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mercredi, 26 février 2014

Virée à Kanyakumari et à Kovalam

Quand des visiteurs viennent nous voir en Inde, on les emmène dans les « beaux » endroits, histoire qu’ils reviennent (ou au moins qu’ils se cassent pas en courant)… C’est ainsi que je suis retournée récemment au Kerala…

En Inde il y a un dicton « Work hard, Party hard », genre « Travaille dur et fais la teuf à fond ». J’ai donc profité d’être dans le sud pour aller voir la pointe de l’Inde, Kanyakumari. On m’avait demandé plusieurs fois si ça valait le coup et c’était l’occasion ou jamais d’aller vérifier par moi-même !

Voilà donc qu’après 6 heures de train de nuit (Cochin-Nagercoil), je me retrouvai à 5 heures du matin sur un quai de gare en train d’essayer d’ouvrir les yeux, capter un rickshaw et partir pour Kanyakumari… Arrivée sur place nous trouvâmes un hôtel sympa – pas de fenêtre, peinture jaunasse, propre à part des bouloches de poussière et de cheveux morts mais avec la télé !! A peine le temps de se laver les dents, nous nous dépêchâmes d’aller voir le lever de soleil. L’intérêt d’être à la pointe de l’Inde c’est en effet de pouvoir voir le coucher du soleil ET le lever !! Petite balade sympa sur une jetée, un ciel couvert et finalement le soleil qui sort !!

Mes pas se firent traînants sur le retour… Après un stop dosa (les crêpes locales), mon lit m’accueillit à bras ouverts (je m’inquiétai quelques instants du fait qu’il puisse y avoir des rats dans la chambre) mais la fatigue eut vite raison de  mes craintes !

Trois heures plus tard, ragaillardis, nous nous mîmes en quête du ferry pour rejoindre le rocher dans la mer au bout de la pointe. Comme le matin au lever du soleil, nous n’étions pas les seuls à avoir cette idée : la queue faisait plusieurs centaines de mètres ! Heureusement il y a un système : au lieu de payer 34 roupies, tu peux en débourser 167 (2€) et griller toute la queue ! Alors certes c’est pas très égalitaire mais quand il fait 35 degrés et qu’il y a des milliers d’Indiens, ça ne dérange pas très longtemps…

Nous fîmes le tour du rocher, visitâmes le mémorial du saint Vivekananda dont je ne sais rien si ce n’est qu’il a médité trois jours sur ce roc et nous repartîmes déjeuner.

Il s’avéra ensuite que nous avions à peu près fait le tour des activités de Kanyakumari !! A part le musée de Vivekananda et quelques églises… Et comme c’est une ville de pèlerinage, c’est blindé de monde, d’hôtels pas chers, et de bouffe quelconque… Il n’en fallut pas plus pour décider de mettre les voiles et rejoindre Trivandrum plus tôt que prévu (à savoir le jour-même au lieu du lendemain !). Et tant pis pour le coucher du soleil !! Après tout on l’a tous les jours sur Juhu beach depuis la fenêtre du bureau !

Le (seul) chauffeur de taxi qui voulut bien nous emmener s’avéra un fieffé escroc (2 000 roupies pour 80 kilomètres !) et nous prîmes donc le train (20 roupies chacun) ! Perso j’adore le train. Y a de la vie. Les paysages sont magnifiques. Y a du vent. J’aime moins quand on reste coincés des heures pour laisser passer les autres trains mais bon, faut s’avoir être patient ! Il nous fallut donc 4h30 pour couvrir les 80 kilomètres et débarquer dans le capharnaüm de Trivandrum (la plus grande ville du Kerala). Capharnaüm exacerbé par le bordel du festival Attukal Pongala – un festival pour la déesse Devi qui a été enregistré au Guiness des records pour le plus grand rassemblement de femmes au monde et qui fait l’heur des marchands de pots en terre (remplis de riz et de sucre de palme pour faire offrande) et qui jonchent les rues (y a des montagnes de pots partout !!).

Notre rickshaw, un fou furieux, se fraya un chemin et nous taillâmes la route jusqu’à la plage de Kovalam. Un genre de Goa en plus organisé : avec une belle promenade et tout, des vendeurs de pacotilles qui font pas chier (à savoir qu’ils dégagent quand on dit non), de la bonne bouffe (ah le beef fry du restaurant The Beatles !), des traitements/massages ayurvéda à gogo et une belle mer !! Que demander de plus ??

La fin de notre voyage illustre mon adage : « Le problème en Inde c’est que tu peux te trouver un paradis et t’y détendre, le retour pour rentrer chez toi te flinguera toute ta quiétude. » Et ben PAN !! 1h10 pour faire les 12 kilomètres qui nous séparaient de l’aéroport le lendemain. Nous arrivâmes littéralement 3 minutes avant que le guichet du dernier vol pour Mumbai ne ferme ; et j’avais littéralement les nerfs en vrac !!

Paye ton week-end !! 24 heures de transport en 48 heures, 1 bus, 2 trains, 2 rickshaws, 2 avions. Mais je suis rentrée chez moi plutôt fraîche (et plutôt très rouge) et ravie !!

Allepey, Kumarakom, Kovalam, Kanyakumari - Feb 2014

lundi, 24 février 2014

Les chiottes indiennes pour les imbéciles !

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Bien intéressant ce poster dans les toilettes de la German Bakery à Kovalam (Kerala), j’ai même appris des trucs ! Ptêt qu’un jour j’arriverais à comprendre comment éviter de m’arroser les pieds… Et puis on s'ennuie pas dans les chiottes indiennes, on cogite pendant qu'on pisse... On se demande pourquoi y a pas de poignées un peu partout pour se soutenir (parce que quand tes cuisses sont sur le point de te lâcher alors que tu es en plein effort intestinal et que tu es obligée de t'accrocher au mur, c'est pas facile de garder la pose !) ? Ou comment les gens constiper font pour rester à croupeton pendant plus de 3 minutes ? Ou comment font les vieilles et les femmes enceintes ? Et les vieilles arthritiques constipées ?? Ben, apparemment c'est tout une question d'habitude...

Malgré tout, depuis quelques temps je me suis mise à préférer les chiottes indiennes aux sièges européens : c’est juste plus propre (en général). L'inconvénient majeur c'est que (en général) j'oublie d'emmener du papier et se rhabiller avec le cul humide (je me lave avec de l'eau, à l'indienne!) c'est pas ce qu'il y a de plus agréable - surtout à la fin de la journée quand tout a bien mariné !!

Et puis surtout quand mon Blackberry a fait un plongeon dans les chiottes à la turque de l’aéroport de Madurai, j’ai pu le récupérer (enfin c’est le gars du nettoyage qui est allé mettre son bras dedans, j’aurais jamais pensé que ça débouchait sur un bac et pas sur un tuyau !). Et pas une goutte d’eau dans le téléphone grâce à sa pochette. Y en a qui ont le cul bordé de nouilles hein ?? ;)

Plus sur les histoires de chiotte en Inde ici : http://www.indiansamourai.com/apps/search?s=chiottes

vendredi, 24 janvier 2014

Faire la queue? Mais quelle queue??

Tout a commencé par une question innocemment posée au petit-déjeuner par mon nouvel Indien préféré : « Dis, tous les Français sont aussi proches de leur famille que toi ? Non, je me demandais, parce qu’on dit que les Occidentaux sont individualistes, tu sais, alors là ça colle pas trop… » 

Et paf prends ça dans la tronche ! Il m’a fallu beaucoup de sang froid pour ne pas monter sur mes grands chevaux et patiemment écouter ses explications du concept indien de la famille qui prime sur l’individu.  

 

En revanche je l’ai pas loupé quelques semaines plus tard, avec un smash du tonnerre : « La prochaine fois que tu me sors que les Occidentaux sont individualistes (par opposition aux Indiens), je t’envoie faire la queue pour le screening des bagages avec les gonzesses, non mais oh ! »  

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On a tous vécu ça en Inde, et des paquets de fois, et à divers niveaux… Tu fais la queue pour poser ton sac sur le tapis et une Indienne, puis une autre Indienne, sans se concerter, te passent devant… L’air de rien…  

Oui ça, c’est du quotidien. Sauf que cette fois-ci, pour aider les autres qui se faisaient griller en sourcillant mais sans oser rien dire, j’ai utilisé mon corps pour barrer l’accès au tapis et là paf ! une Indienne qui balance son sac par-dessus mon épaule !! Le militaire de la sécurité a eu la bonté de faire la police avant que ça dégénère en coups de sacs à main dans la queue…  

 

Donc là tu t’interroges quand même. Des connards qui voient une file d’attente et la grillent y en a partout – les Français ont même une sacrée réputation d’experts en fraude de queue ! Mais là ?? C’est pas le comportement du connard-grilleur-de-queue mais alors quoi ? 

Une explication plausible à ce comportement fréquent en Inde serait l’effet de la demande qui est supérieure à l’offre pour quasiment tout en Inde, notamment à cause de la surpopulation urbaine : il faut se battre un peu pour tout. Par exemple, pas question de faire la queue pour entrer dans un train local à Mumbai, sinon tu peux y passer la nuit. Il est davantage recommandé d’écraser ses voisins. M’enfin bon à l’aéroport ça ne tient pas trop… 

Je me demandais avec beaucoup de curiosité ce qui se passe dans la tête de ces bonnes femmes qui VOIENT des gens attendre en ligne et l’ignorent tout bonnement. Et voilà que mon Indien préféré m’explique que c’est tout con :  

-       Elles doivent avoir des choses à faire à destination et sont pressées d’y arriver. 

-       Mais moi aussi j’ai des choses à faire, elles y pensent pas à ça ? 

-       Et bien elles doivent présupposer que ce qu’elles ont à faire, et donc leur vol, est plus important que le tien.  

 

Et booooom ! C’est qui les individualistes hein mon chéri ??? Voilà, c'est chacun pour sa peau, et un peu partout dans le monde pareil... 

 

Nous avons finalement creusé le sujet plus avant. Il en ressort que Indiens et Français ont probablement le même attachement à leur famille.  

En France, nous sommes « individualistes » dans le sens où nous sommes en quête de notre bonheur personnel – notre personne vient avant la société ; mais n’est-ce pas une condition nécessaire pour pouvoir rendre nos proches heureux ? Et Dieu sait si cette quête individuelle du bonheur n’est pas aisée… C’est ainsi qu’à dix-huit ans nous quittons le domicile familial pour aller creuser notre sillon et construire notre propre nid. Ce n’est pas une fuite des responsabilités (comme c’est perçu ici), bien au contraire. 

 

En Inde, c'est plus une question d'ordre (religieux, social, familial) – le respect de cet ordre semble être ce qui les rend heureux (ou en tout cas pas coupable de faire un choix qui peut render les autres (la famille) malheureux ! C’est ainsi qu’ils vivent toute leur vie avec leurs parents et que passé l’âge d’or de l’enfance, ils doivent travailler à repayer leurs parents pour tout ce qu’ils ont fait pour eux. Mais ça ne leur coûte pas parce que leurs enfants feront pareil ! Et c'est ainsi que les Indiens savent à l'avance ce qu'ils vont étudier, à quel age ils vont commencer à travailler, à quel age ils vont se marier etc. Même si tous ne suivent pas ce système évidemment...

 

L’argument « massue » (qu’ils croient) des Indiens pour défendre leur système c’est les taux de divorces et l’abandon des vieux dans les maisons de retraite en Occident. Signes, pour eux, que la famille ne signifie rien pour nous… 

 

Prenons les statistiques en France. Si la moitié des mariages finissent en divorce, c’est majoritairement à la demande de la femme, et surtout de la femme active (1). Un signe que les femmes en gagnant en indépendance accepteraient moins de conneries ? Loin de moi l’idée de faire l’apologie du divorce qui, à mon avis, reste une expérience traumatisante, même si de plus en plus banalisée. Mais si c’est un mal pour un bien, et que les femmes sont plus heureuses alors… Et puis de toute façon c’est comme ça ! En conclusion, c’est pas tant que la famille ne compte pas pour nous, c’est surtout que le concept de la cellule familiale évolue… Pour nous, un couple qui vit sans être mariés c’est une famille. En Inde c’est un crime (enfin ca l'était jusqu’en 2010 (2)). Mais ça change, tout doucement, à l’allure de « l’éléphant indien » (dont l’économie se développe lentement mais sûrement, entraînant ses changements sociétaux…) (3). 

 

Et en ce qui concerne les vieux, si s’en débarrasser en les envoyant dans des mouroirs n’a rien de glorieux, toutes les maisons de retraite ne sont pas les mêmes et finalement peu de retraités vivent dans un tel établissement – parmi les 75-79 ans, seulement 3 % vivent dans un établissement pour personnes âgées en France (4). Et de fait, le nombre d’établissements où les vieux se retrouvent dans un endroit adapté à leurs mouvements, avec une assistance médicale, des activités et des copains explose en Inde (5). Je suis toujours sidérée quand mes amis indiens me content qui vit dans leur foyer et mentionne un grand-père quasiment invalide qui reste parqué dans sa chambre toute la journée et dont la charge incombe à un membre de la famille (sans qualification médicale).  

 

 

(1) En France, en 2011, 44,7% des mariages finissent en divorce. Dans 3 cas sur 4, le demandeur du divorce est la femme et 68% des femmes qui divorcent ont une activité professionnelle. Le type de divorce en France a été également fortement modifié : les divorces par consentement mutuel ont atteint 54% en 2010. Source : http://www.planetoscope.com/lamour/1062-nombre-de-nouveaux-divorces-en-france.html; statistiques mondiales et fun facts : http://www.huffingtonpost.com/2012/06/01/divorce-rate-how-well-do-_n_1562900.html 

(2) http://www.liveintogether.com/live-in-laws-India.asp  

(3) http://www.huffingtonpost.com/2011/04/12/india-divorce-rate-rise_n_848201.html  

(4) Parmi les 90- 99 ans, 22% des hommes et 37% des femmes vivent dans un établissement pour personnes âgées. Source : http://www.lesmaisonsderetraite.fr/maisons-de-retraite/chiffres-statistiques.htm 

(5) http://www.bbc.co.uk/news/world-asia-india-23176206