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samedi, 28 février 2015

Bébé Samouraï made-in-India – 6. Dans la piscine

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A 6h nous nous mîmes en branle pour la salle d’accouchement pour assister au remplissage – il paraît que le bruit qui coule a lui-même un effet apaisant pour le corps et dilatant pour le col de l’utérus. Et tout d’un coup j’étais très loin de l’idée que je me faisais de la naissance dans l’eau. Oui, curieusement, malgré cette vidéo affreuse, j’avais encore des images romanesques de la chose.

D’abord celle de la naïade qui s’ébat dans sa source d’eau chaude, ses longs cheveux couvrant sa poitrine dénudée (pudique, la naïade), les oiseaux pépiant joyeusement dans les arbres alentour. Et plouf, un petit cri, et son bébé nageur est là, faisant des clapotis à ses côtés. Un accouchement naturel que je me disais, retour aux sources (d’eau chaude). Quand j’y repense, j’avais occulté que la plupart des accouchements se passent la nuit – tout de suite moins romantique la sortie dans la jungle en pleine nuit – et que je devrais sans doute remonter à la préhistoire (et encore) pour me trouver une ancêtre qui ait tenté l’expérience, donc pas si « nature » comme accouchement.

Autre image que j’avais, plus ‘moderne’ celle-là, était celle d’une baignoire de grand hôtel, version jacuzzi, avec sels de bain, bougies parfumées, musique d’ambiance et verre de vin blanc. Limite j’avais hâte d’aller accoucher !!

 

Mais là, tandis que tout le monde s’affairait et que l’horreur de la situation me frappait en pleine face – j’allais devoir entrer dans cette piscine et souffrir – je n’osai pas crier au malentendu (« STOOOOP !! Arrêtez tout !! J’avais pas tout compris !! Je vais sur la table, je veux la péridurale ! »). Non, au lieu de ça, j’ôtai l’horrible robe de chambre de l’hôpital et m’apprêtai à entrer dans la piscine gonflable. A ce moment-là, la sage-femme proposa d’aller chercher mon tee-shirt. J’avais déjà tellement mal que je m’en foutais d’accoucher en soutif, tant pis, c’était trop d’effort de me changer. Elle offrit également de brancher mon MP3 mais soudain j’étais incapable d’entendre le moindre son (c’était bien la peine d’avoir téléchargé des musiques de relaxation exprès !).

 

Une fois dans l’eau, la gynéco me demanda si j’avais moins mal. Visiblement elle attendait une réponse positive et ne voulant pas la décevoir, j’acquiesçai. « Et oui c’est toujours comme ça ! », elle était contente. En fait j’étais tellement pétrie de douleur que je ne pus que me ratatiner, assise dans un coin, espérant que ça passerait si je ne bougeais pas un muscle. Au bout d’une heure, pour faire plaisir à la sage-femme, je changeais de position. Et passais l’heure suivante ratatinée dans un autre coin, mais accroupie.

 

Je restais ainsi 3 heures dans la flotte. Petites parenthèses quand on me sortait de l’eau pour me faire pisser dans des toilettes portables (malgré les encouragements de l’équipe médicale, je ne pus me résoudre à pisser dans la piscine), et autres joyeuseries. Finalement ma gynéco capitula : il n’y avait rien à faire, mon utérus refusait d’aller plus vite que la musique et l’eau chaude n’accélérait en rien sa dilatation.

 

(A suivre…)

jeudi, 26 février 2015

Bébé Samouraï made-in-India – 5. Le débarquement à l’hôpital

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A 2h45, au son d’une fanfare disco dans la rue (on cherchera pas à comprendre, c’est Mumbai), nous partîmes enfin pour l’hôpital où nous fûmes reçus par une infirmière perspicace « vous êtes enceinte ? Et vous venez pour quoi ?? ».

 

A 3h00, une employée de l’hôpital m’enchaînait à une chaise roulante – je pensai bien protester, pour la forme, et pour l’absurdité de la chose, et parce que j’en avais le droit (après tout j’étais enceinte et sur le point d’accoucher, on m’aurait bien passé un petit caprice), et y aller à pied, ou en tout cas pas sanglée. L’Inde, terre de contrastes et contradictions, est un pays où tout se vérifie, et son contraire aussi… Ainsi, si la plupart des Indiens vivent dans le plus grand mépris des règles (de conduite, de file d’attente etc.), certains dont la profession se résume à quelques tâches simples et répétitives préfèreraient se faire couper un bras que de déroger à leurs instructions. Je renonçai donc à discuter et partie dans les étages dûment harnachée sur ma chaise.

 

A 3h05, nous étions dans la chambre.

A 3h07, j’avais enlevé la pile de l’horloge dont le tic-tac m’irritait.

A 3h10, j’observais, médusée, l’interne de service mesurer la durée de mes contractions les yeux rivés à l’horloge. Il lui fallut bien une minute pour réaliser que l’aiguille ne bougeait pas ! On lui donnera l’excuse de l’heure indue…

 

A 3h18, ma copine de la chaise roulante m’enlevait mon beau vernis rose-orangé. C’était bien la peine de se faire belle ! Là encore j’envisageai de protester. Mais je me rappelai le commentaire tout récent de ma mère à propos de sa propre opération : vernis interdit car le personnel médical peut ‘voir’ la pression sanguine à la couleur des ongles.

 

Je passais les deux heures suivantes sur la balle d’exercice que ma sage-femme avait réussi à faire passer en douce, à me tordre de douleur au gré des contractions. Je gérais à peu près jusqu’à l’arrivée de la gynéco. D’humeur quand même joyeuse, je voulus lui raconter la blague que le radiologue m’avait sortie le matin même : « si vous arrivez à accoucher naturellement de ce gros bébé (1) je viendrai vous serrer la main à l’hôpital ». Sauf que je ratai complètement mon effet : une contraction me secoua violemment en plein milieu de ma phrase et je dus la finir dans les larmes. Je compris que la gynéco crut que j’avais pris le radiologue au sérieux quand elle me lança en partant « allez, on va montrer à ce type comme il se trompe ! ». D’ailleurs j’appris plus tard que ce petit plaisantin de radiologue était un récidiviste : il avait choqué ma copine avec cette même vanne et, avec son sens de l’humour yougoslave, elle n’avait plus remis les pieds au laboratoire !

 

(1) Estimé à 3,6 kilos le bébé était dans la moyenne française – ce que j’ignorais – mais 900 grammes au-dessus de la moyenne indienne (3,5 vs 2,7 kgs, source : http://www.doctissimo.fr/html/sante/bebe/sa_308_normal.htm; http://www.babycenter.in/a1015212/your-low-birth-weight-baby#ixzz3PZguMc2A)

 

(A suivre…)

mardi, 24 février 2015

Bébé Samouraï made-in-India – 4. Les derniers préparatifs

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Vint ensuite le temps du congé maternité que je commençais une quinzaine de jours avant la date prévue de livraison* (* en anglais delivery désigne la naissance et la livraison et la fatigue aidant je fis une fois ou deux l’amalgame en français). Je m’étais fixée une to-do liste exhaustive avant de devenir mère : acheter un frigo et une machine à laver qui ressemblent à quelque chose (on avait déjà le berceau !), faire du beurre de cacahuètes, finir la série Orange Is the New Black et m’offrir une coupe de cheveux / manicure-pédicure. D’une part parce que je pensais que je n’aurais pas trop le temps avec le nouveau-né et (c’est très frivole et ça ne me ressemble pas (ça doit être les hormones) mais) je voulais avoir une tête décente sur la photo où on te colle le nourrisson dans les bras. Avec l’arrivée de mes parents et de ma belle-mère, il me fallut bien une semaine pour mener à bien ces  opérations…

 

J’ai fait halluciner pas mal d’Indiens autour de moi en allant vagabonder seule (c’est-à-dire prendre le ptit-dej avec une copine) à J+1, puis en descendant et montant les escaliers comme une maniaque à J+2. Et j’ai moi-même pas mal halluciné quand par exemple ma belle-mère me prédit la date d’accouchement indiquée par les étoiles. Ou qu’elle m’apprit qu’au Kerala, l’accouchée doit passer les dix premiers jours alitée, pour récupérer (cf la note Bébés made-in-India – 3). Résultat des courses, j’accouchai dans le plus grand chaos astral (ou en tout cas dans le plus grand mépris des prédictions astrales) et, deux jours après mon retour à la maison, j’étais perchée sur un tabouret à réorganiser les placards de la cuisine… N’y voyons là aucune provocation ;)

 

(A suivre…)