand mon nom est Personne
Et puis il y a l’Inde du Sud, surtout le Tamil Nadu et le Kerala. S’il existe des noms de famille, comme les Iyer (des Hindous brahmanes du Tamil Nadu) et les Nair/Nayar « protecteurs de la terre » au Kerala. Il y a aussi les Pillai, Iyengar, Chettiar, Menon etc. Mais dans la réalité, c’est le bazar car de nombreux Indiens du Sud n’ont tout simplement pas de nom de famille.
Prenons un exemple. Radhika s’appelle Radhika et rien d’autre, elle n’a que son prénom. Sur son acte de naissance et sur ses certificats scolaires, elle est M Radhika – le M étant l’initiale du prénom de son père Murugesan. (Elle pourrait d'ailleurs s'appeler Radhika M.) Elle est docteur et ses patients indiens l’appellent Dr Radhika. Et puis elle se marie à un certain Rajkumar et devient Radhika Rajkumar administrativement. Mais pas question qu’on l’appelle Dr Rajkumar. Au pire, elle préfèrerait prendre le nom de sa caste ou de son lieu d’origine.
Dans la famille kéralaise de mon Indien préféré, les oncles ne portent pas le même nom de famille (certains n'ont pas le nom de la caste) et les initiales se baladent différemment suivant les noms. Va comprendre...
L’Inde et les États-Unis acceptent de laisser le nom de famille vide dans le passeport. Les Européens ont plus de mal avec le concept. Dans tous les cas, les administrations du monde entier n’aiment pas trop une case vide dans le nom et ça pose souvent problème pour un Indien hors d’Inde de ne pas avoir de nom de famille.
Quand une étrangère épouse un Indien, quel nom de famille ?
Maintenant en tant qu’étrangère qui épouse un Indien, que faire, quel nom prendre ? Si tu épouses un Sikh qui s’appelle Singh, choisiras-tu Singh (comme c’est la coutume en général en Occident) ou Kaur (comme c’est la coutume chez les Sikhs mais avoir un nom complètement différent de celui de votre mari soulèvera certainement des questions) ?
Et si tu épouses un Tamoul qui s’appelle R. Sanjay, décideras-tu d’ajouter comme nom d’épouse Sanjay ou R. ou Raj (forme longue de R.) ? Perso, je conseillerais de ne pas ajouter de nom d’épouse sur le passeport parce que le « ép. » dans Joséphine Henry ép. Sanjay, les Indiens ils comprennent pas ce que c’est et c’est le bazar complet dans les papiers administratifs comme l’OCI. (Les ressortissantes de nationalité française n’ont pas le droit d’abandonner leur nom de jeune fille après le mariage. Il est possible de faire une procédure de changement de nom mais c’est procédurier.)
08:00 Publié dans Expatriation (en Inde et ailleurs), IncredIble India, Pourquoi en Inde... | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : inde, noms de famille, nom de famille, caste, prénom, indiens du sud, inde du sud | Imprimer |
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jeudi, 12 mars 2020
Le sikhisme pour les nuls – 6/6
Une brève histoire du sikhisme et sa diaspora
Le sikhisme a émergé avec Guru Nanak Dev en 1 500 et des poussières, s’inspirant de l’hindouisme et de l’islam tout en s’en distanciant. Forcément, ça n’a pas toujours plu, cet esprit de rebellion.
Le 5ème guru a été assassiné, sous ordre de l’empereur moghole Jahangir. En réponse à quoi, les Sikhs ont commencé à s’organiser militairement.
Le 9ème guru a également été assassiné, sous ordre de l’empereur moghole Aurangzeb (petit fils de Jahangir). Son successeur a équipé ses disciples des outils leur permettant de se distinguer et s’unir dans leur foi.
Après la mort de ce dernier guru, un certain nombre de leaders sikhs se sont militairement et politiquement illustrés, se rebellant régulièrement contre les Mogholes.
En 1845-46, les troupes de l’Empire britannique ont battu les armées sikhes, définitivement écrasées en 1849. Après quoi Britanniques et Sikhs se sont plutôt bien entendus, vu qu’au fond ils partageaient le même rejet du concept hindou fondamental de l’inégalité des hommes. D’ailleurs, cette bonne entente se reflétait dans les rangs de l’armée, pour laquelle les Anglais aimaient bien recruter des sikhs. Elle prit fin en 1919. En effet, depuis 1857, les Indiens commençaient à s’agiter contre la domination britannique partout dans le pays et notamment au Punjab. Le général Reginald Dyer fit assassiner 10 000 civils non armés qui s’étaient rassemblés – c’est le massacre d’Amritsar.
(Sais-tu que les Anglais ne contrôlaient pas toute l'Inde directement?
Après la partition, le Punjab s’est retrouvé divisé en deux, entre le Pakistan et l’Inde. Mais qui plus est, le Punjab oriental (indien) est resté un conglomérat de principautés pendant près de 20 ans. Ce n’est qu’en 1966 que le Gouvernement a accédé à la requête des sikhs et formé le Punjab actuel, et par la même occasion Chandigarh (territoire de l’union) et l’Haryana. Selon les Punjabis, de nombreux territoires de langue punjabie (le principe de base pour créer un État en Inde) ont été « oubliés ». Les tensions ont donc continué.
Un certain leader sikh s’est fait plus véhément que d’autres et a fini par gonfler les autorités indiennes. Indira Gandhi, fille de Nehru et présidente du parti du Congress, l’a fait déloger manu militari du Golden Temple (le lieu saint des sikhs) où il s’était réfugié – c’était l’opération Blue Star. Forcément ça n’a pas plu, et pan, un des gardes du corps d’Indira, un sikh, l’a assassinée. Et là, gros capharnaüm.
C’est alors que l’émigration punjabi (et sikhe, mais pas que), qui avait commencé dès 1949, s’intensifia. Alors que le Royaume-Uni fermait ses portes aux sikhs dans les années 70, nombreux partirent au Canada, où les sikhs représentent la 2ème ethnie avec 500 000 individus, et sont deux fois plus nombreux qu’aux Etats-Unis. On estime qu’il y a cinq et quelques millions de sikhs hors d’Inde.
Le ministre de la défense canadien, Harjit Sajjan, est sikh. Le maire de Londres, Kulveer Singh Ranger, est sikh.
Mais la vie n’est pas toujours rose non plus…
08:00 Publié dans IncredIble India, Pourquoi en Inde... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sikhisme, sikhs, sikh, religion, turban, cheveux, guru, gourou, nanak dev, gurudwara | Imprimer |
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