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lundi, 01 mai 2017

Suite à l'article sur l'Education

Et voilà mon article sur le site de mon 'commanditaire'!

Au passage, à tous les expatriés, n'hésitez pas à acheter son livre pour enfant pour expliquer l'expatration aux petits expats: http://heureuxcommeulysse.com/

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lundi, 17 avril 2017

La tête dans les étoiles (ou pas)

Histoire de faire rêver un peu mon Indien préféré, je décidai de lui faire la surprise de fêter son anniversaire sous un ciel étoilé – c’est un peu son truc les étoiles depuis qu’on a regardé Cosmos sur Netflix !

Pour commencer par le commencement, je googlai « meilleur endroit en Inde pour regarder les étoiles » et tombais là-dessus :

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Super excitée (surtout parce que cet endroit était à peu près accessible), je me renseignais sur comment visiter ce truc-là, de nuit. Alors de nuit, ils font plus mais de jour oui. Ça me paraissait bien un peu bizarre d’aller voir les étoiles en pleine journée mais en Inde tout étant possible (et puis pourquoi ils feraient des visites de jour ?), mon cerveau ne s’est pas penché trop longtemps sur la question. D'autant que mon collègue m’a confirmée que mon idée tenait du génie, que c’était un endroit génial et qu’on pouvait y voir les étoiles !

Il me fallut remplir un formulaire en ligne, et attention, il faut le faire au moins 30 jours à l’avance. Tout pile un mois avant le jour J, entre deux visites terrain, je m’y collais et bien m’en pris car le site s’est arrêté de fonctionner pendant les deux semaines suivantes ! (J’y allais souvent pour voir si ma demande avait été acceptée.)

L’étape suivante fut de réserver une chambre pas trop loin de Nainital. Surtout pas à Nainital, une petite ville super bondée qui n’a rien de trop charmant à mon goût. Heureusement il y a pas mal de ‘boutiques hôtels’ dans les environs. Soulitude sut me séduire, de par son nom, sa page web qui mentionne ‘star gazing’ comme une activité et la chambre qui a des plafonds vitrés pour voir les étoiles. Et il ne restait plus qu’une chambre quand je réservai trois semaines à l’avance, j’y vis un signe du destin !

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Et ainsi nous nous en fûmes nous faire les 9 heures de voiture qui séparent Gurgaon des montagnes de l’Uttarakhand. Un voyage sans heurt, avec un Bébé Samourai tout à fait à peu près calme. Nous nous dégourdîmes les jambes dès notre arrivée ; et j’étais un peu inquiète parce que le ciel était couvert. Ils sont fortiches les Indiens mais quand même, même si ils arrivent à voir les étoiles avec le soleil, certainement que des nuages seraient un obstacle !

Le lendemain, le ciel est un peu dégagé et nous roulons les deux heures pour aller à l’observatoire. A l’heure du rendez-vous, pas âme qui vive. Ah si tiens un gardien. Qui, même si il n’a pas l’air de trop comprendre ce que nous fabriquons là, nous indique que l’équipe déjeune et que ça risque de prendre un moment parce qu’ils n’ont pas de voiture et que le réfectoire est à pétaouchnok. Du coup nous offrons de faire le taxi.

Le scientifique en chef qui nous avait été attribué n’est pas là. A la place nous avons un ingénieur assistant. Qui nous montre une petite vidéo sur l’histoire de l’observatoire. Puis nous emmène voir la bête. Et… voilà ! En fait d’étoiles nous avons vu un téléscope. Sans commentaire.

L’hôtel n’avait pas de téléscope à taille humaine, ils avaient juste un client récurrent qui venait prendre des photos. Mais le ciel était beau quand même, plus qu’à Gurgaon. Même si en fait la fin de l’hiver (mi-février) n’est pas trop la saison pour mater les étoiles, avec les nuages qui se créent dû au réchauffement. Et puis aussi il n’avait de Soulitude que de nom : il est presque encastré entre deux autres maisons et des travaux sont en cours. Malgré tout l’hôtel est très agréable (surtout notre chambre un peu à l’écart), le staff très aidant et la bouffe très bonne.

Et puis tous les deux nous adorons les montagnes de ce coin de l’Inde, alors pas de regrets, c’était un chouette week-end, un de ceux qui se mérite (avec 2 jours de voiture sur les routes indiennes) !

PS : Réflexion faite j’ai dû confondre observatoire et planétarium ?

Kumaon Hills

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lundi, 03 avril 2017

25 millions de super-mères accouchent chaque année en Inde

inde,naissance,accouchement,hopital,mortalité infantile,césariennes,sage-femmes,docteurs,infirmièresEn 2000, le Gouvernement indien a ratifié les Objectifs du Millénaire pour le Développement des Nations Unies s’engageant ainsi à réduire la mortalité infantile et améliorer la santé maternelle d’ici à 2015.

Solution proposée pour l’Inde par les Indiens: faire en sorte que toutes les femmes accouchent à l’hôpital.

Méthode proposée : gratuité des soins à l’hôpital public et remboursement des frais de transport. Et au passage discréditation des dais (les sages-femmes indiennes au savoir oral et pratique mais non diplômées) ainsi que des sages-femmes au sens plus occidental du terme dont la profession a été supprimée – dans les années 60, l’Inde a ‘créé’ la profession de ‘Auxiliary Nurse Midwives’ pour plus tard les remplacer par ‘General Nurse Midwives’ (source). Le tout histoire d’encourager les femmes à s’éloigner du système traditionnel d’accouchement à la maison pour aller voir les ‘pros’ à l’hosto où les soins appropriés pourraient être dispensés. En soi l’idée est pertinente. Oui sauf que (c’est chiant, pour toutes les mesures que les autorités indiennes prennent il y a un ‘sauf que’)…

L’objectif n’a pas été atteint malgré une énorme baisse de la mortalité infantile (de 374 pour 100 000 naissances en 2000, les chiffres sont passés à 174 en 2015 contre un objectif de 139). Parallèlement le nombre d’accouchements à l’hôpital serait passé de 25 à 79% selon l’Unicef (source). Sauf qu’il semblerait que ces deux tendances ne soient en fait pas liées! Mais évidemment le Gouvernement a été tenté par le raccourci – qui ne l’aurait pas été ? Non, d’après Jishnu Das, économiste à la Banque Mondiale, si la mortalité maternelle a diminué, c’est ‘simplement’ dû au fait que les femmes font moins d’enfants : de 3.3 enfants par femme en 2000 (5.9 en 1960 !) à 2.4 en 2014 selon la Banque Mondiale. Je vois pas complètement le lien de cause à effet, mais il avait l’air sûr de lui.

En revanche c’est devenu la fête du slip à l’hôpital. Et là je peux témoigner, étant donné que je visite des hôpitaux (publics et privés) pour le boulot.

Dans les villes (surpeuplées), les hôpitaux publics (qui n’ont pas le droit de refuser de patients) sont en surchauffe, avec desinde,naissance,accouchement,hopital,mortalité infantile,césariennes,sage-femmes,docteurs,infirmières femmes qui partagent un lit à trois quand elles ont la chance d’en trouver un. Avec des femmes souvent traitées comme des merdes (parce qu’elles sont pauvres et illettrées et qu’un docteur c’est quand même un peu un dieu puisqu’il sauve des vies). Voire qui se prennent des baffes par le corps médical quand elles crient trop fort de douleur (source). Et des femmes qui doivent accoucher seules, vu que les proches (même la mère ou le mari) sont interdits de salle de travail.

Et d’un autre côté t’as les médecins et les infirmières sous-staffés qui font des heures pas possibles, accouchent des dizaines de bébés en même temps (difficile de garder son humanité et empathie quand tu travailles à la chaîne j’imagine – en tout cas c’est ce que pense la présidente de l’association des gynécologues indiens: « On va d’abord s’assurer du soin pour toutes avant de parler de respect »). Et se font parfois lynchés par les villageois si tout ne se passe pas bien comme prévu. Littéralement. Ils se prennent des pierres.

Dans les villes et les hôpitaux privés pour les plus riches, les abus sont d’un autre ordre, vu que c’est difficile d’insulter celui qui signe un (gros) chèque. Là encore je peux témoigner, avec mon accouchement et la plupart de ceux de mon entourage. Il s’agit donc plutôt de césarienne « forcée », de déclenchement non nécessaire, d’ouverture du cervix à la mano. Ce qui n’est d’ailleurs pas l’apanage de l’Inde apparemment. Et puis pas plus tôt le bébé est-il né qu’on le gave de lait en poudre (le mot n’est pas faible, on donne souvent une dose qui fait trois fois la taille de l’estomac comme ça le nouveau-né dort et laisse la mère se reposer). Or empêcher le bébé de téter dans la première heure peut avoir des conséquences durables et néfastes pour la suite de l’allaitement.

inde,naissance,accouchement,hopital,mortalité infantile,césariennes,sage-femmes,docteurs,infirmièresÉvidemment il y a également les ‘bons’ docteurs. Hormis le fait qu’ils ne soient pas faciles à trouver, ils subissent aussi la pression de l’hôpital pour qui la rotation des patients est un Indicateur Clé de Performance. Il y a aussi quelques maisons de naissance dans le pays (une à Hyderabad et une à Cochin).

D’où un micro-mouvement de femmes aisées qui décident d'accoucher chez elles accompagnées d’une sage-femme qualifiée (i.e. capable de reconnaître quand il y a une urgence qui requiert une intervention hopsitalière) (source).

Enfin, dans les campagnes (pas surpeuplées), il manque de matériel, de sang, de docteurs qualifiés, du coup césariennes nécessaires et autres procédures salutaires ne peuvent être menées à bien.

Bref pas simple n’est-ce pas ? Pas simple et pas glorieux.

Pour que la situation s’améliore il faut dire aux femmes (toutes les femmes parce que même les éduquées et privilégiées comme moi ne sont pas au courant) qu’un accouchement prend du temps et que c’est okay de ne pas précipiter les choses. Qu’un accouchement ça fait foutrement mal mais que c’est pas ça qui compte, parce que c’est tellement plus que la douleur (sans faire dans le sentimentalisme bisounours), après tout « on est là pour en chier » témoigne mon père dès qu’on part faire une randonnée. Qu’un accouchement est un processus naturel et que sauf complications la mère peut faire tout toute seule; elle est plus forte qu’elle ne croit, elle doit se faire confiance, faire confiance à son corps. Que l’épisiotomie n’a pas besoin d’être systématique. Et que quel que soit le type d’accouchement, le bébé doit être posé sur la poitrine de la mère immédiatement.

Il faut aussi faire un effort pour bien choisir son médecin. Le système de ‘notation’ aide certainement : il existe des sites où les clients notent les docteurs et commentent sur la qualité des soins reçus. Ce qui aide à faire un choix plus éclairé même si en général les commentaires donnent à boire et à manger. Et quand tu penses que près de 60% des médecins allopathiques en Inde n’auraient en fait pas de diplôme (voire en général pas du tout d’études de médecine), tu flippes.

Il faudrait que les médecins acceptent de descendre de leur piédestal. Qu’ils soient plus aidés en termes d’effectifs (et de psychologie du patient, mais ça c’est mon opinion personnelle). D’où l'idée que des sages-femmes formées avec un curriculum officiel et de réelles responsabilités pour les accouchements pas à risque (une bagatelle de 80% des cas) puissent délester les gynécos et leur permettre de se concentrer sur les accouchements problématiques. C’est apparemment ce qu’a fait le Sri Lanka avec succès en dépensant moins d’argent ! (source) mais que se refuse à admettre l’Inde. Or, comme je l’ai entendu dire : « Si le Sri Lanka l’a fait, on doit bien pouvoir y arriver. »