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lundi, 23 septembre 2019

Maid-in-India: un mal nécessaire

Récemment, j’ai, par inadvertance, entendu la conversation de deux Indiennes d’un certain âge. La première rentrait tout juste de quarante ans aux États-Unis et la deuxième avait un fils qui y vivait et qui lui demandait instamment de le rejoindre.

  • La première : Comme je suis contente d’être rentrée ! D’ailleurs, vous savez ce qui m’a le plus manqué là-bas ?
  • La première (sans laisser à l’autre le temps de répondre) : Les domestiques !!
  • La deuxième : Ah ben je veux bien vous croire ! D’ailleurs c’est surtout pour ça que je ne veux pas y aller. Ici j’ai deux personnes à temps plein chez moi, je ferais comment moi là-bas ?

Un peu estomaquée je fus. Que leur cercle social, leur famille leur manque, okay. Mais leurs femmes de ménages ? C’est Inde,india,maids,domestiques,employés de maison,chauffeur,femme de ménage,cuisinièred’ailleurs la raison pour laquelle ma voisine dont le mari a été muté à San Francisco refuse de le rejoindre. Elle est avocate et l’idée de devoir faire le ménage, la cuisine et conduire sa fille à l’école, non merci !

Le plus paradoxal dans cette histoire, c’est le comportement de ces maîtresses de maison avec celles dont elles ne peuvent apparemment pas se passer. Elles les payent le minimum (entre 100 et 300€) quitte à parfois aller les chercher mal dégrossies (texto) dans des villages, leur donnent 2 jours de congé par mois, et les traitent comme si elles étaient invisibles (au mieux) ou des esclaves (au pire). Elles s’étonnent ensuite de la rotation du personnel qui ne reste guère chez elles. C’est peut-être moins vrai à la campagne, ou dans la classe moyenne, mais c’est assez flagrant dans la société aisée urbaine, qui ne sait plus à quel saint se vouer pour se faire apporter son verre d’eau en paix.

Quant aux employeuses, elles ont leur conscience tranquille : elles créent de l'emploi, offrent des opportunités, et n'ont souvent pas grand-chose en retour : les femmes de ménage mettent rarement du coeur à l'ouvrage, parfois volent et rentrent à leur village (où vit leur famille) à la moindre occasion, les laissant dans la panade pile quand elles ont besoin d'elles pour préparer le thé aux invités.

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Il y a d’ailleurs des petits malins qui ont pensé à monter des agences de maids. Et la plupart sont de vrais filous. Les employées travaillent correctement un mois, le temps que l’agence touche sa com, et puis ça devient n’importe quoi. Une tâche non aisée donc, de gérer du personnel de maison en Inde. D’autant que faire la poussière quotidiennement est nécessaire, que la cuisine (indienne) prend un temps non négligeable, et qu’on préfère envoyer le chauffeur chercher les enfants à l’école plutôt que de passer soi-même deux heures dans les bouchons.

Les besoins en aide sont donc certainement plus élevés en Inde qu’en Europe ou aux États-Unis, et couplés, bien heureusement, avec une main d’œuvre encore bon marché. Mais si devoir faire son lit le matin est le prix à payer pour respirer un air qui n’a pas 286 μg/m3 de PM10 (contre une moyenne mondiale de 71, et ça c'était en 2010), ça vaut quand même le coup d’y réfléchir !

Un livre sur le sujet : Maid in India

lundi, 16 septembre 2019

Goa pendant la mousson

Peut-être faut-il vivre en pays tropical pour apprécier la pluie. Une pluie tiède qui vient délivrer d’une chaleur parfois torride parfois oppressante. Et qui, à chaque fois qu’elle tombe, rappelle combien il a fait chaud entre avril et juin. Certes, les « bonnes » années, la mousson s’accompagne de catastrophes naturelles (inondations, glissements de terrain, etc.) et d’un peu de blues – sans doute à cause d’un manque de vitamine D provoqué par la furtivité du soleil, celui-là même dont on se cachait quelques semaines plus tôt.

La mousson ne frappe pas partout avec la même intensité, et varie toujours d’une année sur l’autre, pur caprice de la nature, salvatrice et destructrice à la fois. À Gurgaon, elle s’est faite rare cette année, alors je ne fantasmai sur rien de plus que d’échapper à l’infernale chaleur d’avant l’orage qui ne venait jamais. Rien de tel qu’un voyage à Goa pour ça. Les éléments liquides qui se déchaînent, la pluie dans les vagues, accompagnés du vent qui souffle dans les cocotiers, voilà qui me faisait rêver. D’ailleurs, cet État balnéaire, bondé de touristes de novembre à février, se renouvelle et s’efforce désormais d’attirer les touristes pendant la mousson, quand la plupart des paysages deviennent vert fluo.

Il en faudra sans doute un peu plus pour convaincre les étrangers pour qui de la pluie en juillet-août est synonyme de vacances gâchées. Surtout si personne n’est là pour leur faire un chai bien chaud pendant qu’ils regardent les gouttes tomber et la vie se renouveler. À leur décharge, il me faut bien avouer qu’il n’y a pas que moi et les plantes qui revivent lorsque la pluie arrive. Il y a aussi la moisissure. Et il faut du temps pour s’habituer à l’humidité, la moiteur qui s’invite partout, sur la peau, dans les vêtements, dans les valises. Le resort Swapnagandha, à la frontière du Maharashtra, de Goa et du Karnataka, dans les ghats (à quelque 600 mètres d’altitude), prévient d’ailleurs clairement ses hôtes : si la moisissure des draps et des rideaux vous rebute, vous n’avez qu’à partir, ici on vit en harmonie avec la nature (de toute façon il n’y a rien à faire). Nous y avons mis tout le bon cœur que nous avions, mais il faut bien avouer que le soulagement fut grand de retourner dans les plaines un peu plus ensoleillées, voire même dans mon Gurgaon désertique !

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Louer une maison de type portugaise, la nouvelle mode, et ô combien plus sympathique qu'un hôtel.

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Le vent, les palmiers et les vagues d'une mer marronasse où on se baigne pas en cette saison.

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Regarder la pluie tomber en sirotant un chai.

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La luxuriance végétale de cette époque de l'année.

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Les rizières de Goa.

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Swapnagandha, 99,5% d'humidité, une vue incroyable sur des chutes d'eau que les nuages viennent cacher régulièrement.

lundi, 09 septembre 2019

Consultation médicale en Inde: des surprises sans cesse renouvelées

Quatre longs mois d’absence de la blogosphère, un record ces treize dernières années ! Mais rien de grave, juste un petit syndrome du post blanc.

Et puis le temps de prendre mes marques dans mon nouveau job et le pli de bosser de la maison, et les déplacements ont commencé, personnels et professionnels. C’est bien simple, entre le 19 mai et le 19 août j’ai à peine touché terre, et pas passé plus de sept jours consécutifs à la maison – Gurgaon en est même venu à me manquer, c’est dire !

Maintenant que les choses rentrent dans l’ordre, j’ai le clavier que me titille et quelques histoires dignes d’être racontées. Ou pas.

Voilà une situation qui m’a fait rire :

Début août, j’avais dû trop tirer sur la corde et me trouvais à faire des vertiges tout à fait flippants. À tel point que je me rendis chez le docteur, ce qui n’est qu’un dernier recours pour moi. Après avoir expliqué mes symptômes, le brave docteur, que j’avais pris le temps de choisir sur internet et qui consultait dans un hôpital cinq étoiles, délivra son diagnostic sans appel :

« C’est le changement de temps. »

Le changement de temps ?? Dix ans d’études pour me pondre un truc pareil ?

Le changement de quel temps d’abord ? Celui d’Inde ou des autres pays où je viens de vadrouiller ? Et puis pourquoi le changement de temps me donne-t-il l’impression que mon cerveau cesse de fonctionner ?

J’osais quand même plaider un éventuel anévrysme. Ça ne venait pas de docteur google mais plutôt d’un petit traumatisme personnel qui me fait guetter une couille au cerveau dès que ce dernier à un pète de travers. Le docteur voulut m’expliquer la violence d’une rupture d’anévrysme, mais je pensais plutôt à un petit saignement plus pernicieux. Niet. « Changement de temps »

Remède ? Boire beaucoup d’eau et se reposer. Je levai alors (un peu) le pied et tout est rentré dans l’ordre.

Inde,docteur,médicine,ayurvedaLes médecins indiens ont beau être des scientifiques, ils ont aussi une culture proche de la nature. L’ayurveda par exemple, une médecine traditionnelle indienne, prend en compte les éléments comme l’air, l’eau etc. et si ces éléments sont perturbés (à l’intérieur du corps ou à cause d’une interaction avec ces mêmes éléments dans l’air ambiant), et ben pan, le corps réagit. Donc pas d’antibiotiques !